Russie-Chine: puisqu’on a besoin l’une de l’autre

(VOVworld) - La rencontre Russie-Chine en marge du forum de l’APEC qui vient d’avoir lieu à Pékin a retenu toute l’attention de l’opinion internationale. C’était la 10ème fois en deux ans que Vladimir Poutine rencontrait Xi Jinping. A cette occasion, Russes et Chinois ont signé une série d’accords de coopération, traduisant leur volonté commune d’établir une relation particulière, celle entre les deux plus grandes puissances d’Asie et d’Europe.

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A Pékin, après les accolades chaleureuses, 17 documents de coopérations ont été signés. L’un consiste à construire un gazoduc pour acheminer du gaz russe en Chine. Avec 38 milliards de mètres cubes par an, la Chine deviendra le plus grand consommateur du gaz russe, bien devant l’Europe.

Les deux parties ont également convenu de mener un projet d’investissement commun dans l’oblast d’Arkhangelsk, de co-financer et de participer à la construction et au fonctionnement d’une centrale hydroélectrique en Extrême-Orient russe. Les autres accords concernent les finances, les chemins de fer à grande vitesse, les technologies de l’information ou encore l’aérospatiale.

Une relation mutuellement avantageuse

Le rapprochement russo-chinois est essentiellement motivé par leurs préoccupations géopolitiques communes et par leur méfiance à l’égard des Etats-Unis. La crise ukrainienne a poussé la Russie et les Etats-Unis dans une nouvelle Guerre froide. L’affrontement des deux pays n’avait jamais été aussi évident depuis l’éclatement de l’Union soviétique, en 1991. Et comme à cette époque, la Chine est devenue aujourd’hui le pays « arbitre ». Russes et Américains souhaitent tous bénéficier de son soutien. Dans les circonstances actuelles, Moscou semble avoir une légère avance. Leurs similitudes économiques, politiques et leur position à l’égard de l’Occident font que Russes et Chinois sont plutôt sur la même longueur d’ondes. Il ne faut pas non plus oublier qu’au sein du Conseil de sécurité, ces deux membres permanents se sont toujours comportés en alliés proches dans une série de dossiers : syrien, iranien, nord-coréen…

Alors que la Chine et les Etats-Unis entretiennent une relation équivoque, à la fois adversaires et partenaires, à la fois coopérants et concurrents, la Russie est allée chercher l’appui chinois pour sortir de son isolement actuel. Faisant l’objet d’une multitude de sanctions occidentales, la Russie a besoin de trouver une issue à son économie grâce aux investissements étrangers, a fortiori chinois.

Mais à l’identique, la Chine a aussi besoin de la Russie. Avide de ressources naturelles, énergétiques en premier lieu, pour alimenter sa croissance économique, la Chine a aussi des litiges territoriaux avec plusieurs de ses voisins. Son ambition de devenir la « super-Chine » la condamne à un parcours solitaire à l’encontre des autres pays du monde. Autant de raisons qui expliquent la décision chinoise d’établir une nouvelle alliance avec la Russie, une coopération mutuellement avantageuse.

Une relation entre deux superpuissances Asie-Europe

En fait, les accords signés en marge du forum de l’APEC ont été un succès autant pour la Russie que pour la Chine, sur le plan économique mais aussi politique. Le président russe Vladimir Poutine a pu faire passer son message : les tentatives d’isoler Moscou sont vaines. Pour restaurer la place qui était la sienne, la Russie a choisi d’être complètement indépendante de l’Occident. Le succès pour la Chine est encore plus évident. Elle a besoin d’une énergie naturelle pour réduire les conséquences néfastes des combustibles issus du charbon qui polluent sérieusement ses villes. En plus, elle pourra acheter le gaz à un prix moins cher qu’avant.

Cette relation d’intérêt réciproque explique pourquoi lors de leur rencontre bilatérale, Vladimir Poutine et Xi Jinping se sont adressé des paroles mutuellement chaleureuses. Le président russe a souligné que la coopération russo-chinoise visait à garantir que le monde fonctionne conformément au droit international pour qu’il se développe de manière plus durable et plus prévisible. Quant à lui, le président chinois a comparé la relation entre les deux pays à un arbre en train de donner ses fruits. "Maintenant que nous sommes en automne, l'heure est venue de récolter les fruits. Quels que soient les changements dans l'arène mondiale, nous devons poursuivre sur la voie que nous avons choisie, pour prolonger et renforcer notre coopération mutuellement fructueuse", a-t-il dit.

La Russie et la Chine souhaitent toutes deux affirmer leur rôle de superpuissance dans la région. Elles ont besoin l’une de l’autre pour réaliser leur ambition.

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