(VOVWORLD) - Abdullah Abdullah, chef de l’exécutif afghan et principal rival du chef de l’État Ashraf Ghani à l’élection présidentielle, n’a pas attendu l’annonce de la commission électorale pour se déclarer vainqueur ce lundi, d’un scrutin marqué par une abstention record. Seulement 2,2 millions de personnes se sont rendus aux urnes samedi 28 septembre, soit moins de 20% des électeurs.
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Jusqu’ici, le taux de participation le plus bas avait été enregistré lors des présidentielles de 2009 et frôlait les 38%. La menace des attentats des Talibans et le pessimisme sur l’avenir du pays expliquent la très large défection des électeurs afghans le 28 septembre.
Tension palpable
Jusqu’à début septembre 2019, la tenue de ces élections n’était pas assurée. Des pourparlers entre les États-Unis et les Talibans sur un retrait des forces américaines étaient en cours et de nombreuses personnalités politiques, dont l’ancien président Hamid Karzaï s’était déclaré favorable à leur report pour ne pas les perturber. Suite à l’interruption brutale des pourparlers par le président américain, les élections qui étaient sur le point d’être reportées se sont retrouvées au cœur du débat politique.
Leurs négociations avec les États-Unis ayant tourné court, les Talibans ont tout fait pour empêcher la tenue des élections. Ils ont averti la population de ne pas aller voter, annonçant que leurs moudjahidines viseraient les bureaux de vote. Et de fait, entre le 6 août et le 22 septembre, 240 civils et 40 agents de sécurité ont été victimes d’attentats revendiqués par les Talibans.
Si beaucoup étaient apeurés, un bon nombre d’électeurs sont aussi restés chez eux faute de croire à une amélioration de leurs conditions d’existence, dans ce pays plongé dans la violence et l’instabilité économique depuis plusieurs décennies.
Peu d’espoir vers un changement positif
Le scrutin de 2019 s’est donc déroulé dans un climat de peur et de profonde division au sein de ce gouvernement d’unité nationale formé il y a cinq ans à l’issue d’une élection marquée par des irrégularités si graves que les États-Unis avaient imposé, par leur médiation, la création du poste d’Adbullah Adbullah comme Chef de l’exécutif, un équivalent de Premier ministre, auprès d’Ashraf Ghani, pour mettre fin au blocage.
Les relations entre les deux hommes sont aujourd’hui très tendues et le président Ghani a déjà fait savoir que s’il gagnait le 28 septembre, il n’accepterait plus un gouvernement d’unité nationale. Son rival a estimé qu’il était un obstacle à la paix dans le pays.
Les résultats préliminaires doivent être annoncés le 19 octobre et les définitifs le 7 novembre. Si aucun des candidats du premier tour n’a reçu plus de 50 % des suffrages, un deuxième tour se tiendra alors dans les deux semaines suivantes.
Alors que l’un des enjeux du scrutin est de procurer au futur chef de l’État une légitimité suffisante pour espérer devenir un interlocuteur incontournable dans d’éventuelles négociations de paix avec les Talibans, ni Abdullah Abdullah, ni Ashraf Ghani n’a été capable de proposer une feuille de route pour faire sortir le pays du chaos.