Le “chèo tàu”, une spécialité de Tân Hội

(VOVworld)- “Chèo tàu”, c’est une forme d’opéra folklorique qui n’existe que dans une commune du district de Dan Phuong, à Hanoï. Créé il y a 600 ans, cet art continue d’être préservé par les habitants locaux, en mémoire des héros des temps anciens.

Au 15ème siècle, un certain Văn Dĩ Thành, général de son état, a fait montre d’un courage hors du commun en chassant les envahisseurs Ming. Décédé en 1416, il a été promu génie tutélaire du village de Tổng Gối, devenu aujourd’hui la commune de Tân Hội. Les villageois ont créé une fête à sa mémoire sur la base des traditions musicales locales. Voilà une des légendes, sans doute la plus fiable, expliquant l’origine de cette fête. Mais il y a encore deux autres légendes, comme nous l’indique Đào Hà, un chercheur de l’association des folkloristes de Hanoï:

“Il existe 3 légendes sur l’origine du chant “chèo tàu”, et on n’est pas encore en mesure de déterminer laquelle est la bonne. La première veut que ce chant soit né à l’époque des deux soeurs Trung, la deuxième se rapporte à un échange militaire entre Lý Phật Từ et Triệu Quang Phục, et la troisième concerne le génie tutélaire du village de Tổng Gối, Văn Dĩ Thành. Ce qui est sûr, c’est que les villageois organisent cette fête depuis des centaines d’années. Et le chant original, que l’on l’entend aujourd’hui, résulte de cette longue tradition.”

Le “chèo tàu”, une spécialité de Tân Hội - ảnh 1
Comme le veut la tradition, la fête du chèo tàu débute au 15ème jour et se termine au 21ème jour du premier mois lunaire. Durant ces 7 jours et nuits consécutifs, les habitants des villages composant la commune de Tân Hội se relayent pour chanter. L’espace de la fête est vaste. Les festivités commencent par une cérémonie d’offrandes au temple Voi Phuc (Eléphant se prosternant, en français) suivie d’une procession de filanzane jusqu’à la maison communale du village. Les habitants confectionnent des éléphants et des bateaux en bois, tous équipés de roues pour pouvoir être poussés. La grande particularité, c’est que la plupart des participants sont des femmes, ou plus exactement de jolies femmes. Les plus âgées d’entre elles jouent les rôles de capitaines de bateaux, lesquels transportent de charmantes jeunes filles âgées d’entre 13 et 16 ans.
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Il y a encore des cornacs se mettant sur le dos de leurs éléphants en bois, en chantant. C’est sans doute la présence de bateaux dans cette procession qui explique l’appelation “chèo tàu”, “tàu” signifiant “bateau”, en vietnamien. Quant à “chèo”, ce mot décrit une forme d’opéra traditionnelle typique du delta du fleuve Rouge. Evidemment, tous les airs de chèo tàu interprétés pendant cette partie rituelle de la fête sont en l’honneur du général Văn Dĩ Thành, le génie tutélaire du village. Mais à la tombée de la nuit, le ton change, il devient infiniment plus lyrique, plus séducteur même, puisqu’il s’agit de chants alternés entre jeunes filles et jeunes gens. Et comme dans toutes les fêtes traditionnelles du Vietnam, il y a encore un concours de cuisson de riz, des compétitions de jeux d’échecs ou encore de balançoires.

Selon les chercheurs, la première grande fête de chèo tàu remonte à 1683. En raison de la complexité de l’organisation de la fête (elle devait durer au moins une semaine et nécessitait pas moins de 200 chanteurs), autrefois, elle n’avait lieu qu’une fois tous les 25 ans. Après 76 ans d’interruption, la fête a été réorganisée en 1998, après que le temple Voi Phuc et le mausolée Văn Sơn eurent été reconnus vestiges historiques. De nombreux villageois, en particulier les membres du club de chèo local ont contribué à la restauration de la fête et surtout de son chant traditionnel. Ngô Thị Thu est responsable de ce club:

“Avec des chercheurs culturels, nous nous sommes rendus chez les vieilles personnes qui connaissaient encore des airs anciens pour les enregistrer. En fait, nous n’avons pu apprendre que quelques mélodies du répertoire rituel devant être présenté lors de la cérémonie à la maison communale en hommage au génie tutélaire. Nous avons besoin de l’aide des chercheurs. Tout ce qu’on a pu faire n’est qu’un début.”

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Le club de chèo tàu de la commune de Tân Hội a été fondé en 1998 avec 50 membres, essentiellement des jeunes filles de 18-20 ans. Ce sont elles qui sont allées ensuite dans les écoles pour enseigner ce chant traditionnel. Avec l’aide des autorités locales et avec l’ardeur exemplaire de ses membres, le club attire chaque soir des dizaines de jeunes filles.

Après avoir appris le chèo tàu, les élèves qui sont parfois des enseignantes de classes maternelles vont retransmettre leur savoir à d’autres personnes dans leur école, leur commune, voire dans les communes voisines. Jusqu’à présent, un millier d’enfants ont pu apprendre 30 airs de chèo tàu, dont certains sont très anciens. Le patrimoine légué par les ancêtres est désormais entre de bonnes mains./.

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