Les relations russo-américaines mises à mal par une affaire d’espionnage

(VOVworld)- Les relations russo-américaines, qui étaient tout juste sur la pente du dégel, viennent à nouveau d’être mises à mal par une affaire d’espionnage digne des heures les plus sombres de la guerre froide. Un certain Ryan Fogle, qui s’est révélé être un agent de la CIA, vient en effet d’être arrêté à Moscou, suspecté d’avoir voulu infiltrer les services spéciaux russes en offrant une forte somme d’argent à l’un de ses membres. Son expulsion lui a d’ailleurs été signifiée par les  autorités russes. Reste à savoir si l’affaire sera promptement étouffée ou si, au contraire, elle prélude à un nouveau regain de tension entre la Russie et les Etats-Unis.

C’est mardi que l’affaire a éclaté, la presse russe ayant fait état de l’arrestation à Moscou d’un agent de la CIA, pris en flagrant délit de tentative de corruption d’un membre des services spéciaux russes. L’agent américain en question, un certain Ryan Fogle, avait pour la circonstance pris les traits du troisième secrétaire de l'ambassade des Etats-Unis. Michael Mac Faul, l’ambassadeur des Etats-Unis en Russie, a aussitôt été convoqué au ministère des Affaires Etrangères. Quant à Ryan Fogle, il s’est vu signifier son expulsion du territoire russe.      

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Photo de Ryan C. Fogle diffusée par le FSB. | FSB/RT

Cette affaire, digne d’un scénario à la James Bond, tombe à un moment où Moscou et Washington sont en délicatesse, quoique désireux de renouer des liens de confiance. De nombreuse divergences entravent en effet le développement des relations entre les deux pays, à commencer par le déploiement du bouclier anti-missiles américain en Europe. A cela, s’ajoutent les programmes nucléaires de Téhéran et de Pyongyang et le «printemps arabe»: autant de problèmes sur lesquels Russes et Américains ne parviennent décidement pas à s’entendre.       

L’année 2012 a été particulièrement tendue, en ce qui concerne les relations russo-américaines. Moscou a suspendu les activités sur le territoire russe de l’agence américaine pour le développement international. Le congrès américain a quant à lui adopté la loi Magnitsky, qui impose des sanctions à l'encontre de plusieurs fonctionnaires russes. En représailles, le parlement russe a adopté une loi interdisant aux Américains d’adopter des enfants russes. Plus récemment, l’administration américaine a dressé une liste noire de 18 officiels russes, considérés comme ayant violé les droits de l’homme et interdits, à ce titre, de séjour aux Etats-Unis. Moscou a aussitôt répliqué par une liste de 18 officiels américains interdits de séjour en Russie. A tous ces rebondissements successifs, vient s’ajouter la crise syrienne, à propos de laquelle les deux pays ont une aproche pour le moins divergente.       

Mais revenons-en à cette affaire d’agent de la CIA arrêté à Moscou. Même s’il renvoie à la guerre froide, le fait n’est pas nouveau en soi. Il risque par contre de fragiliser les relations de partenariat récemment établies entre les deux pays. Pour l’instant, Moscou et Washington s’affrontent à fleurets mouchetés, en se contentant d’une guerre de communiqués. Le porte-parole du département d’Etat américain Patrick Ventrell a ainsi parlé de «provocation» en évoquant l’arrestation et l’expulsion de Ryan Fogle, tout en assurant que l’affaire ne pèserait pas sur le devenir des relations bilatérales. Beaucoup s’attendaient d’ailleurs à ce que les Etats-Unis, pour faire bonne mesure, expulsent à leur tour un diplomate russe. Or, jusqu’à présent il n’en est rien, ce qui tend à montrer que la Maison Blanche ne veut pas prendre le risque de se mettre le Kremlin à dos. Il est en fait fort probable que les attentats de Boston, qui ont été en partie rendus possibles par le manque de communication entre services russes et américains, aient incité les Etats-Unis à faire montre d’une certaine retenue vis-à-vis de la Russie. A défaut d’une solide amitié, place à la coopération sécuritaire!

C’est à Sotchi qu’auront lieu les jeux olympiques d’hiver de 2014. La Russie est donc sur les dents, redoutant la menace terroriste que constitue la partie nord du Caucase, bastion d’un islamisme extremiste. Quant aux Etats-Unis, ils sont bien conscients que la lutte anti-terroriste qu’ils entendent mener à l’échelle de la planète ne se fera pas sans la Russie.

A première vue, on peut donc penser que cette affaire d’espionnage, même si elle n’aide évidemment pas à instaurer un climat de confiance, n’aura pas de répercussions susceptibles de réellement mettre à mal les relations russo-américaines. Qu’on se rassure donc, la guerre froide ne reprendra pas!

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