Sommet Etats-Unis – Afrique : une histoire d’opporturnités

(VOVworld) – Coup d’envoi, ce lundi 4 août, du sommet Etats-Unis/Afrique à Washington. Jamais dans l’histoire, un président américain n’avait reçu autant de chefs d’Etat et de gouvernement africains. Ils seront une cinquantaine à être présents dans la capitale fédérale pour parler surtout affaires, mais aussi sécurité et gouvernance, durant trois jours.

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Le président Barack Obama (à gauche) s’entretenant avec
son homologue sénégalais Macky SallMacky Sall lors d’une rencontre bilatérale à Daka. Photo:internet

Le sommet Etats-Unis/ Afrique se poursuivra jusqu’à mercredi dans la capitale américaine. A l’ordre du jour : le virus Ebola qui frappe l’Afrique de l’Ouest, l’enlèvement des lycéennes nigérianes par Boko Haram, la guerre civile au Soudan du Sud, en Somalie et au Kenya. Mais les relations économiques seront l’axe majeur de cette réunion historique à laquelle nombre d’entreprises américaines participent. Pour la Maison Blanche, l'objectif est clair, renforcer sa présence partout où elle a des intérêts sur le continent noir. Au seuil du sommet, Barack Obama a pris en haute estime les économies émergentes africaines qui étaient de plus en plus nombreuses.

Economie – l’axe principal de la grand-messe

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, a souligné dès l’ouverture la détermination, américaine et africaine confondue, de dynamiser leur partenariat ainsi que de trouver des opporturnités pour la paix, la sécurité et le développement économique. Le diplomate en chef a exhorté les dirigeants du continent africain de soutenir la libéralisation commerciale mais aussi de créer des milieux d’affaire plus égaux pour les investisseurs étrangers, dont les Américains.

Ces propos visent à rappeler que depuis 5 ans, la Chine a détrôné les Etats-Unis pour devenir le premier investisseur en Afrique. Les Etats-Unis veulent donc conforter leur leadership en Afrique compte tenu de ce qu’ils ne détiennent plus que la troisième place au niveau des échanges commerciaux, derrière l’Union européenne, et largement en tête,  la Chine. A ce jour, Washington n’atteint que 60 milliards de dollars en terme de chiffre d’affaires, alors qu’en 2013, l’Union européenne et la Chine ont enregistré respectivement 200 milliards et 170 milliards de dollars.

Compte tenu par ailleurs que 6 des 10 économies ayant la croissance la plus rapide du monde se situent en Afrique, alors pourquoi pas une coopération américano-africaine ?

Afin de matérialiser leurs ambitions, les Américains devront financer des programmes couteux, alimentaires ou énergiques, estimés à plusieurs milliards de dollars en faveur du continent africain. Il mettra aussi en œuvre de nouveaux projets comme la construction des infrastructures facilitant le commerce frontalier ou des bourses d’études pour les jeunes dirigeants africains.

A une semaine de ce sommet, l’administration Obama a pressé le Congrès américain de proroger l’Agoa, la loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique. La présente loi adoptée en 2000, est le pilier des relations commerciales entre Washington et le continent africain. Elle permet à une liste de produits africains d’être exemptés de taxes lorsqu’ils sont exportés vers les Etats-Unis. Cette liste arrive à expiration en septembre 2015.

Pas mal d’enjeux

Les analystes soupçonnent que les résultats du sommet soient moins positifs que ceux escomptés car les autorités américaines ne sont toujours pas parvenues à mettre en place des mesures de coopération avec les pays africains. Nombre d’observateurs estiment en fait que les États-Unis ont été contraints d’accueillir les dirigeants africains afin de consolider leur position avec leurs pays respectifs. Un sommet qui se réduirait à un événement symbolique risquerait de nuire aux relations entre les États-Unis et l’Afrique, s’il déçoit les dirigeants invités et les entreprises américaines.

Pour faire valoir leurs intérêts en Afrique, les États-Unis doivent donc mettre les bouchées doubles pour rattraper l’avance prise par leurs rivaux, qui ont développé plus tôt et plus rapidement des relations fortes avec le continent. Si l’on compare la position américaine, Washington donne l’impression d’accorder à l’Afrique la plus faible des priorités. Susan Rice, conseillère à la sécurité du président Obama a avoué que les Américains devaient changer leur perception démodée sur l’Afrique. Hors des conflits, des épidémies ou des famines, il faut reconnaître un continent diversifié en pleine mutation.

Le sommet Etats-Unis – Afrique est un moment privilégié qui doit permettre aux Etats africains de construire leur stratégie de coopération avec la première puissance mondiale. Le sommet de Washington s’annonce comme un rendez-vous important pour la géopolitique mondiale en général et pour l’Afrique en particulier.

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