Le siège de l’Organisation mondiale du commerce à Genève, en Suisse. Photo: Xinhua/TTXVN

Ces résultats démontrent que l'OMC est capable de répondre aux urgences de notre époque, a déclaré sa directrice, Ngozi Okonjo-Iweala, devant les chefs de délégation des 164 pays membres, après la 12^e conférence ministérielle de l’OMC qui s’est tenue du 12 au 17 juin à Genève, en Suisse. Cette réunion, la première depuis quatre ans, a été prolongée de deux jours afin de laisser plus de temps pour les négociations et la conclusion des accords. Elle est considérée comme un "test" pour l’OMC, dans le contexte des tensions géopolitiques croissantes à travers le monde.

Des accords sans précédent

Cette réunion avait pour ambition non seulement de s'attaquer à l'insécurité alimentaire, mais elle visait aussi à supprimer les subventions encourageant la surpêche, qui vident les océans, lever temporairement les brevets, qui protègent les vaccins anti-Covid-19, ou encore réformer l'OMC elle-même.

Jusqu'à la dernière minute, l'accord sur la pêche est resté incertain. Cela faisait vingt ans qu'un tel accord était attendu.  Selon l'OMC, chaque année, les pays du monde dépensent plus de 35 milliards de dollars pour subventionner les activités de pêche. Cela permet à davantage de flottes de pêche d'opérer plus longtemps et plus loin au large, au détriment de la vie marine.

La plupart des gouvernements conviennent que les stocks de poissons doivent être protégés, car ils constituent une ressource vitale pour des millions de personnes vivant sur les côtes à travers le monde. Or, les négociations sur cette question sont restées dans une impasse pendant 20 ans, car les plus grands pays pêcheurs sont des pays en développement. Après plusieurs journées de tractations intenses, les membres de l'OMC sont parvenus à un accord visant à interdire les subventions à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée.

Les pays en développement bénéficient d'exemptions pour les interdictions susmentionnées, pendant une période de transition de deux ans. Toutefois, cette préférence n'est applicable qu'à l'intérieur de leur zone économique exclusive.

Quant aux brevets protégeant les vaccins anti-Covid-19, ce problème a divisé l'OMC pendant deux ans en raison de l'opposition des pays où sont implantées les grandes entreprises pharmaceutiques, comme le Royaume-Uni et la Suisse. Pour les groupes pharmaceutiques, la levée des brevets paralysera l'investissement et l'innovation, estimant que cet accord arrive trop tard, car le monde connaît actuellement un excédent de production de vaccins anti-Covid-19. Par conséquent, la levée des brevets protégeant les vaccins anti-Covid-19, appliquée pour une période de cinq ans, est considérée comme un grand succès lors de cette conférence.

La 12e conférence ministérielle de l’OMC a obtenu plusieurs accords, le 17 juin 2022. Photo: AFP

Une OMC appelée à se réformer

Depuis la création de l'OMC en 1995, les échanges commerciaux mondiaux ont plus que doublé et les droits de douane ont baissé de 9%. Des milliards de personnes ont pu sortir de la pauvreté grâce à leur participation au commerce mondial. Cependant, pour l'OMC, les cinq dernières années ont été la période la plus difficile de ses 27 ans d'existence. La pandémie de Covid-19 et le confinement ont lourdement impacté le commerce mondial, à cela doit s’ajouter le conflit russo-ukrainien qui a durement affecté l'approvisionnement alimentaire mondial. Ces crises ont exacerbé le protectionnisme dans le monde.

Les fluctuations politiques, sécuritaires, économiques et commerciales posent à l'OMC des défis majeurs à relever.  Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, les deux plus grands membres de l'OMC, est si complexe qu'il dépasse sa capacité de résolution.

Les accords multilatéraux obtenus après plus de deux ans de crise sanitaire ont permis de renforcer le rôle de l’OMC et son influence à l'ère de la mondialisation.

Depuis 2013, jusqu'à la tenue de la 12^e Conférence ministérielle de l'OMC, aucun accord commercial multilatéral n’a été conclu. Ainsi, ces accords «historiques» constituent une force motrice incitant l’Organisation mondiale du commerce à se réformer dans les temps à venir.