Le monde face au spectre de la récession

(VOVWORLD) - Nombreuses sont les économies qui sont confrontées aujourd’hui à la probabilité d’un ralentissement de leur croissance, voire à un risque de récession. Principal responsable de cette tendance: le taux d’inflation, beaucoup trop élevé. La résistance s’organise néanmoins et partout dans le monde, les pays parent au plus pressé... 

Le monde face au spectre de la récession - ảnh 1Un coin du marché de la ville de Quezon, aux Philippines, le 2 mai 2021. Photo d'illustration: Reuters

La Banque mondiale elle-même n’hésite plus à jouer les oiseaux de mauvaise augure. Dans le rapport qu’elle a publié la semaine dernière, elle prend les devants d’une récession devenue quasi-inéluctable pour bien des économies, eu égard au taux d’inflation, qui de son côté, grimpe à une vitesse affolante. Les explications sont multiples: il y a bien sûr le conflit russo-ukrainien, mais aussi les confinements draconiens que s’impose la Chine, l’instabilité des chaînes d’approvisionnement et un risque grandissant de «stagflation», c’est-à-dire une «période prolongée de croissance faible et d’inflation élevée».

La Banque mondiale, toujours elle, a dû se résoudre à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022 et à miser désormais sur un taux de 2,9%, contre 4,1% en début d’année et 5,7% l’année dernière...   

Des mesures…

Face à l’inflation gapolante, la Banque centrale européenne (BCE) a acté la semaine dernière l'arrêt de son soutien monétaire à l'économie, mettant ainsi fin à des années d'achats nets d'actifs et planifiant la première hausse, en plus de dix ans, de ses taux directeurs. Elle prévoit en effet de «relever les taux directeurs de 25 points de base», et ce dès la fin juillet, avant «une autre hausse en septembre». Il faut dire que dans la zone euro, le taux d’inflation a atteint 8,1% sur un an en mai, avec quatorze pays sur dix-neuf au-dessus de cette moyenne:  du jamais vu depuis l'instauration de la monnaie unique et un niveau quatre fois supérieur au seuil fixé. Cette situation a obligé la BCE à abaisser ses prévisions de croissance pour la zone euro à 2,8% en 2022 contre 3,7% lors des dernières prévisions en mars.

Les banques centrales des États-Unis, du Royaume-Uni et d’autres grandes économies ne sont pas en reste. Le 4 mai dernier, la Réserve fédérale américaine (FED) a relevé ses taux d’intérêt d’un demi-point, les situant désormais dans une fourchette allant de 0,75 à 1%. Les spécialistes s’accordent à parler d’un ajustement «très remarquable»: il faut en effet remonter à mai 2000 pour trouver trace d’une hausse des taux d’intérêt de plus de 0,25%...  Cela étant, là aussi, on constate une augmentation fulgurante du taux d’inflation, qui a atteint 8,6% sur un an au mois de mai, soit son plus haut niveau depuis 1981. Un certain nombre d’investiseurs tablent d’ailleurs sur une récession, aux États-Unis, et ce dès 2023.

Les taux d’intérêts ne sont pas l’unique levier à disposition des économies menacées de récession. Beaucoup d’entre elles misent également sur la restructuration de leurs investissements ou sur une diminution du volume d’exportation des produits de première nécessité, comme c’est notamment le cas en Asie.      

... qui commencent à porter leurs fruits

L'économie mondiale est donc confrontée à des défis majeurs. Il lui reste néanmoins quelques point d’appui solides. La Chine, deuxième économie mondiale, commence à trouver un certain rythme de croissance. En mai dernier, les exportations chinoises ont progressé de 16,9 % sur un an (après seulement 3,9 % en avril). En outre, un certain nombre de rapports indiquent que les chaînes d’approvionnement ne sont plus aussi fragiles qu’elles l’ont été à la fin de l’année 2021 ou au début de l’année 2022. Les prix des matériaux semi-conducteurs, des engrais et du transport par conteneurs ont en effet amorcé une baisse.  

Certains experts et certaines institutions financières estiment que l’inflation mondiale a atteint son pic, ce qui reviendrait à dire que le plus dur est passé... Souhaitons que cela soit effectivement le cas. En attendant, la prudence reste de mise...  

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