(VOVWORLD) - Dans un rapport publié le 11 décembre, l'ONU a signalé que le monde continuerait à faire face à des défis humanitaires sans précédent, alors que les conflits et les effets du changement climatique pousseront de nombreuses communautés vers une vulnérabilité accrue. Cependant, les agences de l'ONU font face à une pénurie croissante de financements.
Beaucoup de gens ont du quitter leur domicile en raison du conflit Hamas - Israël. Photo: AFP/TTXVN |
Dans son rapport intitulé "Perspectives humanitaires mondiales 2024", l'ONU a averti que les conflits, les urgences climatiques et l'effondrement de nombreuses économies pourraient entraîner une grave famine, d'importants déplacements et la propagation de maladies.
Les conflits alimentent une crise humanitaire
Les tensions géopolitiques ont conduit à de nombreux conflits dans diverses régions du monde en 2023. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), actuellement, un enfant sur cinq dans le monde vit dans une zone de conflit ou a dû fuir ces zones. Environ 258 millions de personnes dans le monde sont touchées par une famine d'urgence, ce qui signifie qu'elles pourraient mourir immédiatement si elles n'ont pas accès à une aide alimentaire. De plus, dans le monde, une personne sur 73 a dû être déplacée en raison de conflits, de catastrophes naturelles ou de crises économiques, soit le double par rapport à 2013.
Actuellement, la situation humanitaire dans la bande de Gaza se détériore de jour en jour. Selon les données publiées par l'ONU en début de semaine, 85% des Gazaouis, soit environ 1,6 million de personnes, ont dû quitter leur domicile en raison des affrontements entre le Hamas et l'armée israélienne. Plus de 18.000 civils, dont de nombreux enfants, ont été tués, et environ 50.000 personnes ont été blessées. Selon le Programme alimentaire mondial de l'ONU (PAM), la moitié de la population de Gaza, soit près d'un million de personnes, souffre de la famine.
S'exprimant à Genève (Suisse) le 12 décembre à l'occasion du 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l'ONU (1948-2023), le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Turk, a déclaré que la situation humanitaire dans la bande de Gaza était au bord de l'effondrement.
Cependant, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, au Bureau de la coordination des affaires humanitaires Martin Griffiths, estime que l'attention mondiale ne devrait pas être uniquement portée sur la bande de Gaza, car le Moyen-Orient, le Soudan, l'Afghanistan, ou l'Afrique de l'Est sont également des points chauds nécessitant des campagnes humanitaires d'urgence à grande échelle. Le représentant du Programme alimentaire mondial en Somalie, Petroc Wilton, a partagé ce point de vue en soulignant: «Nous avons récemment été témoins d'une série de chocs climatiques. En Somalie, la famine a atteint son niveau le plus grave depuis 10 ans, alors qu'une terrible inondation ravage le pays, affectant des familles déjà en situation d'insécurité alimentaire depuis des années et qui se remettent suite à une sécheresse chronique».
Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d'urgence, au Bureau de la coordination des affaires humanitaires, Martin Griffiths. Photo: AFP/TTXVN |
Pénurie de financements
Pour faire face aux défis humanitaires mondiaux croissants, l'ONU a besoin d'un soutien financier considérable. Selon le Secrétaire général adjoint de l'ONU, Martin Griffiths, le soutien de la communauté internationale n'est pas suffisant pour répondre aux besoins réels. En effet, cette année, l'ONU n'a mobilisé que 35% des 56,7 milliards de dollars proposés, marquant ainsi une année de grave pénurie de fonds. Avec ces ressources financières, l'ONU ne peut secourir et protéger que 128 millions de personnes cette année.
Toujours selon Martin Griffiths, l'ONU a réduit le niveau des contributions pour 2024 à 46,4 milliards de dollars et se concentrera sur la fourniture d'une aide aux groupes les plus nécessiteux parmi les quelque 300 millions de personnes ayant besoin d'une assistance humanitaire. Il a clairement indiqué que sans réduire le montant mobilisé, il serait très difficile d'atteindre les objectifs, car les pays donateurs eux-mêmes font face à des difficultés dues à la crise du coût de la vie.
"Nous nous concentrons sur les besoins spécifiques de 181 millions de personnes parmi les 300 millions ayant besoin d'aide humanitaire. Il existe d'autres organisations telles que la Croix-Rouge, Médecins Sans Frontières et de nombreuses autres organisations qui feront également des appels à la contribution et mettront en place leurs propres plans d'action," a-t-il déclaré.
L'ONU a déclaré que le montant mobilisé pour l'année suivante serait utilisé pour aider 72 pays, dont 26 se trouvent en crise et 46 sont des pays voisins subissant les répercussions des crises dans ces pays. Les cinq pays ayant le plus besoin d'aide sont la Syrie (4,4 milliards de dollars), l'Ukraine (3,1 milliards de dollars), l'Afghanistan (3 milliards de dollars), l'Éthiopie (2,9 milliards de dollars) et le Yémen (2,8 milliards de dollars). Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord seront deux régions qui auront besoin du plus d'aides, de l'ordre de 13,9 milliards de dollars l'année prochaine.
Cependant, l'ONU estime que le changement climatique pourrait progressivement devenir le principal facteur exposant de nombreuses personnes à la vulnérabilité, nécessitant ainsi une aide humanitaire, ce qui pourrait compliquer le travail de planification des agences humanitaires de l'ONU.