L’accord sur le nucléaire iranien sera-t-il enterré ?

(VOVWORLD) - Les États-Unis ont formellement activé, ce jeudi 20 août à l'ONU, une procédure pour réclamer le rétablissement des sanctions internationales contre l'Iran, accusé d'avoir violé l'accord de 2015 sur le nucléaire. Cette initiative de Washington, qui se heurte à l’opposition des Européens, risque de provoquer une nouvelle crise diplomatique et de mettre un terme à cet accord historique. 

L’accord sur le nucléaire iranien sera-t-il enterré ? - ảnh 1Le président américain Donald Trump (photo AP)

En déplacement à New York, au siège de l'ONU, le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a « notifié au Conseil de sécurité » un « non-respect notable par l'Iran de ses engagements » pris dans le cadre de l'accord conclu à Vienne en 2015 pour l'empêcher de se doter de l'arme nucléaire.

L’Amérique n’a jamais été aussi isolée 

Pour rappel, le Conseil de sécurité de l’ONU avait adopté en juillet 2015, après la signature de l’accord sur le nucléaire iranien dit JCPOA, une résolution prévoyant une levée partielle de l’embargo sur les ventes d’armes conventionnelles à Téhéran. Washington a présenté le 15 août dernier à l’ONU une résolution pour prolonger sine die  cet embargo, qui expire le 18 octobre prochain. Mais seule la République dominicaine a voté pour la résolution. La Russie et la Chine ont voté contre et les onze membres restants du Conseil se sont abstenus, parmi lesquels la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, alliés européens des États-Unis.

Ainsi, Washington a décidé de déclencher le mécanisme, dit « snapback », en tant que pays « participant » à l'accord de Vienne, même si le président américain Donald Trump en a retiré son pays en 2018. Théoriquement, le « snapback » devrait permettre le retour du reste des mesures punitives internationales dans 30 jours, de manière presque automatique. Parmi elles, l'embargo sur les armes et les sanctions liées à l'enrichissement d'uranium.  Cependant, le statut de « participant » à l’accord de Vienne des États-Unis est contesté sur le plan juridique par la plupart des autres pays, y compris leurs alliés européens.

« La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni notent que les États-Unis d'Amérique ont cessé d'être un participant du fait de leur retrait de l'accord le 8 mai 2018 », ont réagi les diplomaties des trois pays dans un communiqué commun, dans lequel elles soulignent vouloir toujours, « en dépit des défis majeurs engendrés par le retrait des États-Unis », « préserver » l'accord signé il y a cinq ans et présenté à l'époque comme l'unique chance d'empêcher un Iran nucléaire.

L’accord sera-t-il enterré ?

D’après certains observateurs, l’attitude des membres du Conseil de sécurité de l’ONU peut être considérée comme un échec juridique et politique pour les États-Unis, et comme une victoire politique pour l’Iran, qui a multiplié les provocations. Ce 21 août, après que les États-Unis ont annoncé vouloir activer le mécanisme « snapback », Téhéran a dévoilé deux nouveaux missiles, l'un balistique et l'autre de croisière, portant le nom de responsables militaires tués par les forces américaines. Le président iranien Hassan Rohani s’est félicité de l’augmentation de la portée de ces deux missiles, expliquant que les nouvelles armes devraient permettre à Téhéran de protéger ses alliés.

Et lorsque l’Iran parle de protéger ses alliés, les États-Unis semblent s’éloigner de plus en plus des leurs. Une éventuelle application unilatérale par Washington de sanctions à l’encontre de l’Iran risque de pousser le Conseil de sécurité dans la pire crise diplomatique jamais connue, et d’acter la mort définitive de l'accord de 2015.

Face à ces tensions, le président russe Vladimir Poutine a proposé la tenue d’un sommet virtuel sur l’Iran. Alors que l’embargo sur la vente d’armes conventionnelles à Téhéran expirera dans 2 mois, reste à voir si les efforts diplomatiques de dernière minute permettront de désamorcer la crise. 

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