(VOVWORLD) - Le 4 mai, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé un sixième paquet de sanctions à l’égard de la Russie qui comprend, entre autres, un embargo sur le pétrole. Cependant, alors que l’Union européenne fait face à de réels risques de pénurie énergétique, cette décision lui sera lourde de conséquences.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Photo: European Parliament |
À l’inverse de l’embargo sur le charbon mis en place en avril dernier, si celui-ci était approuvé, ce serait incontestablement un coup dur pour la Russie. Il ne faut pas se cacher néanmoins que ce sixième train de sanctions risquerait de provoquer une nouvelle flambée des prix du pétrole sur le marché international, ce qui aurait de graves conséquences sur l’économie européenne. Par ailleurs, pour qu’il soit approuvé, il faudrait que les Vingt-Sept réussissent à parler d’une seule et même voix, et c’est loin d’être gagné, notamment du côté de la Hongrie et de la Slovaquie, qui dépendent entièrement de l’énergie russe.
Une dépendance dont il paraît bien difficile de s’affranchir...
Le pétrole et le gaz sont deux des armes les plus redoutables de la Russie. Pour le moment et pour l’Union européenne, le gaz semble être l’arme la plus intimidante.
En effet, l’Union européenne dépend en grande partie du gaz naturel russe, et ce depuis plusieurs décennies. C’est la raison pour laquelle les Vingt-Sept hésitent à réagir face aux coups de boutoir de l’administration Poutine.
Moscou décide de couper le gaz à la Pologne et à la Bulgarie qui refusent de payer en roubles. Photo: Bloomberg |
Que la Russie ait décidé de lancer son opération militaire contre l’Ukraine en février n’a rien d’anodin: c’est alors l’hiver, en Europe, c’est-à-dire la saison durant laquelle les besoins en gaz sont les plus importants. Étant donné que le réseau gazier européen s’étend sur de nombreux pays, si la Russie ferme des vannes en Pologne et en Bulgarie, beaucoup d’autres pays en souffrent. La pénurie de gaz provoque ainsi une augmentation des prix qui finit par affecter les pays en aval des gazoducs, comme la France et l’Allemagne.
C’est du reste ce qui s’est passé le 3 mai dernier, la Russie ayant coupé le gaz à la Pologne et à la Bulgarie qui refusaient de payer en roubles. En effet, Moscou exige de tous ses clients qu’ils ouvrent deux comptes dans une banque gérée par Gazprom, le géant énergétique russe. Lorsque le client paie via le premier compte en dollars ou en euros, le montant est transféré par la suite sur un deuxième compte et converti en roubles. Mais d’après l’Union européenne, cette méthode enfreint ses embargos en vigueur contre la Russie.
Des sanctions sans doute difficiles à assumer...
La montée des tensions dans le conflit russo-ukrainien est proportionnelle aux sanctions que s’imposent mutuellement l’Union européenne et la Russie. Les nouvelles sanctions préconisées par l’Union européenne visent à mettre fin complètement et brutalement aux importations de pétrole russe. C’est possible, car le pétrole russe peut théoriquement être remplacé par du pétrole en provenance d’autres pays. Pour le gaz, c’est une toute autre histoire, l’Union européenne ne va pas pouvoir, du jour au lendemain, se trouver de nouveaux fournisseurs... Compte tenu de ses atouts géopolitiques et naturels, la Russie a réussi à établir un grand système d’approvisionnement en gaz performant et des prix abordables, un système dont il va être difficile de se passer...
Même les responsables européens ont admis qu’un divorce brutal avec la Russie en tant que fournisseur d’énergies provoquerait une récession économique et une inflation galopante au sein de l’Union européenne.
Ce divorce nécessitera, en plus d’une forte volonté politique, que l’Europe accepte des pertes économiques à long terme.
Mais si la Russie atteint bientôt ses objectifs et met fin à sa campagne militaire en Ukraine, l’Europe tiendra-t-elle toujours à rompre ses accords énergétiques avec la Russie? Difficile, là encore, de répondre à cette question...