Le Moyen-Orient face au risque d’un conflit général

(VOVWORLD) - L’assassinat de hauts dirigeants du Hezbollah et du Hamas plonge le Moyen-Orient dans une nouvelle spirale de violence. De nombreux spécialistes s’accordent à dire que le risque d’un conflit général est à son plus haut niveau depuis des mois.

Iran-Israël: vers un affrontement total?

Le Moyen-Orient face au risque d’un conflit général - ảnh 1Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, a été tué le 31 juillet à Téhéran. Photo: France 24

Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, a été tué le 31 juillet à Téhéran, alors qu’il était venu assister à l’investiture du nouveau président iranien, Massoud Pezeshkian. Bien qu’Israël n’ait émis aucun commentaire ni revendiqué sa responsabilité, cet assassinat a marqué un tournant dans la crise actuelle au Moyen-Orient. En plus d’exacerber la haine entre le Hamas et Israël, il rend la probabilité d’un affrontement direct entre l’État hébreu et l’Iran plus grande que jamais. En effet, aussitôt après l’incident, le guide suprême Khamenei et le président iranien Pezeshkian ont tous deux annoncé une riposte à grande échelle, nommant explicitement Israël.

Selon Yossi Mekelberg, un expert de Chatham House, l’administration iranienne s’est vue obligée d’agir pour préserver sa position et sa capacité de dissuasion dans la région. La question est de savoir à quel niveau la riposte de l’Iran et de ses alliés sera effectuée. Rappelons-nous celle menée en avril dernier en réponse à l’attaque ayant coûté la vie à plusieurs généraux iraniens dans un bâtiment annexe à l’ambassade d’Iran en Syrie. Suite à cette attaque, l’Iran a, pour la première fois depuis des décennies, lancé une offensive directe sur le territoire israélien, mobilisant plus de 300 missiles et drones. Cependant, il convient de noter que l’Iran en avait informé les parties concernées plusieurs jours à l’avance, et que l’offensive a été semble-t-il minutieusement calculée, de façon à éviter un affrontement direct avec Israël. Cette fois-ci, c’est différent. Yossi Mekelberg estime que la riposte de l’Iran et de ses alliés serait plus imprévisible, et que le risque d’escalade est aussi plus élevé. Pour cause, en ce moment-même, Israël et le Hezbollah au Liban sont très proches d’une guerre générale. N’oublions pas que le 30 juillet, un raid israélien visant Beyrouth a tué un haut dirigeant du Hezbollah, Fuad Shukr.

Le Moyen-Orient face au risque d’un conflit général - ảnh 2Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken. Photo: Reuters

Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, ne cache pas son inquiétude.

«Il est urgent pour toutes les parties de faire de bons choix au cours des prochains jours. Elles doivent choisir entre poursuivre la voie de la violence, de l’insécurité et de la souffrance, et avancer vers quelque chose de meilleur pour toutes. Cela étant, je suis incapable de prévoir les conséquences et les impacts des événements passés sur ce qui nous attend», a-t-il déclaré.

Aux États-Unis, certains parlementaires ont demandé à la Maison Blanche, l’allié numéro 1 d’Israël, de préparer un scénario d’intervention militaire au Moyen-Orient, au cas où un conflit à grande échelle entre l’État hébreu et les forces de résistance dans la région éclaterait.

Un point final pour l’espoir d’un cessez-le-feu à Gaza ?

En plus d’exacerber les tensions, l’assassinat du chef politique du Hamas rend plus fragile que jamais la possibilité de conclure un accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages dans la bande de Gaza. Auparavant, les négociations menées entre Israël et le Hamas, par l’intermédiaire du Qatar, de l'Égypte et des États-Unis, avaient piétiné pendant des mois. Une lueur d’espoir était apparue la semaine dernière avec la reprise des pourparlers au Caire. Mais l’assassinat d’Ismail Haniyeh semble avoir mis fin à cet espoir, comme le constate Sanam Vakil, directrice des programmes de recherche sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Chatham House.

 «L’assassinat d’Ismail Haniyeh a certainement porté un coup dur aux négociations sur un cessez-le-feu. Les parties sont revenues à une phase de tension extrême et d’imprévisibilité totale. Je ne vois aucune solution durable et significative dans un avenir proche», estime-t-elle.

D’après Sanam Vakil, les derniers agissements montrent que les dirigeants israéliens sont en train d’opérer des changements stratégiques majeurs. Leur priorité serait désormais de répondre aux défis sécuritaires régionaux centrés sur l’Iran, plutôt que de parvenir à un accord de cessez-le-feu et d’échanges d’otages avec le Hamas dans la seule bande de Gaza. Ce changement oblige les parties impliquées dans la crise au Moyen-Orient à adopter une nouvelle approche, en particulier les alliés occidentaux d’Israël. Toujours selon Sanam Vakil, le fait que l’armée américaine ait attaqué certaines forces paramilitaires pro-iraniennes en Irak ces derniers jours montre que les États-Unis veulent dissuader les parties désireuses de provoquer une escalade des conflits. Le 1er août, John Kirby, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale des États-Unis, a d’ailleurs estimé que cette escalade ne serait pas inévitable. L’administration américaine recourt actuellement à tous les moyens diplomatiques et militaires pour prévenir ce risque, a-t-il assuré.

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