Moscou-Pyongyang: un partenariat gagnant-gagnant

(VOVworld) - Ri Su-yong, le nouveau ministre nord-coréen des Affaires étrangères, vient d’entamer une visite de 10 jours en Russie. Cela faisait 4 longues années que Pyongyang n’avait pas envoyé l’un de ses hauts dirigeants à Moscou, eu égard sans doute à un certain refroidissement des relations bilatérales. Mais cette fois-ci, les deux pays ont de bonnes raisons de se rapprocher, à commencer par les désaccords qui les opposent aux autres grandes puissances de la planète.

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Ri Su-yong, le nouveau ministre nord-coréen des Affaires étrangères. Photo: UN

60 ans après la signature de l’accord d’armistice entre les 2 Corées, les relations entre Pyongyang et les grandes puissances sont toujours régies par la géo-politique et par la délicate question du nucléaire, pomme de discorde s’il en est. Il y a le camp des alliés, avec notament la Russie et la Chine, mais aussi le camp de ceux qui ouvertement hostiles au régime nord-coréen, avec à sa tête, les Etats-Unis, le Japon et bien sûr la République de Corée. Autant le dire d’entrée de jeu, les antagonismes semblent bel et bien irréconciliables. Et pour ce qui est de pacifier et de dénucléariser la péninsule coréenne, là encore, cela relève de la mission impossible.

Où est-on aujourd’hui? Les pourparlers à six sont au point mort depuis 2008. Quant à la Chine, le grand voisin de Pyongyang, elle montre un appétit de plus en plus dévorant en Asie-Pacifique. Si l’on ajoute à tout cela que la Russie et la République Populaire Démocratique de Corée sont soumises l’une et l’autre à des embargos occidentaux, personne ne s’étonnera de voir s’esquisser une sorte d’alliance entre Moscou et Pyongyang.

Un partenariat gagnant-gagnant

Maintenir la stabilité... C’est bien ainsi que Moscou envisage l’avenir de la péninsule coréenne. La Russie n’a en effet aucun intérêt à voir un conflit éclater en Extrême-Orient. Elle a par contre tout intérêt à miser sur une République Populaire Démocratique de Corée qui s’oppose aux Etats-Unis et qui veut abandonner le «rêve chinois»… En fait, les Russes sont convaincus que les Nords-Coréens peuvent les aider à accroître leur influence dans la région.     

Pour l’heure, la Russie s’emploie à persuader la République Populaire Démocratique de Corée de retourner à table de négociations, qu’elle a quittée en 2008. Si elle y parvenait, ce serait en effet un véritable coup d’éclat diplomatique, qui viendrait à point nommé pour contrebalancer les effets dévastateurs de la crise ukrainienne.  Contrairement à Washington qui ne cesse de réclamer à cor et à cris l’abandon pur et simple du nucléaire et qui en fait même un préalable à toute reprise des discussions, Moscou semble avoir opté pour la méthode douce, offrant même à Pyongyang d’effacer 90% de sa dette et de prévoir des facilités de paiement pour les 10% restants. Pas étonnant, dès lors, que Pyongyang se remette à considérer Moscou avec l’œil de Chimène.

Et puis il ne faut pas oublier que la Russie est tout de même la 8ème économie mondiale et qu’en saisissant cette main tendue, la République Populaire Démocratique de Corée pourrait, au moins partiellement, sortir de l’isolement quasi-planétaire dans lequel elle se retrouve confinée. A ce jour, la Russie reste le 3ème partenaire commercial de la République Populaire Démocratique de Corée, avec des flux capitaux estimés à 100 millions de dollars chaque année. Et maintenant que les échanges se font en roubles, les relations commerciales ne cessent de se développer. Signe de cette embellie, Moscou est sur le point de publier une liste de sociétés russes souhaitant opérer dans des projets d’exploitation minière en République Populaire Démocratique de Corée, celle-ci, étant prête, en contrepartie, à importer du pétrole, des matières industrielles et des produits agricoles russes.

Un futur contre-poids prometteur

Les experts sont unamimes sur ce point: un partenariat renforcé russo-nord-coréen pourrait changer la donne. En effet, depuis plusieurs années, Pyongyang s’efforce de s’affranchir de la Chine. La presse nord-coréenne émet d’ailleurs des critiques de moins en moins nuancées à l’égard de «l’allié traditionnel». On aura également noté qu’en avril dernier, le Parti du Travail de Corée a ordonné aux sociétés publiques nord-coréennes de se tourner vers la Russie et l’Europe: signe s’il en fallait un, que Pyongyang regarde désormais ailleurs.   

Etant données ce que sont ses relations avec Séoul ou avec Washington, Pyongyang a sans doute tout à gagner en misant sur Moscou. Les 2 pays parviendront-ils à vraiment se rapprocher? Le temps apportera sa réponse./.

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