Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture: mettre fin à la faim…

(VOVWORLD) - Organisé du 17 au 20 janvier à Berlin par le ministère fédéral de l’Alimentation et de l’Agriculture allemand, le 16e Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture (GFFA) s’est fixé pour objectif de créer un système alimentaire mondial plus durable et de trouver les ressources nécessaires à l’éradication de la faim à travers le monde. «Les systèmes alimentaires du futur: agir ensemble pour un monde sans faim», tel est le thème retenu pour cette édition 2024…

Les objectifs de développement durable en ligne de mire…

Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture: mettre fin à la faim… - ảnh 1Photo d'illustration: AFP

Le monde n’a plus que sept ans pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU. Le 2e de ces objectifs, l’un des plus importants et des plus ambitieux, consiste à éradiquer la faim dans le monde d’ici à 2030… Sera-t-il atteint, cet objectif ?  Rien n’est moins sûr… 

Si l’on s’en réfère aux statistiques de l’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), une personne sur dix souffrirait de la faim et plus de deux milliards auraient des régimes alimentaires malsains… Inutile de préciser que la dégradation de la biodiversité et les épidémies ne font qu’aggraver la situation…

Reena Ghelani, la coordinatrice de l’ONU en charge de la prévention et de la réponse à la famine, note quant à elle que les conflits armés sont eux aussi susceptibles d’aggraver la situation…

«Les conflits armés détruisent les systèmes alimentaires et les moyens de subsistance. Beaucoup de personnes sont obligées de fuir leurs domiciles, au risque de se retrouver dans une situation alimentaire extrêmement précaire, voire même de mourir de faim… Il arrive même que des famines soient provoquées de manière délibérée, comme si elles faisaient partie d’une tactique de guerre», nous explique-t-elle.  

Ce problème, ce 16e Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture berlinois entend bien le prendre à bras-le-corps en rappelant l’urgence des objectifs de développement. C’est sans doute pour cette raison qu’il y est question de modes de production durable, de souveraineté alimentaire, de chaînes d’approvisionnement flexibles et durables, de lutte contre le gaspillage et de soutien aux communautés vulnérables… Environ 2.000 décideurs politiques, chercheurs, dirigeants d’entreprises et représentants d’organisations sociales civiles participent aux discussions, discussions auxquelles il faut ajouter trois dialogues de haut niveau et seize symposiums.

La grande conférence informelle des ministres de l’Agriculture, qui est prévue pour le 20 janvier, soit le dernier jour du forum, devrait en principe en être le point  d’orgue, avec, si tout va bien, la publication d’un communiqué politique commun. Les hauts représentants d’une dizaine d’organisations internationales majeures, telles que l’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) ou encore la Banque mondiale devraient également y participer.

Agriculture et changement climatique, l’équation impossible?

Pour l’Allemagne qui en est donc le pays hôte, ce Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture arrive à point nommé. Il faut dire que l’agriculture est, en ce moment même,  l’un des grands chevaux de bataille de Berlin… 

Forum mondial pour l’alimentation et l’agriculture: mettre fin à la faim… - ảnh 2Des agriculteurs conduisant des tracteurs bloquent une autoroute près de la ville de Rijssen, aux Pays-Bas, pour protester contre la politique de réduction des émissions de composés azotés. Photo: Getty

Il se trouve en effet que depuis plusieurs semaines, des dizaines de milliers d’agriculteurs allemands bloquent la circulation dans différentes villes. Si au départ, les manifestants n’exigeaient du gouvernement que des indemnités de carburant, aujourd’hui, ils expriment leur mécontentement vis-à-vis des mesures de lutte contre le changement climatique. Un mécontentement que partagent d’ailleurs nombre d’agriculteurs européens, rendus inquiets par des mesures environnementales coûteuses et nuisibles à la croissance du secteur agricole. C’est notamment le cas en Hollande, en France ou encore en Espagne où des manifestations ont également eu lieu.    

L’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture est la première à admettre qu’il est difficile de concilier développement agricole et lutte contre le changement climatique. Kaveh Zahedi, qui y est en charge de la lutte contre le changement climatique, de la protection de la biodiversité et de l’environnement, estime néanmoins qu’il est important de faire évoluer les mentalités. 

«Les fermes, qui sont aujourd’hui des lieux de production alimentaire, pourraient aussi devenir des lieux de création d’énergies renouvelables. Ces énergies peuvent servir ces fermes elles-mêmes, par exemple pour les serres, l’arrosage ou encore le réseau d’électricité. Par ailleurs, il est tout à fait possible de transformer les déchets agricoles en biocombustibles. C’est en tout cas ce que nous essayons de mettre en place dans plusieurs pays», nous dit-il. 

Les systèmes agroalimentaires représentent à eux seuls un tiers du volume de gaz à effet de serre émis chaque année. Il est donc urgent de remplacer les modes de production traditionnels par des pratiques plus vertes et plus durables. Il le faut d’autant plus et d’autant plus urgemment qu’en 2050, au moins 10% des espaces agricoles ne seront plus exploitables, eu égard au dérèglement climatique.

À l'occasion de ce forum mondial, l’Organisation de l’ONU pour l’Alimentation et l’Agriculture souhaite promouvoir un partenariat déjà établi avec le Fonds mondial pour l’environnement afin d’aider les pays en développement à créer des systèmes agroalimentaires adaptés, de façon à réduire les émissions de carbone et à mieux gérer les terres agricoles.

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