Relations sino-américaines: un investissement d’avenir

(VOVworld)- Le vice-président chinois Xi Jinping effectue depuis mardi une visite officielle de cinq jours aux Etats-Unis. Ce déplacement vise non seulement à promouvoir la coopération économique, mais aussi à renouer la confiance et à atténuer les différends qui affectent les relations entre les deux plus grandes puissances mondiales du moment.

Plus qu’une visite de courtoisie qui répond à celle effectuée fin 2011 en Chine par son homologue américain Joe Biden, ce voyage aux Etats-Unis du vice-président chinois Xi Jinping est riche de significations. A cette même période, il y a 40 ans, le président américain Richard Nixon effectuait une visite secrète en Chine, à l’issue de laquelle serait publié le communiqué de Shanghaï, instaurant officiellement un mécanisme de dialogue et posant des bases à l’expansion des relations entre les deux pays. La venue aux Etats-Unis de Xi Jinping, probable futur numéro un chinois, en cette période anniversaire, vise donc à renouer des liens qui ont été quelque peu distendus ces derniers temps par toute une série de différends. On songe bien sûr à la déclaration américaine sur “l’ère du Pacifique”, aux désaccords concernant la Syrie, l’Iran ou la République Populaire Démocratique de Corée, mais surtout à cette querelle interminable au sujet du déséquilibre commercial sino-américain, déséquilibre dû en partie à la sous-évaluation du taux de change du yuan. Il ne faut pas non plus oublier que cette année, la Chine et les Etats-Unis se préparent tous deux à des élections qui selon les cas donneront ou pourraient donner lieu à un passage de pouvoir. Dans ce contexte, la visite aux Etats-Unis de Xi Jinping devrait permettre aux deux parties d’être mieux informées de la situation de chaque pays et donc de mieux se comprendre.

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Le vice-président chinois Xi Jinping et son homologue américain Joe Biden

Xi Jinping a été salué aux Etats-Unis par 19 coups de canon, un protocole auquel aucun vice-président étranger n’avait eu droit avant lui. C’est dire à quel point Washington fait grand cas de lui et de la Chine en général. On a ainsi vu se multiplier des accolades chaleureuses et des déclarations sur la nécessité de maintenir les relations avec la Chine. Et pourtant, cela n’a pas empêché les dirigeants américains d’aborder les sujets qui fâchent. En recevant Xi Jinping, le président Barack Obama a averti que l’émergence de la Chine au cours des deux dernières décennies devait aller de pair avec des actes “responsables”. Pékin doit maintenir des flux commerciaux équilibrés, non seulement avec les Etats-Unis mais aussi avec les autres pays, a-t-il ajouté. Même son de cloche du côté du vice-président Joe Biden selon lequel la coopération sino-américaine n’apportera des intérêts réciproques qu’à condition d’une concurrence équitable. Il faut savoir que le commerce avec la Chine constitue une préoccupation majeure de Washington. Les candidats républicains à la présidentielle dénoncent toujours un manque de rigueur de la part de Barack Obama face à la politique monétaire chinoise. Les Etats-Unis ont maintes fois exhorté la Chine à dévaluer davantage sa monnaie pour réduire leur déficit commercial qui dépasse désormais les 295 milliards de dollars. Ils dénoncent une sous-évaluation excessive du yuan par rapport au dollar, accusant Pékin de mener une série de politiques défavorables aux entreprises américaines. Mais le taux de change du yuan n’est absolument pas la seule pomme de discorde entre les deux parties. Les Américains ont également fait part de leur déception face au véto chinois imposé au projet de résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies relatif à la Syrie ou encore au refus de Pékin de sanctionner l’Iran.

D’un autre côté, les nouvelles orientations américaines préoccupent la Chine et le vice-président chinois a tenu à le souligner. Le mois dernier, le président Obama a inauguré une nouvelle stratégie militaire qui consiste essentiellement à intensifier la présence militaire américaine en Asie-Pacifique, en proie à des conflits. Pékin craint ce retour en Asie de Washington ainsi que ses plans d’élargissement de la coopération militaire avec les Philippines et l’Australie. Le vice-ministre chinois des Affaires Etrangères Cui Tiankai a d’ailleurs mis en garde contre un “déficit de confiance” entre la Chine et les Etats-Unis, appelant les deux parties à prendre en compte ce risque très sérieusement. Et alors que le vice-président Xi Jinping était déjà aux Etats-Unis, le journal Global Times du Parti Communiste Chinois a publié un éditorial affirmant que la Chine devait mettre ses intérêts par-dessus tout. Les Etats-Unis et l’Europe sont certes des partenaires importants de la Chine, mais celle-ci ne saurait sacrifier ses intérêts à ceux de l’Occident, peut-on également lire. Il paraît dès lors logique que lors de sa visite aux Etats-Unis, sans délaisser le ton édulcoré qui est celui du langage diplomatique, Xi Jinping continue de défendre les points de vue de Pékin, affirmant sa volonté d’édifier une coopération mutuellement bénéfique basée sur le respect réciproque. Le principal but officiel de ce voyage est d’ailleurs de mettre en oeuvre l’accord signé lors de la dernière visite du président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis, et d’intensifier les relations entre les deux pays.

Les observateurs estiment qu’il ne faut pas s’attendre à des progrès majeurs dans le règlement des litiges entre les deux pays lors de ce séjour aux Etats-Unis de Xi Jinping, cette visite ayant surtout pour vocation de “chercher à comprendre” et à “faire connaissance”. Mais on peut espérer que cette visite posera les premiers fondements d’un avenir plus prometteur de la coopération sino-américaine.

Anh Huyen

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