Les États-Unis et l’OMC : des divergences de longue date

(VOVWORLD) - Mardi 13 août, le président américain a une nouvelle fois menacé de quitter l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Alors que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine bat son plein et que les tensions restent vives entre le Japon et la République de Corée, la déclaration de Donald Trump inquiète l’opinion mondiale.
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Pendant sa dernière campagne électorale déjà, le président américain avait estimé que l’OMC était une organisation « caduque » qui traitait « de façon injuste » les États-Unis depuis des années. Mardi lors de sa campagne électorale, devant des employés d’une usine de Pennsylvanie, il a déclaré : « Nous partirons s’il le faut ». « Nous savons qu’ils nous entubent depuis des années et cela n’arrivera plus jamais », a-t-il ajouté.

Les vraies motivations

« L’OMC est CASSÉE quand les pays les plus RICHES affirment être des pays en voie de développement pour échapper aux règles de l’OMC et bénéficier d’un traitement de faveur. PLUS maintenant », avait écrit Donald Trump sur Twitter.

Selon le président américain, l’OMC accorde aux pays qui abusent du statut de pays en voie de développement des avantages dans le traitement des litiges. Elle leur permet de bénéficier de réductions de taxes plus importantes que pour d’autres pays, de maintenir des subventions sur leurs exportations tout en prenant des engagements moins forts dans les négociations. L’OMC a été créée pour profiter à tous les pays, à l’exception des États-Unis qui ont perdu presque tous les procès qui les concernaient et qui ont été jugés par cette organisation, a affirmé Donald Trump.

En appelant à la réforme des règles de l’OMC, l’administration américaine est en train de bloquer la nomination des juges à son organe de règlement des différends (ORD). Le dispositif reconnu comme le plus utile et le plus efficace de l’OMC risque ainsi de ne plus pouvoir fonctionner à la fin de cette année.

De l’avis de nombreux observateurs, l’aversion du président Trump à l’égard de l’OMC réside dans son goût prononcé pour le protectionnisme qui selon lui profite le plus aux États-Unis. Autrement dit, sa philosophie est tout à fait le contraire de celle défendue par l’OMC. Étant membre de cette organisation, Washington doit observer ses règles communes. Si les États-Unis ne sont pas en droit de compromettre les intérêts d’autres membres, ils ne peuvent pas non plus annoncer que d’autres membres profitent de certains principes de l’OMC pour leur causer du tort.

Les conséquences

Les États-Unis demeurent cependant la plus grande puissance économique mondiale et jouent un rôle crucial dans l’existence de l’OMC. S’ils s’en retirent vraiment, cela entrainera de graves conséquences. Sans les contraintes de l’OMC, les États-Unis pourront augmenter leurs taxes autant qu’ils le voudront, conduisant ainsi les autres pays à réagir. Une nouvelle crise mondiale sera alors inévitable. Autre hypothèse : suite à leur retrait, les États-Unis pourraient faire pression sur d’autres pays pour qu’ils leur emboîtent le pas, ou, tout du moins, ne respectent plus les règles de l’OMC.

Si les États-Unis se retirent de l’OMC, les sociétés américaines rencontreront de sérieuses difficultés. Leur compétitivité diminuera alors que les pays de l’OMC augmenteront leurs taxes sur les exportations américaines. Selon Rufus Yerxa, ancien directeur général adjoint de l’OMC, les États-Unis se retrouveront isolés de l’économie mondiale s’ils quittent cette organisation.

Considérée comme une sorte de Nations Unies pour le commerce mondial, l’OMC a été créée en 1995 dans le but de favoriser des échanges commerciaux libres et équitables. La menace du président américain la met désormais devant l’impératif de prendre des mesures adéquates pour maintenir son rôle et sa puissance à l’échelle mondiale.

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