(VOVworld) - Je suis très heureuse de vous retrouver à ce rendez-vous hebdomadaire. Cette semaine, nous avons reçu des courriers de France, de Messieurs Didier Vasseur, Bernard Watelet et Gibert Dupont, mais aussi de Belgique, de Messieurs Michel Beine et André Biot. Vos rapports d’écoute montrent dans l’ensemble une bonne réception sur nos ondes. Nous en sommes très heureux.
Un auditeur japonais, Monsieur Nojiri Takahiro, nous a écrit : “Les manuels scolaires vietnamiens évoquent souvent Phan Boi Chau, un personnage historique que je ne connais pas. Pourriez-vous parler de ce personnage et de son rôle dans l’histoire vietnamienne, s’il vous plaît?”
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Cher Monsieur Nojiri Takahiro, Phan Boi Chau était un fervent patriote de la première moitié du 20ème siècle. Né en 1867 dans la province de Nghe An (Centre), il est connu comme un enfant prodige, lauréat des concours mandarinaux de son district à 13 ans à peine. A 17 ans, il écrit “Hich Binh Tay Thu Bac”, un appel au peuple à la résistance antifrançaise. A 19 ans, il crée, avec un de ses amis, le groupe “Si Tu Can Vuong” qui réunit une soixantaine d’intellectuels souhaitant combattre les colonisateurs français. Sous la menace des autorités, le groupe est dissous peu après. En 1900, Phan Boi Chau participe aux concours interprovinciaux et devient le premier lauréat. Il parcourt ensuite le Vietnam à la rencontre d’autres patriotes dont Phan Chu Trinh, Huynh Thuc Khang et Nguyen Ham. En 1904, il fonde avec ce dernier l’association Duy Tan dans la province de Quang Nam (Centre) dont le but est de combattre les Français. L’association est présidée par Ky Ngoai Hau Cuong De, un membre de la famille royale Nguyen. En 1905, Phan Boi Chau, accompagné de Dang Tu Kinh et Tang Bat Ho, se rend en Chine, puis au Japon, pour demander l’aide de Tokyo dans la lutte contre les Français. Au Japon, un révolutionnaire chinois, Liang Kaichao, lui conseille d’utiliser la littérature pour réveiller le patriotisme chez le peuple. Phan Boi Chau rédige alors “Viet Nam vong quoc su” (Histoire de la perte du Vietnam), la première et la plus emblématique de ses œuvres. Des Japonais progressistes lui conseillent aussi d’encourager les jeunes Vietnamiens à faire leurs études à l’étranger pour revenir construire le pays. Phan Boi Chau et ses camarades déclenchent le mouvement Dong Du (Voyage vers l’Est) dont le but est d’attirer les jeunes Vietnamiens au Japon. Entre 1905 et 1908, quelque 200 jeunes Vietnamiens partiront étudier au Japon. En septembre 1908, ces étudiants vietnamiens sont expulsés du Japon suite à la signature d’un traité franco-japonais. En mars 1909, Phan Boi Chau et Cuong De sont expulsés à leur tour. Le mouvement Dong Du se solde donc par un échec. L’année suivante, Phan Boi Chau fait venir en Thaïlande une cinquantaine de jeunes membres de son association pour y construire une base de résistance. En 1912, l’association Duy Tan est dissoute et une nouvelle association dénommée «Viet Nam quang phuc Hoi» est créée. Si les deux associations partagent le même objectif de combattre les Français, Duy Tan préconise de rétablir la dynastie Nguyen, alors que «Viet Nam quang phuc Hoi» mise sur la fondation d’une république. Des membres de «Viet Nam quang phuc Hoi» sont envoyés au Vietnam pour assassiner certains fonctionnaires français et leurs collaborateurs. Certains de ces patriotes sont capturés et exécutés par les autorités françaises. Phan Boi Chau et Cuong De sont condamnés à mort par contumace. En 1913, par intervention française, Phan Boi Chau est capturé par les autorités du Canton, en Chine où il reste en prison jusqu’en 1917. Libéré, il poursuit ses activités révolutionnaires et envisage de réformer son association suivant l’orientation socialiste. Il est capturé en 1925 à Shanghai, avant de réaliser son projet. Extradé au Vietnam, il est condamné à perpétuité. Grâce à un mouvement très actif mené par le peuple sur l’ensemble du pays, Phan Boi Chau est relâché. Il a vécu ses 15 dernières années à Hue où il est décédé en 1940.
Voilà, cher Monsieur Nojiri Takahiro, j’espère que ma réponse vous satisfait. C’est la fin de ce courrier. Rendez-vous mercredi prochain.