(VOVWORLD) - Le ton est encore monté ces derniers jours entre Washington et Téhéran. Dans ce contexte de très vives tensions entre les deux pays, les récents événements plongent la région du Golfe dans le chaos.
Le porte-avions Abraham Lincoln présent au Moyen-Orient depuis mai 2019. Photo: Daily Express
|
Le général Amir Ali Hajizadeh, commandant en chef des forces aériennes du Corps des gardiens de la Révolution islamique (CGRI), a qualifié lundi 22 juillet de « mensonges » les allégations de Donald Trump selon lesquelles un navire américain aurait « détruit » un drone iranien. Dans la journée encore, Téhéran a annoncé avoir arrêté 17 Iraniens entre mars 2018 et mars 2019 dans le cadre du démantèlement d'un "réseau d'espions" de la CIA et avoir condamné à mort plusieurs d'entre eux. Auparavant, l’Iran avait annoncé, le 19 juillet, avoir « confisqué » le pétrolier sous pavillon britannique Stena Impero dans le détroit d'Ormuz.
La campagne de « pression maximale » de Washington
Selon l’Iran, arraisonné le 19 juillet pour «non-respect du code maritime international» par les Gardiens de la Révolution, le pétrolier Stena Impero aurait percuté un bateau de pêche et poursuivi sa route avec son transpondeur éteint. Jugeant l’arraisonnement « inacceptable », Londres avait exhorté l’Iran à libérer immédiatement le pétrolier. Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a annoncé samedi que le gouvernement envisageait plusieurs options pour répondre à l'arraisonnement par l'Iran du pétrolier, mais que la «priorité» restait de «trouver un moyen de désamorcer la situation».
Mais une fois n’est pas coutume, les États-Unis n’ont pas réagi pour protéger leur allié britannique. Le président Donald Trump a assuré que les États-Unis avaient été "informés" des événements dans le Golfe et qu'ils « échangeront » avec le Royaume-Uni à ce sujet. Selon les experts, il est clair que Donald Trump ne veut pas entrer en guerre, notamment à cause de sa campagne électorale pour 2020. Mais Washington veut continuer à renforcer sa campagne de « pression maximale » pour étrangler les exportations pétrolières, considérées comme le moteur de l’économie iranienne. Les sanctions actuelles ont déjà considérablement affecté les exportations de pétrole iranien. Certains pays européens se montrent désormais très réticents à investir en Iran. Dans le même temps, les États-Unis sollicitent l’Europe d’augmenter les sanctions contre l’Iran afin de forcer ce pays à retourner à la table des négociations.
Le pétrolier Stena Impero. Photo: CNBC.
|
Les États-Unis et Iran au bord d'une guerre…
Les relations entre les États-Unis et l’Iran ont toujours été tendues depuis la révolution islamique en 1979. Toutefois, sous l’administration du président Barack Obama, les relations bilatérales s’étaient nettement améliorées avec la signature de l'accord sur le nucléaire iranien en 2015 (JCPOA). L’accord avait réuni l’Iran, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la Russie et la Chine. Mais tout a changé après le retrait américain de l’accord, coordonné avec une campagne de « pression maximale », dont la restauration des sanctions économiques à l’encontre de l’Iran.
La tension n'a jamais été aussi forte au cours de ces deux derniers mois entre les États-Unis et l'Iran. Mais en dépit de multiples menaces et des avertissements, ni les États-Unis, ni l’Iran ne souhaitent un conflit ouvert. Le président américain avait mentionné fin juin l’annulation de frappes de représailles contre l'Iran pour avoir abattu un drone américain dans le détroit d'Ormuz. Depuis, de nouvelles sanctions ont été prises, pour accroître sa "pression maximale" contre Téhéran, mais, au-delà de mesures punitives financières, il semble à court d'options alors que l'escalade se poursuit.
En guise de riposte, ou de provocation, l'Iran avait annoncé le 8 juillet avoir dépassé la limite d'enrichissement d'uranium qui lui était imposé selon l'accord conclu en 2015 avec les grandes puissances.
Malgré les avertissements, le sénateur républicain américain Rand Paul a récemment rencontré le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, le 18 juillet, à New York, afin de chercher une issue pacifique. De son côté, l'Iran a averti que toute attaque contre son territoire aurait des conséquences dévastatrices tout en se déclarant prêt à négocier certaines clauses supplémentaires de l’accord nucléaire de 2015 en échange de la levée des sanctions américaines.
Aucune guerre en vue donc entre l'Iran et les États-Unis, du moins pour le moment. Toutefois, selon les experts, la stratégie utilisée par les deux pays pourrait encore accroître les tensions. Le Moyen-Orient est plus que jamais une poudrière et toute erreur pourrait la faire exploser.