(VOVworld) - Sur les Hauts Plateaux du Tay Nguyen, toutes les fêtes débutent au son du gong. Mais qu’en sera-t-il lorsque tous ceux qui savent jouer cet instrument traditionnel auront disparu ? Pour perpétuer leur art, les sonneurs de gong s’emploient à transmettre leur savoir aux jeunes.
A Ea Ktur, qui est une commune rattachée à la province de Dac Lac, tout le monde attend avec impatience la fête culturelle et sportive qui aura lieu un mois après le Nouvel An lunaire. Les membres du club de gong junior du village de Pu Huê sont les plus impatients. Il faut dire qu’ils répètent avec ardeur tous les soirs dans la maison communautaire du village. Y Sun E’Ban en fait partie :
« Nous sommes 7 dans le club. Ça fait seulement deux mois qu’on apprend le gong mais on apprend vite. Les uns suivent les autres et ça marche comme ça. On a été invités trois fois à nous produire ailleurs. »
Le club d’Y Sun E’Ban a reçu une aide financière des autorités du district. Les sonneurs de gong et leurs élèves sont super motivés. Y Bi Knul, 13 ans, vit à 5km de la maison communautaire. Il y va tous les soirs à vélo.
« J’aime apprendre à jouer du gong et mes parents m’y encouragent. Le son du gong est magnifique, et notre maître Aê Nheo aussi. Mais l’apprentissage est difficile, je dois le reconnaître. »
Le maître Aê Nheo dont il est ici question aura bientôt 70 ans. Il n’a rien oublié des sons de gong qu’il entendait dans son enfance lorsqu’il accompagnait son père et son grand-père aux cérémonies funéraires, nuptiales et aux fêtes diverses du village. Il adorait le son du gong. Chaque fois que les sonneurs prenaient leur pause, il prenait leur gong pour frapper, histoire d’essayer un peu. Et c’est comme ça qu’il a appris à maîtriser l’instrument. « A l’époque, tout le monde était plus ou moins autodidacte, personne n’enseignait à personne comme maintenant », raconte-t-il à ses élèves.
Aê Nheo a transmis son savoir à deux groupes, le premier comprenant des adolescents de 15-16 ans, et l’actuel des enfants encore plus jeunes.
« Ces enfants sont vraiment motivés, ils viennent me chercher chez moi pour que je leur apprenne. Ils aiment le gong et ils font des efforts. Quant à moi, je fais de mon mieux, je suis vieux maintenant, je me déplace plus difficilement. Ce sont les enfants qui prennent la relève, ce sont eux qui jouent maintenant dans les fêtes. Leur apprendre le gong, c’est pour que la tradition ancestrale ne se perde pas. »
Mais préserver la tradition n’est pas la seule motivation d’Aê Nheo. Il veut aussi et surtout que les enfants protègent l’âme de leur ethnie qui vit dans le gong. Chaque fois qu’ils jouent de cet instrument, ils communiquent avec leurs ancêtres et donnent des ailes à l’âme de leur ethnie.