Russie/Turquie : Vers une normalisation des relations

(VOVworld) - Après sept mois de tensions, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est finalement excusé le 27 juin auprès de Vladimir Poutine pour l'avion de chasse russe abattu par la Turquie en novembre 2015. Qu'est-ce qui a poussé le président turc à présenter ses excuses à la Russie ?

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Dans une lettre envoyée à son homologue russe Vladimir Poutine, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé ses sincères condoléances à la famille du pilote russe tué et s'est excusé.  Il a aussi promis de traduire en justice Alparslan Celik, le présumé coupable du meurtre du pilote russe Oleg Pechkov.

Pour rappel, le 24 novembre 2015, un bombardier russe avait été abattu par l'aviation turque près de la frontière syrienne, provoquant la mort du pilote. « La perte d’aujourd’hui est un coup de poignard dans le dos qui nous a été porté par les complices des terroristes », avait dénoncé alors Vladimir Poutine. Moscou avait, à plusieurs reprises, exigé des excuses d’Ankara. En vain. La Turquie estimait que l’avion russe était entré dans son espace aérien alors que Moscou affirmait qu'il survolait le territoire syrien et n'avait pas reçu les alertes d'usage. Cet incident avait provoqué une crise aiguë entre les deux pays et la Russie avait pris de nombreuses mesures de rétorsion contre Ankara : interdiction des vols charters russes à destination de la Turquie, rétablissement des visas pour les ressortissants turcs voyageant en Russie, interdiction d’embaucher des travailleurs turcs, en plus d'un embargo sur les importations en fruits et légumes.

Pourquoi ce revirement turc ?

Le revirement du gouvernement Recep Tayyip Erdogan s’expliquerait par la conjoncture internationale  et la situation  intérieure turque.

Sur le plan international, Ankara s'est retrouvée isolée diplomatiquement.  Ses relations avec les voisins se sont détériorées suite aux offensives lancées par Ankara contre les Kurdes en Syrie et en Irak. Son gouvernement est accusé par la communauté internationale d’avoir laissé les jihadistes de l’Etat islamique se déplacer librement à la frontière entre la Turquie et la Syrie. Même les Etats-Unis, allié traditionnel de la Turquie, et l’OTAN ont décidé de ne pas s'impliquer dans la crise russo-turque pour éviter un nouveau conflit avec la Russie dont les relations étaient déjà très tendues.

Sur le plan intérieur, l’embargo russe coûte cher à la Turquie. Un responsable turc a parlé d’une perte de 12 milliards de dollars par an, soit 4 fois de plus que prévu. En janvier 2016, la valeur des exportations turques vers la Russie n’était que de 108 millions de dollars, soit une baisse de deux tiers en glissement annuel. La croissance du PIB turc devrait chuter de 0,3% en 2016, selon les prévisions de la Banque européenne.

Le rapprochement russo-turc devrait profiter à la lutte contre le terrorisme dont la Turquie est victime. Depuis le début de l’année, la Turquie a été la cible de nombreux attentats terroristes. Tout récemment, le 28 juin, un triple attentat-suicide a eu lieu à l’aéroport d’Istanbul faisant 41 morts et de nombreux blessés, selon un bilan encore provisoire.

Enfin, des changements sont intervenus au sein du gouvernement turc qui suit désormais une politique « orientée sur l'augmentation du nombre d'amis et sur la désescalade des tensions ».

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La bonne volonté des Russes

Avant les tensions, les échanges commerciaux entre la Russie et la Turquie s'élevaient à 40 milliards de dollars par an et les deux pays avaient même envisagé de porter ce chiffre à 100 milliards de dollars en 2020. Moscou et Ankara étaient aussi sur le point de signer un projet de gazoduc, Turkish Stream.

Deux jours après avoir reçu les excuses d’Ankara, Vladimir Poutine a donné pour instruction à son gouvernement d’entamer des discussions pour rétablir la coopération bilatérale et levé les restrictions sur les vols charters. Le Kremlin parle même d’un processus de normalisation des relations avec la Turquie.

Une rencontre est annoncée entre les deux ministres des Affaires étrangères le 1er juillet à Sotchi. Une entrevue entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan pourrait aussi avoir lieu en marge du prochain sommet du G20 prévu en Chine en septembre. Une nouvelle page semble se tourner dans les relations russo-turques.



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