Les mots d’amour qui reliaient le Nord et le Sud

(VOVworld) - Si la guerre avait coupé le pays en deux, elle avait aussi séparé quelques couples d’amoureux, qui n’avaient d’autres ressources, pour rester en contact, que la correspondance épistolaire. Ces lettres sont autant des histoires d’amour que des témoignages d’une époque douloureuse mais épique. Nguyen Van Ich et Vu Thi Nhu Hien sont tous deux médecins. Entre 1962 et 1975, ils se sont écrit des milliers de lettres.

 

Aujourd’hui septuagénaires, Nguyen Van Ich et Vu Thi Nhu Hien n’ont rien oublié des années de guerre et de séparation. En feuilletant les lettres anciennes, Ich se souvient de 1962, l’année où il est parti combattre dans le Sud, laissant derrière lui sa mère, sa femme et leurs trois enfants encore tout petits.

« On était jeune et on se devait d’être prêt à partir combattre pour l’indépendance du pays, dit Ich. Ma femme et moi, nous avions décidé que nous devions chacun accomplir notre mission avant de pouvoir nous retrouver le jour de la réunification. »

Les mots d’amour qui reliaient le Nord et le Sud - ảnh 1

Une photo de famille avant le grand départ. Derrière la photo, Hien a écrit : « Accomplis ta mission glorieuse. Je t’attends, tes enfants t’attendent. » La nuit avant les adieux est une nuit blanche, le jeune couple prépare les bagages. Ils n’ont pas grand chose à espérer, si ce n’est que la guerre se termine rapidement... Mais qui sait combien de temps ça va encore durer… cinq ans… dix ans… ou plus… et qui sait ce qui peut arriver au front où vie et mort se côtoient jour et nuit…

« On était dans une habitation collective. Alors que d’autres couples étaient ensemble, moi, je devais voir mon mari partir, raconte Hien. Mais au-delà de l’angoisse, j’avais bien conscience que sans des gens comme mon mari, nous ne pouvions pas prétendre gagner cette guerre, nous ne pouvions pas espérer voir notre pays réunifié... »    

Au Sud, alors que le docteur Nguyen Van Ich luttait jour et nuit pour sauver la vie des blessés de guerre, la doctoresse Vu Thi Nhu Hien, elle, prenait soin de sa belle-mère, de ses enfants et participait, avec toute la population du Nord, au ravitaillement du front du Sud. Les courriers étaient alors l’unique fil de communication reliant les deux amoureux. Recevoir une lettre signifiait que l’autre était encore en vie. Aussi Ich et Hien s’écrivaient-ils deux ou quatre fois par semaine. Les courriers envoyés depuis le front étaient des mots d’encouragement et d’optimisme.

« Au front, les années 1960-1970 étaient extrêmement difficiles, se souvient Ich. La nourriture manquait, les blessés étaient nombreux, mais on a fait de notre mieux pour accomplir notre tâche. Fin 1971, la situation s’est un peu améliorée et j’avais la ferme conviction que toutes les privations étaient temporaires, les opérations de ratissage ennemies aussi et que tous les obstacles pourraient être surmontés. J’étais confiant, je savais au fond de moi que le pays serait bientôt réunifié. »

En temps de guerre, toutes les lettres n’arrivaient pas à destination. Les agents de communication les portaient sur le dos pour traverser ruisseaux et montagnes, pluies et tempêtes, sous les bombardements acharnés. Chaque lettre était empreinte de sang et de sueur. Beaucoup de courriers ont été perdus. 14 années durant, soit plus de 5000 jours, Hien a vécu dans l’angoisse et l’attente. Rien ne saurait décrire le bonheur qui l’a submergée après la réunification lorsque son mari est réapparu à sa porte, ballot au dos.

«C’était un vieux soldat, au retour. La paix avait été rétablie. Lors du premier repas familial, tout le monde voulait parler encore en encore. Moi, je ne pensais qu’à mes enfants qui finalement ont pu revoir leur papa. J’étais comblée. »

Les mots d’amour qui reliaient le Nord et le Sud - ảnh 2

Des milliers de lettres qu’ils ont échangées, Nguyen Van Ich et Vu Thi Nhu Hien en ont offert plus de 300 au musée de l’Histoire militaire du Vietnam. Plus que des témoignages d’amour, ces courriers sont devenus une leçon de patriotisme et de confiance, une source de fierté pour les jeunes vis-à-vis de leurs prédécesseurs qui ont sacrifié leur bonheur individuel au profit de la paix du peuple.

Commentaires

Autres