Plusieurs dirigeants européens se rendent en Chine: Des visées stratégiques

(VOVWORLD) - Le président Emmanuel Macron est attendu en Chine ce mercredi 5 avril pour une visite d’État de trois jours, à l’invitation de son homologue chinois Xi Jinping. Le chef de l’État français sera accompagné de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Plus important encore, il s’agira de la deuxième visite officielle consécutive en Chine d’un dirigeant européen en une semaine, reflétant ainsi une attention particulière de l’Europe à l’égard de Pékin, la deuxième économie mondiale.

Les visées de l’Europe

Ce voyage du président français intervient quelques jours seulement après la visite à Pékin du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et quelques jours avant la visite prévue du haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, et de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock. Selon les analystes, les visites consécutives des dirigeants européens en Chine n’est pas une coïncidence, mais s’accompagnent de nombreuses visées stratégiques et ambitieuses.

Ces visites se déroulent dans un contexte où le conflit russo-ukrainien continue d’avoir des impacts profonds sur l’ensemble de l’Europe dans tous les secteurs, notamment la sécurité, la défense, l’économie et l’énergie. Entre-temps, Pékin s’affirme de plus en plus à l'échelle mondiale, notamment en termes de diplomatie et d’économie. En particulier, la Chine s’emploie actuellement à renouer ses liens étroits avec la Russie, qui subit de fortes pressions de la part de l’Europe, des États-Unis et de leurs alliés via des milliers de sanctions et d’embargos liés à la crise ukrainienne. Par ailleurs, les relations Europe-Chine sont à un niveau assez bas depuis 2019 après que l’UE a pour la première fois publiquement identifié Pékin comme un «rival systémique». De nombreux dirigeants européens estiment que les relations bilatérales doivent être améliorées pour mieux s’adapter au nouveau contexte.

D’après les observateurs, les dirigeants européens se rendent en Chine avec des visées très claires concernant notamment l’Ukraine. Bruxelles tente en effet de persuader Pékin de réduire son soutien et faire pression sur Moscou pour qu’il mette fin à son opération militaire qui dure depuis plus d’un an en Ukraine. Un rapprochement avec la Chine dans tous les domaines s’avère donc nécessaire, d’une part pour la convaincre dans le dossier ukrainien, et d’autre part, pour tirer davantage de profits économiques de la part de la Chine, qui est actuellement le premier partenaire commercial des 27.

Lors de sa visite en Chine fin mars dernier, le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a demandé au président chinois Xi Jinping de dialoguer avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ces derniers temps, de nombreux pays européens se sont également intéressés de près au plan de paix en douze points de la Chine pour résoudre le conflit en Ukraine.

Les défis et perspectives…

Selon les analystes, les visées de l’Europe envers la Chine sont compréhensibles mais difficiles à mettre en œuvre, notamment celles liés à la Russie et à la crise en Ukraine.

S’agissant des relations sino-russes, lors de sa visite officielle à Moscou en mars dernier, le président chinois Xi Jinping s’est entretenu avec son homologue russe Vladimir Poutine. Les deux hommes ont publié une déclaration commune affirmant que l’approfondissement des relations sino-russes constituait un choix stratégique des deux parties en fonction de la situation de chaque pays, un choix qui n’est soumis à aucune influence extérieure.

Concernant le conflit russo-ukrainien, il s’agit d’une crise compliquée avec l’implication de nombreuses parties, dans laquelle l’Europe et les États-Unis se rangent définitivement du côté ukrainien en lui fournissant des équipements et armes lourdes. Par conséquent, la résolution de cette crise nécessite des efforts conjoints et une forte volonté politique de toutes les parties concernées.

Cependant, grâce à sa crédibilité grandissante à l’échelle mondiale, notamment après avoir réussi à réconcilier l’Iran et l’Arabie saoudite, la Chine est perçue comme une puissance susceptible de créer des changements positifs dans la résolution des conflits en général. Le haut représentant européen aux affaires étrangères et à la sécurité, Josep Borrell, a estimé, le week-end dernier, que la Chine détenait la capacité à faciliter le règlement du conflit ukrainien. Le chef de la délégation chinoise auprès de l’UE, Fu Tong, a, quant à lui, affirmé que la Chine était disposée à se joindre à l’UE pour promouvoir le processus de paix en Ukraine.

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