Royaume-Uni - Union européenne : le torchon brûle

(VOVworld)-(VOVworld) - Le Premier ministre britannique David Cameron a délivré hier à Londres une déclaration sur le devenir des relations entre son pays et l’Union Européenne, dans une allocution très attendue par l’opinion internationale. David Cameron a promis - s'il est réélu - d'organiser un référendum sur le maintien du Royaume-Uni dans l’Union européenne. Ce sera “une question claire: in/out” (“dedans ou dehors”), a-t-il indiqué, tout en restant approximatif sur la date dudit référendum : pour la première moitié du prochain mandat parlementaire, soit entre mai 2015 et fin 2017... Cette déclaration confirme en tout cas que le Royaume-Uni est bel et bien l’enfant terrible de l’Union européenne.


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Le Premier ministre britannique David Cameron (Photo : Lefteris Pitarakis/AP/SIPA)



Dans son allocution, David Cameron a indiqué qu’avant tout, il voulait renégocier les conditions relatives au statut de membre du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, sur fond de désespoir accru des Britanniques quant aux perspectives que leur offre l’Europe des 27. Après négociations, ce serait donc à ces derniers de décider du maintien, ou non, du Royaume-Uni, au sein de l’Union. David Cameron a été clair : si son parti l’emporte lors des élections générales en 2015, le référendum aura lieu durant la première moitié du prochain mandat parlementaire, soit entre mai 2015 et fin 2017.

Si le torchon brûle entre le Royaume Uni et ses 26 autres partenaires de l’Union, c’est avant tout à cause de la crise de la dette publique en Europe. En envisageant publiquement l’éventualité d’un retrait, David Cameron ne fait qu’exprimer un désenchantement qui n’aura cessé de croître au cours de ces dernières années, au sein de la population britannique, la principale pierre d’achoppement demeurant la question du fonctionnement budgétaire. Mais d’aucuns veulent voir, dans cette déclaration fracassante, l’émergence d’un véritable lobby eurosceptique de plus en plus influent au Royaume-Uni, dont l’UKIP - United Kingdom Independent Party - serait le fer de lance. Le parti en question n’a de cesse de tirer à boulets rouges sur l’Europe des 27, en expliquant que celle-ci engendre, pour le Royaume-Uni, une perte d’autonomie, aussi bien sur le plan diplomatique que sur le plan économique.     

Il faut savoir qu’en cas de retrait de l’Union européenne, le Royaume-Uni pourrait économiser 8 milliards d’euros par an : le coût de sa cotisation au budget européen et des préjudices causés par la politique agricole commune. Pas d’inquiétude non plus en terme de transactions financières pour Londres : les règlementations européennes ne seraient plus en vigueur. Alors, qu’auraient à perdre les sujets de sa très gracieuse majesté en retournant ainsi à leur splendide isolement ? Beaucoup, en termes d’échanges commerciaux. Pour l’instant, la moitié des exportations britanniques sont absorbées par les pays membres de l’Union européenne. Et s’il lui fallait renégocier des dizaines d’accords commerciaux, le Royaume-Uni ne serait évidemment pas en position de force face à ceux qui seraient alors ses anciens partenaires. Quant à son rôle et sa position sur l’échiquier international, ils en sortiraient amoindris.         

Pour toutes ces raisons, le discours de David Cameron laisse perplexe. Ed Milliband, qui est le leader de l’opposition, a estimé qu’en agissant de la sorte, le Premier ministre ne prenait pas en compte les intérêts économiques nationaux. De son côté, le vice-Premier ministre britannique Nick Clegg a accusé David Cameron de menacer l’économie nationale en créant une situation équivoque. Toujours selon Nick Clegg, les discussions sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne pourraient avoir des impacts négatifs sur les création d’emplois et la croissance économique, tout comme sur les investissements étrangers. Les groupes économiques Ford et BMW, deux groupes qui fournissent du travail à 20.000 ouvriers britanniques, ont d’ores et déjà averti le Premier ministre britannique d’une éventuelle paralysie économique en cas de retrait de l’Europe des 27. Il faut enfin savoir que selon un sondage effectué par YouGov les 17 et 18 janvier, seulement 34% des Britanniques interrogés souhaitent que leur pays quitte l’Union européenne, contre 50% en novembre dernier.

Le discours de David Cameron inquiète également plusieurs alliés du Royaume-Uni, à commencer par les Etats-Unis. Même son de cloche en Allemagne : le président de la commission chargée des affaires européennes du Bundestag (le Parlement allemand) a affirmé que si le Royaume-Uni se retirait de l’Union Européenne, ce serait une catastrophe pour l’économie européenne. Quant au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, il a averti qu’un retrait britannique pourrait conduire l’Union européenne à son effondrement. Le ministre français des Affaires Etrangères, Laurent Fabius, a pour sa part qualifié ce référendum d’idée “dangereuse”.

Le Royaume-Uni a adhéré à l’Union européenne assez tard, officiellement en 1973, et il reste en dehors de la zone euro. Et aujourd’hui, l’éventualité d’un retrait, telle qu’elle vient d’être exprimée par David Cameron, montre bien avec quelle réticence les Britanniques considèrent cette Union.

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