(VOVWORLD) - Avec pour devise «Pour la paix, la sécurité et le développement», le sommet Russie-Afrique s’est tenu les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg. Cet événement important visait à renforcer les liens entre l’Afrique et la Russie dans un contexte mondial très particulier où Moscou ne prolonge pas l’accord céréalier en mer Noire, un pacte crucial pour la sécurité alimentaire dans beaucoup de pays africains.
Le sommet Russie-Afrique s’est tenu les 27 et 28 juillet à Saint-Pétersbourg. Photo: reuters |
Organisé quatre ans après la première édition tenue à Sotchi, ce deuxième sommet Russie-Afrique a réuni les représentants de 49 pays africains, dont 17 chefs d’État ou de gouvernement. Les principaux sujets de débats portaient sur les échanges commerciaux, la sécurité régionale, les accords de ventes d’armes et notamment l’approvisionnement en céréales à l’Afrique.
Les promesses de Moscou
Ce sommet de Saint-Pétersbourg est un grand événement permettant à Moscou de consolider ses liens avec le continent noir fort de 1,3 milliard d’habitants, a déclaré le président russe Vladimir Poutine. Il a mis en exergue le rapport entre la continuité des approvisionnements vivriers et le développement socioéconomique ainsi que la stabilité politique des pays africains.
Initialement, l’accord céréalier en mer Noire avait pour but d’assurer la sécurité alimentaire dans les pays vulnérables de l’hémisphère sud. Cependant, le principal objectif de cet accord n’a pas été atteint puisque 70% des céréales ukrainiennes ont été livrées vers les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure ou à revenu élevé, alors que les pays pauvres n’ont reçu que moins de 3% du volume promis, a argumenté le dirigeant russe.
Le président russe Vladimir Poutine (gauche) promet d'approvisionner l'Afrique. Photo: reuters |
Vladimir Poutine s’est engagé à approvisionner de céréales, de denrées alimentaires, d’engrais comme d’autres marchandises à l’Afrique. Dans les prochains mois, la Russie pourra fournir entre 25.000 et 50.000 tonnes de céréales aux pays africains et elle est prête à livrer gratuitement au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la Centrafrique et à l’Érythrée, qui sont les six pays les plus défavorisés du continent.
La coopération entre la Russie et l’Afrique pourra atteindre une nouvelle hauteur, a affirmé le dirigeant russe. Il entend redynamiser les liens commerciaux et multiplier les investissements dans ce continent, lui permettant de résister contre la faim, de garantir la sécurité alimentaire, de répondre au changement climatique et de former des ressources humaines qualifiées.
Moscou renforce son influence sur la scène internationale
Ces dernières années, l’Afrique est identifiée comme un partenaire privilégié dans la stratégie diplomatique de Moscou. Sur le plan commercial, le chiffre d’affaires des échanges bilatéraux s’élevait à 18 milliards de dollars en 2022 et pourrait dépasser les 40 milliards de dollars cette année.
Renforcer les liens avec ce continent est une démarche intelligente et avantageuse pour la Russie qui veut restituer et renforcer son influence internationale. Par sa ‘diplomatie céréalière’ et sa promesse de ‘céréales gratuites aux pays africains les plus pauvres’, la Russie pourra rapidement s’imposer sur ce continent. Leur perspective de coopération est vraiment radieuse, car l’Afrique est l’un des marchés de consommation les plus émergents au monde. Riche en ressources naturelles et minières, elle a un besoin croissant de s’industrialiser et de se doter de hautes technologies. Compte tenu des turbulences géopolitiques mondiales, l’Afrique est en quête de nouveaux alliés et Vladimir Poutine y voit l’un des prochains pôles de croissance d’un monde multipolaire.
Pour l’Afrique, la Russie est un partenaire le plus chaleureusement choisi. Dans un proche avenir, leur coopération pourra être renforcée notamment après l’expiration de l’accord céréalier en mer Noire. Les entreprises russes et les États africains négocient directement sur les approvisionnements vivriers et les aides humanitaires, a expliqué Rakhimbek Bobokhnov, chercheur senior à l’Institut de recherches sur l’Afrique, rattaché à l’Académie russe des sciences.
Ce sommet de Saint-Pétersbourg marque ainsi le retour de la Russie dans la course avec les États-Unis, la Chine, le Japon, l’Union européenne et bien d’autres puissances mondiales qui cherchent depuis des années à renforcer leur influence en Afrique.