L’accord UE-Ankara pourra-t-il régler la crise migratoire ?

(VOVworld) - En vertu de l’accord signé en mars entre l’Union européenne et Ankara, plus d’une centaine de migrants ont été renvoyés lundi de Grèce vers la Turquie. Ce dispositif qui vise à dissuader les migrants de traverser la mer Egée pour se rendre en Europe a en revanche fait augmenter le flux de migrants traversant la mer Méditerranée.


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L’accord signé le 18 mars 2016 entre les 28 et Ankara prévoit que toutes les personnes arrivées en Grèce à partir du 20 mars seront refoulées si elles n’ont pas demandé l’asile politique en Grèce ou si leur demande a été rejetée.

En contrepartie, pour chaque Syrien renvoyé en Turquie, l’Union européenne accepte d’en « réinstaller » un autre depuis la Turquie, dans la limite de 72.000 personnes.

Une opération bien orchestrée

Tandis que 202 migrants dont des Syriens ont effectué lundi la traversée depuis les îles grecques de Lesbos et de Chios en Turquie, 32 Syriens ont atterri à Hanovre en Allemagne, et 11 en Finlande. D’autres étaient attendus mardi aux Pays-Bas. Ces « réinstallés », surtout des familles, ont été sélectionnés par le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés en fonction de leur vulnérabilité.

Cette opération bien orchestrée respecte à la lettre la date du 4 avril avancée dès la signature de l’accord par la chancelière allemande Angela Merkel. En effet, entre lundi et mercredi, quelque 750 migrants devraient quitter l’île grecque de Lesbos vers le port turc de Dikili où les autorités turques se hâtent de préparer depuis des jours des centres d’enregistrement. Les responsables turcs insistent sur le fait que ces centres ne sont pas voués à rester dans la durée, et ne sont que des lieux de transit à partir desquels les migrants pourront être rapidement envoyés dans des camps de réfugiés.

Un accord très contesté

Pour les défenseurs des droits de l’homme, cet accord Turquie-Union européenne est avant tout une honte. Pour Amnesty International, la Turquie ne peut plus être considérée comme un « pays sûr » pour les réfugiés syriens car elle accuse Ankara de forcer illégalement une centaine de réfugiés syriens à retourner dans leur pays ravagé par la guerre chaque jour. Selon elle, une partie des réfugiés renvoyés de Grèce vers la Turquie risquent de subir le même sort.

En Grèce, des milliers de migrants ont manifesté ce weekend contre leurs renvois prévus en Turquie. De nouveaux affrontements entre migrants ont eu lieu dans le hotspot (Centre pour les migrants) de Chios.

Mais ce qui est alarmant c’est que depuis la signature de l’accord sur les migrants entre l’Union européenne et la Turquie le 18 mars, le flux de migrants en Europe traversant la mer Méditerranée a doublé. Selon les estimations du ministère italien de l’Intérieur, l’Italie devrait accueillir 270.000 migrants en 2016.

Il est encore trop tôt pour affirmer que l’accord UE-Ankara peut aider l’Union européenne à sortir de sa plus grande crise migratoire depuis la fin de la seconde guerre mondiale.

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