(VOVWORLD) - Après plusieurs reports, Donald Trump a présenté le 28 janvier, aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son plan de paix pour le Moyen-Orient, qu’il a qualifié lui-même comme l’«accord du siècle», ou l’« opportunité historique » pour les Palestiniens de créer un État indépendant. Cependant, les Palestiniens, mais aussi le monde arabe et une grande partie de la communauté internationale semblent ne pas partager son avis.
Donald Trump (droite) et Benjamin Netanyahu. Photo: Getty
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Officiellement, le plan présenté par le président américain s’inscrit dans le cadre de la solution à deux États soutenue par les Nations unies : la création d’une Palestine au côté d’Israël. Mais cela ne sera possible que si les Palestiniens se plient aux conditions prévues dans ce plan de paix de 80 pages. Ils devront notamment reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, « rejeter le terrorisme sous toutes ses formes » et renforcer leurs institutions. En échange, le plan de Washington propose de créer un État de Palestine avec sa capitale dans certaines parties de Jérusalem-Est, de doubler le territoire actuellement sous contrôle palestinien et de construire un tunnel entre la Cisjordanie et la bande de Gaza. Quant à Israël, Washington va reconnaître les colonies dans les territoires palestiniens occupés comme faisant partie de l’État hébreu alors que ces colonies situées en territoire occupé sont illégales au regard du droit international.
Un plan « nouvelle bouteille, vieux vin »…
Selon les analystes, Donald Trump n’a rien changé à son approche concernant les questions cruciales du conflit israélo-palestinien, notamment s’agissant du statut de Jérusalem, des colonies juives ou encore des territoires occupés. En réalité, son nouveau plan de paix pour le Moyen-Orient fait suite aux dernières prises de position du président américain telles que la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël en décembre 2017, la reconnaissance de la souveraineté d'Israël sur le plateau du Golan en mars 2019 et la décision de ne plus considérer les colonies israéliennes contraires au droit international en novembre 2019.
Le 1er février, la Ligue arabe a rejeté le plan américain. Les dirigeants arabes ont promis « de ne pas coopérer avec l’administration américaine pour mettre ce plan en œuvre ». De son côté, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas a annoncé sa décision de rompre « toutes les relations », y compris sécuritaires, tant avec Israël qu’avec les Etats-Unis.
Le 3 février dernier, à l’issue d’une réunion extraordinaire à Jeddah en Arabie saoudite, l’Organisation de la coopération islamique (OCI) a fait également savoir dans un communiqué qu’elle rejetait “l’accord du siècle” américano-israélien, étant donné qu’il ne respecte pas les droits fondamentaux et les aspirations du peuple palestinien.
… peu faisable et potentiellement dangereux
L’opinion internationale estime que les réactions des Palestiniens et du monde arabe sont parfaitement compréhensibles. Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borrell, a affirmé lundi 2 février que faute d’un consensus entre toutes les parties concernées, le plan de paix de Washington était voué à l’échec.
Selon plusieurs experts, la décision des États-Unis de ne plus considérer comme illégales les colonies israéliennes en Cisjordanie compromet la viabilité de la solution à deux États, telle qu’elle est soutenue par le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa résolution 2334 publiée le 23 décembre 2016.
Loin de résoudre le conflit, le plan du président Trump met à néant tous les efforts de la communauté internationale visant à reconduire la Palestine et Israël à la table des négociations, plongeant davantage la région du Moyen-Orient dans le chaos.