(VOVWORLD) - Le Premier ministre australien, Anthony Albanese, termine ce mardi 7 novembre une visite officielle de quatre jours en Chine. Il s'agit de la première visite d'un dirigeant australien dans le pays depuis 2016, une période marquée par des tensions croissantes entre les deux nations, notamment sur des questions commerciales, d'investissement, de sécurité et de politique. Par conséquent, Anthony Albanese a tenté de rétablir les liens entre les deux pays.
Le Premier ministre australien, Anthony Albanese (gauche) rencontre le président chinois Xi Jinping. Photo: Reuters |
Le chef du gouvernement australien est arrivé en Chine le 4 novembre pour participer à la Foire internationale de l'importation de Shanghai. Il a également pris la parole au Forum économique de Hongqiao et a tenu des réunions avec les dirigeants chinois. Sa visite devrait officiellement mettre un terme à la période de désaccords sérieux qui a marqué les trois dernières années et ouvrir la voie vers des relations bilatérales plus stables pour l'avenir.
Des tensions commerciales et politiques…
Depuis plus d'une décennie, la Chine est le principal partenaire commercial de l'Australie. Jusqu'en juin 2023, le commerce bilatéral sur une année a atteint plus de 303 milliards de dollars, ce qui équivaut à un tiers du chiffre d'affaires total du commerce australien. La Chine représente le plus grand marché d'exportation pour l'Australie, totalisant environ un tiers de la valeur totale des exportations du pays. Notamment, au cours des deux dernières décennies, les exportations australiennes vers la Chine ont connu une croissance moyenne de 17 % par an. L’Australie a toujours exporté plus qu’elle a importé. En 2021, elle a enregistré un excédent commercial record de près de 100 milliards de dollars. Pour Pékin, l'Australie était son 13e marché d'exportation en 2022 et demeure un important fournisseur de divers produits essentiels tels que le minerai de fer, le charbon et le lithium.
Cependant, les relations entre Canberra et Pékin se sont fortement tendues lorsque l'Australie a exigé une enquête internationale sur l'origine du coronavirus, initialement détecté en Chine au début de 2020. L'année suivante, l'Australie a exclu le géant chinois des télécommunications Huawei d'un appel d'offres pour la construction du réseau national 5G, et a refusé de participer à l'initiative chinoise de "la Ceinture et la Route". En réponse, la Chine a imposé des droits de douane élevés sur des exportations clés de l'Australie, telles que le charbon, l'orge, le bœuf et le vin. Pékin a également conseillé à ses citoyens d'éviter de voyager en Australie et a suspendu tous les échanges politiques bilatéraux à partir de la mi-2021.
Les tensions commerciales avec la Chine ont coûté à l'Australie environ 20 milliards de dollars par an, au cours des deux dernières années, d'après les estimations du gouvernement australien. Du côté chinois, bien qu'il n'y ait pas de statistiques spécifiques, de nombreux experts estiment que les restrictions sur l'importation de certains produits australiens ont également nui à Pékin. En effet, Canberra est un fournisseur crucial de matières premières pour l'industrie de l'acier et la production de batteries pour véhicules électriques, des secteurs qui jouent un rôle significatif dans la reprise économique de la Chine après la pandémie de Covid-19.
Anthony Albanese s'adresse à la Foire internationale d’importation de Chine, tenue le 5 novembre 2023 à Shanghai, en Chine. Photo: Jin Liwang/Xinhua/AP |
Vers un retour à des relations bilatérales stabilisées
En raison de ces considérations, les dirigeants des deux pays sont conscients de l'impératif d'améliorer rapidement leurs relations bilatérales. Depuis son accession au pouvoir en mai 2022, le Premier ministre australien, Anthony Albanese, a adopté une approche axée sur le dialogue actif avec la Chine, fondée sur des principes clés: coopérer lorsque possible, engager un dialogue constructif mais franc en cas de nécessité, et ne pas éviter les divergences. De son côté, la Chine a également repris de manière proactive les échanges avec l'Australie lors de forums multilatéraux, contribuant ainsi progressivement à réchauffer les relations bilatérales depuis fin 2022.
En début d'année, Pékin a levé des restrictions (de manière informelle) concernant certaines exportations australiennes, notamment le charbon et l'orge. Fin octobre dernier, les deux parties ont officiellement suspendu leur différend à l'Organisation mondiale du commerce portant sur les taxes imposées par la Chine, allant jusqu'à 218 %, sur la plupart des vins australiens. Plus récemment, l'Australie a décidé de ne pas résilier le bail de 99 ans du port de Darwin accordé à la société chinoise Landbridge, suite à une évaluation de la sécurité.
La visite du Premier ministre australien en Chine est considérée comme un signal de détente dans les relations entre les deux pays.
"Nous aspirons à améliorer les relations avec la Chine de manière patiente et prudente, en adoptant une approche constructive. Le moyen d'améliorer les relations avec d'autres pays réside dans des dialogues respectueux avec ces nations", a souligné Anthony Albanese.
D'après des experts chinois, l'amélioration des relations avec l'Australie est également dans l'intérêt de la Chine. Cela aiderait Pékin à réduire les tensions avec l'Occident de manière générale, tout en préservant une certaine stabilité dans la région Asie-Pacifique. Les pays de cette région sont de plus en plus préoccupés par les impacts négatifs de la compétition géopolitique entre les grandes puissances. Cette position a été clairement exprimée dans la déclaration du président chinois Xi Jinping lors de sa rencontre tenue ce mardi 7 novembre avec le Premier ministre Anthony Albanese.
"Nous sommes convenus que nos deux pays doivent interagir et communiquer de manière sérieuse et réfléchie. Des relations sino-australiennes saines et stables servent les intérêts des deux nations, répondant aux attentes des pays de la région. Par conséquent, il est essentiel de promouvoir un partenariat stratégique intégral entre les deux pays", a-t-il plaidé.
Selon les observateurs, face aux évolutions complexes et imprévisibles de la situation mondiale, stabiliser les relations bilatérales devrait être une priorité pour la Chine et l’Australie, car les deux pays poursuivent des objectifs stratégiques à long terme.