Le Koweit bouleversé par la corruption!

Le Koweit a connu la plus grande manifestation de son histoire lundi dernier. A l’appel de l’opposition, près de 90 mille personnes sont descendues dans la rue pour appeler à la dissolution de l’Assemblée nationale. L’émirat se trouve donc pris à son tour dans la vague de contestation qui, de la Syrie au Yémen, est en train d’ébranler tout le Moyen-Orient.

Si dans d’autres pays du Moyen-Orient, les contestataires prennent pour cible la dérive autoritaire des régimes, au Koweit, ils dénoncent une corruption endémique, incarnée par le Premier Ministre Nasser Mohammad Al Ahmad Al Sabah. Ce dernier a pris les rênes du pouvoir assez récemment, ce qui ne l’a pas empêché de devoir procéder à 7 remaniements gouvernementaux, ce qui en dit long sur sa propre fragilité politique.

La plus grande manifestation de l’histoire du Koweït a donc eu lieu lundi dernier, suite à la démission du gouvernement, présentée par Nasser Mohammad Al Ahmad Al Sabah à l’émir Sabah Al Ahmad Al Sabah, qui l’a acceptée. Mais cette démission a été jugée insuffisante par les manifestants qui réclament que l’Assemblée nationale soit dissoute, et que certains députés impliqués dans des affaires de corruption soient traduits en justice. L’opposition avait auparavant sommé le Premier Ministre de prendre ses responsabilités face à une corruption généralisée, à la dégradation de la qualité des services et à la crise politique naissante. Il faut dire que Nasser Mohammad Al Ahmad Al Sabah aura tout fait pour susciter un mécontement grandissant et qu’aujourd’hui, il affiche un bilan pour le moins chaotique. En un peu moins de cinq ans, il a dû déposer sa démission à 7 reprises et résister à 3 motions de censure. Il est néanmoins resté en poste, à la tête de ses gouvernements remaniés. Mais le climat est devenu de plus en plus délétère, à mesure que se sont révélées des affaires de corruption éclaboussant un certains nombres de députés, accusés de bénéficier de largesses de la part du gouvernement, sous forme de sommes d’argent qui étaient ensuite transférées vers des comptes à l’étranger. Le ministre des Affaires Etrangères avait d’ailleurs dû démissionner en octobre, son ministère ayant servi à couvrir en partie ces transferts frauduleux.    

Il est peu probable que les évolutions actuelles affectent le système politique du Koweit, qui est dirigé par l’émir et contrôlé en grande partie par l’Assemblée nationale. On risque par contre d’assister à une passe d’arme tendue entre musulmans et libéraux, les uns et les autres souhaitant se tailler la part du lion à l’occasion de l’énième remaniement gouvernemental auquel il faudra bien procéder. A cela, s’ajoute l’envoi probable de plusieurs milliers de soldats américains en renfort des 29 milles hommes déjà présents dans le pays, qui risque de faire monter la tension d’un cran. En acceptant la démission du gouvernement, l’émir Sabah Al Ahmed Al Sabah a sans doute ouvert une boîte de Pandore qu’il lui sera bien difficile de refermer sans heurt, tant le sentiment d’exaspération est fort au sein de la population. A ce stade, il n’est même pas sûr qu’une dissolution de l’Assemblée nationale, suivie d’élections législatives anticipée, y suffise./.

Diep Anh

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