Réduction des aides militaires - un recul dans les relations américano-égyptiennes

(VOVworld) - En réaction à la répression dont font l’objet les partisans du président égyptien déchu Mohamed Morsi, les Etats-Unis ont annoncé ce mercredi qu’ils « recalibraient » leur aide militaire et financière à l’Egypte. Chacun est en droit de se demander si cette décision, qui a des allures de sanction, ne risque pas de peser trop lourdement sur l’Egypte et finalement, de priver les Américains d’un allié indispensable au Moyen-Orient.

 
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Des tanks de l'armée égyptienne se positionnent près d'une entrée de la place Tahrir au Caire, le 16 août. Source: AP


Un préjudice financier et militaire

L’aide financière que Washington a décidé de suspendre s’élève à 260 millions de dollars. Les Etats-Unis ont par ailleurs suspendu la livraison de 10 hélicoptères Apache, d’avions de combats F-16, de chars d'assaut M1A1 Abrams et de missiles Harpoon. Ils avaient déjà annulé une manoeuvre militaire commune avec l’Egypte et reporté la livraison de 4 F-16.

Washington gèle donc sa fourniture de matériel militaire et son assistance financière « en attendant des progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu », a expliqué le département d'Etat. Le Président Barack Obama souhaite par ailleurs voir le gouvernement provisoire égyptien adopter une attitude moins répressive à l’encontre des pro-Morsi.

La suspension de cette aide militaire américaine n’a rien de vraiment surprenant pour l’Egypte. Le bruit courait déjà que Washington allait recalibrer son aide à l’Egypte, en réaction au renversement du président Mohamed Morsi en juillet dernier et à la  répression sanglante qui a suivi.    

Une alliance mise à mal

Cette décision américaine n’a pas manqué de susciter de vives critiques de la part du gouvernement provisoire égyptien. Le porte-parole du ministère égyptien des Affaires Etrangères, Badr Abdelatty, n’a pas hésité à parler d’une décision « inappropriée », l’Egypte devant actuellement faire face à des défis dangereux, relatifs au terrorisme, notamment. Selon lui, la classe politique égyptienne ne sait plus si elle peut encore compter sur l’appui des Etats-Unis en matière de sécurité. Pas question, en tout cas, de changer de cap, a martelé Badr Abdelatty.           

Le Premier Ministre par intérim Hazem El-Beblawi a, quant à lui, opportunément rappelé que dans le passé, il était arrivé à son pays d’acheter des armes russes, et qu’il pourrait bien chercher à nouveau à se passer de l’aide américaine, le cas échéant.  L’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis et le Koweit se sont d’ailleurs engagés à octroyer des aides allant jusqu’à plusieurs milliards de dollars au nouveau gouvernement égyptien, a-t-il tenu à souligner. Le commandant en chef de l’armée égyptienne, Abdel-Fattah el-Sisi, a de son côté prévenu que son pays ne tolèrerait aucune forme de pression.

Ce recalibrage de l’aide américaine a donc pour premier effet de mettre à mal les relations entre Washington et Le Caire. Mais il pourrait également avoir des répercussions économiques sur un pays déjà en pleine crise, qui ne peut plus beaucoup compter sur le tourisme.          

Des paroles apaisantes

Bien que Washington réduise son aide militaire et financière au Caire, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a assuré que son pays poursuivrait ses aides dans d’autres secteurs : médecine, éducation, lutte contre le terrorisme, sécurité des frontières. Les Etat-Unis n’envisagent pas de tourner le dos à l’Egypte, a-t-il tenu à préciser. Les aides suspendues pourraient d’ailleurs être finalement reconduites, à condition que de réels « progrès crédibles vers un gouvernement civil démocratiquement élu », puissent être constatés.

Ces paroles apaisantes ne suffiront probablement pas…  

Depuis 1978, les Etats-Unis considèrent en principe l’Egypte comme l’un de leurs alliés. Mais rien ne garantit que cet état de fait puisse perdurer. Les Américains sont-ils en train de perdre pied en Egypte ? Probable… Quant aux conséquences…  

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