L’Eurozone face au risque d’une nouvelle crise

(VOVworld) - La zone euro attire de nouveau les feux des projecteurs. En Italie, les élections législatives du 25 février dernier qui ont abouti à une impasse n’ont fait qu’accroître l’inquiétude quant à une possible - pour ne pas dire probable - propagation de la crise de la dette publique à l’ensemble du vieux continent. La communauté internationale espérait en fait que ce scrutin allait permettre à l’Italie de se stabiliser sur le plan politique, de résoudre ses problèmes économiques et par là-même de montrer le chemin du redressement à ses partenaires européens. Eh bien, c’est peine perdue !
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Ces élections étaient en fait anticipées. Elles ont été provoqués par le PLD, le parti de centre-droit de l’ancien chef du gouvernement Silvio Berlusconi qui, en retirant son soutien au gouvernement technocrate de Mario Monti, a obligé celui-ci à démissionner. C’était en janvier. 

Mais il faut bien comprendre que ces élections revêtaient une signification particulièrement importante, aussi bien pour l’Italie que pour toute l’Europe, laquelle hésite entre relance de la croissance et politique d’austérité, cette politique d’austérité que prônait justement Mario Monti, soutenu en cela par de nombreux dirigeants, à commencer par le président américain Barack Obama et par la chancelière allemande Angela Merkel.      

Si l’on jette un regard rétrospectif sur l’année écoulée et si l’on remonte à novembre 2011, date de l’investiture de Mario Monti, on s’aperçoit que l’Italie devait à l’époque faire face à une grave crise avec un taux de dette publique s’élevant à 120% du PIB, soit le taux le plus haut en Europe après la Grèce. Aussitôt investi, Mario Monti s’est employé à répondre aux attentes du monde financier européen, en appliquant une politique d’austérité assortie d’une augmentation des impôts. Ce faisant, il a permis à l’Italie de ramener son taux de déficit budgétaire à moins de 3% l’an dernier, c’est-à-dire en-dessous du seuil toléré par l’Europe, contre 3,9% en 2011. Durant 15 mois, sous la gouvernance de Mario Monti, le taux d’intérêt des obligations sur 10 ans a baissé de 200 points de base. Mais toutes ces mesures d’austérité appliquées par Mario Monti ont poussé l’économie italienne dans sa plus grave récession de ces 20 dernières années. L’an dernier, la croissance économique italienne était de 2,2% sous zéro !

Selon les prévisions du gouvernement, la croissance économique italienne devrait continuer à baisser cette année, de 0,2%. Le redressement n’est attendu que pour 2014, avec un taux de 1,1%. Mais en attendant, récession entraine chômage et pauvreté ! En décembre dernier, le taux de chômage en Italie a atteint un record : 11,2%. Pas étonnant, dès lors, que les Italiens soient de plus en plus nombreux à tourner le dos à la politique d’austérité prônée par le gouvernement. Selon les résultats préliminaires publiés fin février par le ministère de l’Intérieur italien, aucun parti n’a gagné suffisamment de voix pour pouvoir contrôler les deux chambres du Parlement. Les Italiens estiment en fait que s’ils signent un chèque en blanc à un gouvernement pour entériner le plan d’austérité et les réductions de dépenses déjà approuvées par Silvio Berlusconi, il leur en coûtera près de 300 milliards d’euros entre 2010 et 2014. Voilà la principale raison pour laquelle 90% des électeurs italiens n’ont pas voté pour Mario Monti.

Dans les temps qui viennent, le parlement italien est donc condamné à l’inefficacité chronique et aux compromis de coulisses : pas de quoi rassurer les investisseurs !    

Mais cette instabilité qui semble donc s’installer en Italie pourrait avoir un effet boule de neige et accroître le coût des emprunts pour d’autres pays qui n’ont pourtant pas besoin de cela, notamment l’Espagne, le Portugal et la Grèce.

Les résultats de ces élections législatives en Italie traduisent en tout cas un sentiment de ras-le-bol de plus en plus fort vis-à-vis des politiques d’austérité appliquées actuellement par plusieurs gouvernements membres de l’Eurozone.

Pour beaucoup, cette mise sur la sellette de Mario Monti va obliger l’Italie - la 3ème économie des 17 pays membres de l’eurozone - à abandonner sa dynamique de réforme, au risque d’aggraver la crise de la dette publique sur le vieux continent. Ajoutons à cela que Mario Monti, qui passe volontiers pour un sage, avait su faire en sorte que les 27 parviennent à un consensus sur la question de l’aide financière aux pays en difficulté, et ce, en dépit de l’opposition de l’Allemagne. Son absence risque dès lors de peser lourd dans les débats.   

Selon la Constitution italienne, le nouveau parlement doit ouvrir sa première session sous les 20 jours qui suivent les législatives. Le président italien devra ensuite rencontrer les partis politiques, pour discuter de la formation d’un nouveau gouvernement. Cependant, de l’avis des observateurs, il est peu probable qu’un gouvernement de coalition soit assez fort pour endiguer la récession dans laquelle le pays semble plonger chaque jour un peu plus.   

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