L’Egypte face à un nouveau risque d’instabilité

(VOVworld)-La scène politique égyptienne est de nouveau en proie à l’effervescence, suite au  deuxième tour des élections présidentielles, qui a eu lieu dimanche dernier. Les Egyptiens, qui espéraient un retour à la stabilité, se retrouvent pris dans un conflit de pouvoir entre les différentes factions politiques du pays, un conflit qui ne fait que débuter.


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Chacun des deux candidats du second tour des présidentielles, à savoir Mohammed Morsi, le candidat des Frères Musulmans, et Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, a revendiqué la victoire. Lors d’une conférence de presse tenue au Caire ce mardi, le porte-parole de la campagne électorale d’Ahmad Chafiq a déclaré que ce dernier avait remporté le scrutin, avec 51,5% des votes. Mais la veille, les Frères Musulmans avaient annoncé que c’était Mohammed Morsi qui était sorti vainqueur, avec 52,5% des voix. La scène politique égytienne se retrouve donc complètement tourneboulée, d’autant plus que le porte-parole des Frères Musulmans a prédit une guerre civile en cas de défaite de Mohammed Morsi. Face à cette situation, la commission électorale égyptienne a dû appeler les deux candidats à rengainer toute déclaration de victoire prématurée. « Prématurée », en effet, puisque selon la commission, aucun de ces deux chiffres avancés n’est crédible. L’annonce officielle des résultats, qui était prévue pour ce jeudi, a d’ailleurs été reportée sine die, le temps d’examiner les plaintes relatives aux nombre de bulletins de vote et aux nombre d’électeurs inscrits sur les listes.




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Mais quel que soit le vainqueur, son rôle risque de se résumer à porter un titre honorifique, car c’est bel et bien l’armée qui tient les rênes du pouvoir, et d’une main ferme. « le président élu le sera-t-il pour rien ? » se risquent à se demander certains analystes. Et pour cause ! Dimanche dernier, au moment même où se déroulait le 2ème tour des présidentielles, le conseil suprême des forces armées, qui gouverne actuellement le pays, a publié une constitution amendée. De ces amendements de dernière main, il ressort que c’est le conseil suprême des forces armées qui détient désormais le pouvoir législatif au parlement, un parlement qui comptait 47% de Frères Musulmans et qui a été dissous juste avant le scrutin. Il en ressort également que le conseil suprême des forces armées a le droit d’opposer son véto à tout projet de réforme constitutionnelle ou d’interférer dans les décisions du président.

Cette constitution amendée a bien évidemment suscité un véritable tollé auprès de l’opinion publique qui n’hésite plus à parler de coup de force militaire. Mohammed El Baradei, l’ancien directeur de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, a parlé d’un revers grave pour la démocratie et la révolution. Mardi, 15 000 personnes se sont rassemblées sur la place Tahrir pour manifester leur opposition au conseil suprême des forces armées. Parmi les manifestants, de très nombreux partisans des Frères Musulmans, rameutés pour l’occasion.

Les partis musulmans ont porté plainte contre le conseil suprême des forces armées et contre le président de la cour constitutionnelle suprême, suite à la dissolution du Parlement. Ils estiment en effet que ni le conseil suprême des forces armées ni la cour suprême n’ont le droit de dissoudre le parlement. Le parti Liberté et Justice menace même de porter l’affaire devant la communauté internationale, relayé en cela par le parti Al-Wasat qui appelle les parlements européens et arabes à débattre de la situation et à prendre des mesures appropriées. Face à cette situation, l’armée égyptienne s’est déployée sur la route qui mène du Caire à Alexandrie, la principale ville du nord du pays. C’est d’ailleurs la première fois depuis le renversement du président Hosni Moubarak qu’un tel dispositif militaire est mis en place.   

Alors que l’annonce des résultats définitifs est reportée, l’échiquier politique égyptien est donc en proie à un nouveau conflit de pouvoir. Le pays, le plus peuplé du monde arabe, semble voguer d’une impasse politique à une autre et s’abandonner à une instabilité grandissante.

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