L’espace Schengen à l’épreuve de la pandémie de Covid-19

(VOVWORLD) - Si la fermeture des frontières de l’espace Schengen s’est effectuée en quelques jours, la levée progressive des restrictions qui ont été décidées en son sein se fait dans le plus grand désordre.
L’espace Schengen à l’épreuve de la pandémie de Covid-19 - ảnh 1 Photo d'illustration

La Commission européenne a invité les États membres de l'espace Schengen et les pays qui y sont associés à prolonger les restrictions de déplacements non essentiels vers l'Union européenne jusqu'au 15 juin. Pour l’instant, les frontières restent de toutes façons bouclées. Par ailleurs, les 27 tablent désormais sur un recul du PIB de 10%, du jamais vu depuis la Grande dépression de 1921.  

Chacun son choix

Les ministres européens du Tourisme ont discuté mercredi par vidéoconférence de la feuille de route de la Commission européenne sur la réouverture progressive des frontières, l’idée étant de  sauver le tourisme, tout en maintenant un niveau élevé de sécurité. Mais les 27 ministres n'ont pu se mettre d'accord sur l'ensemble du plan proposé par l'exécutif européen.

«Des discussions supplémentaires seront nécessaires pour savoir comment traiter le volet tourisme», a résumé Gari Capelli, le ministre du Tourisme de la Croatie, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne. «Nous ne pouvons pas prendre de risques inconsidérés, il y a un mois, toute l'Europe était confinée», a-t-il ajouté. «Nous n'avons pas arrêté de décision sur les arrivées de voyageurs», a poursuivi Gari Capelli. «Tout dépendra de la situation épidémiologique des différents pays. Des accords bilatéraux pourraient être conclus entre deux États présentant une situation semblable», a-t-il encore expliqué.

Pour l'instant, les réouvertures de frontières internes à l'espace Schengen se font dans le désordre. Plusieurs États ont déjà pris des mesures pour attirer à nouveau les touristes. L'Italie, très touchée par la pandémie, a annoncé, par exemple, une réouverture de ses frontières et de ses aéroports le 3 juin. La Grèce, relativement épargnée par le virus grâce à des mesures strictes, a présenté mercredi un plan de relance du tourisme prévoyant une reprise progressive des vols à partir du 1er juillet. Quant à la France, elle plaide pour une meilleure coordination des États européens. L'objectif, pour Paris, est une réouverture des frontières intérieures de l'Union européenne à partir du 15 juin. «Il faut travailler avec les pays frontaliers, entre Européens pour éviter d'avoir une Europe à plusieurs vitesses», a dit le secrétaire d'État français aux Affaires étrangères Jean-Baptiste Lemoyne.   

Vers une réouverture coordonnée

Dans une feuille de route sur la stratégie de sortie de crise des gouvernements, la commission européenne appelle les États membres à une réouverture coordonnée. «Le manque de coordination quant à la levée des mesures de restriction risque d’avoir des conséquences négatives sur tous les États membres et pourrait causer des tensions politiques», a prévenu la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, qui a conseillé de rouvrir les frontières «dès que la situation épidémiologique entre régions limitrophes s’harmonisera et que les règles de distanciation sociale seront appliquées largement et sérieusement».

Ursula von der Leyen a vivement critiqué les États membres pour leur manque de coordination et de solidarité au début de la pandémie, qui a durement touché certains pays comme l’Italie, l’Espagne et la France.

L'Union européenne doit «coordonner l'ouverture des frontières entre les différents pays», a plaidé le 17 mai sur Franceinfo Enrico Letta, ancien président du Conseil italien et président de l'Institut Jacques Delors, cercle de réflexion européen, déplorant que plusieurs États aient pris des mesures opposées. «Le problème, c'est que les États membres ne veulent pas céder leurs compétences à l'Europe sur des sujets sur lesquels ils pensent avoir plus de capacités à agir tout seul», a-t-il  estimé.

L’espace Schengen est en principe une zone de libre circulation. La crise sanitaire a poussé ses 26 États membres à prendre des mesures qui aujourd’hui, en menacent l’essence même.    

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