A1, Eliane 2 et le combat d’autrefois

(VOVworld)- La colline A1 (Eliane 2 pour les Français) est le site le plus connu de la bataille de Diên Biên Phu. C’est une colline de 32 mètres de haut, 82 mille mètres carrés de superficie, située à 500 mètres à l’ouest du quartier général des Français. Durant la campagne de Diên Biên Phu, elle fut le théâtre des combats les plus acharnés entre les armées vietnamienne et française.

A1, Eliane 2 et le combat d’autrefois - ảnh 1
Vue générale de la colline Eliane 2 et du cratère.
Source : http://www.balades.free.fr/Vietnam/eliane2.htm

Avec d’autres collines de l’est, A1 créait un mûr solide protégeant le secteur central du camp retranché de Diên Biên Phu, dont la casemate du général de Castries. A partir d’A1, on a une vue panoramique sur le centre-ville de Diên Biên, les autres collines ou encore l’aéroport de Muong Thanh. L’armée français croyait ce site imbattable. Pour l’armée du général Vo Nguyen Giap, ce fut en effet la position la plus difficile à attaquer. Sur les 56 jours et nuits de la campagne de Diên Biên Phu, elle a dû en passer 39 sur cette colline, sacrifiant plus de 2 mille soldats, pour finalement s’en emparer.

A1, Eliane 2 et le combat d’autrefois - ảnh 2
L'entrée du poste est encore gardée par le tank Sherman "Bazeille", ainsi nommé en souvenir d'un combat héroïque de l'infanterie de marine en 1870 près de Sedan. Source : http://www.balades.free.fr/Vietnam/eliane2.htm

Aujourd’hui on a construit une allée en pierre conduisant au sommet de la colline. On y voit encore la tranchée de ravitaillement de l’armée française à côté d’une barrière barbelée couverte de feuilles mortes. A 84 ans, le vétéran Pham Ba Mieu n’a rien oublié de la bataille d’il y a 60 ans :

Mon peloton a participé du début jusqu’à la fin au combat sur la colline A1. On combattait jour et nuit, parfois on n’avait rien à manger. Ce n’était pas du tout évident de faire sauter à la dynamite ce site. Avec les Français, on s’est littérament arraché chaque mètre de terre. On a dû construire un système de fortifications depuis Ta Leng. Ce n’est qu’après avoir anéanti deux chars que nous avons pu ouvrir une brèche et détruire les blockhaus qui étaient placés tous les 10 mètres.

A1, Eliane 2 et le combat d’autrefois - ảnh 3
Les tranchées en cours de rénovation.
http://www.balades.free.fr/Vietnam/eliane2.htm

Le sommet de la colline est devenu un musée en plein air conservant les traces de la bataille. Lo Thi Sinh, guide du musée d’histoire de Diên Biên Phu, fait savoir :

Vous voyez ici l’un des 2 tanks que l’armée française avait utilisé pour effectuer leur contre-offensive. Il a été abattu par des bazookas de la compagnie 600 de Luu Viet Huu. Les 4 soldats qui ont participé à l’attaque sont tombés au champ d’honneur. Voilà leur tombeau, situé à côté du tank.

Pour s’emparer de la colline A1, l’armée du général Vo Nguyen Giap a eu une initiative aussi intelligente qu’audacieuse : creuser un tunnel dans lequel elle a mis une tonne d’explosifs afin de faire sauter la casemate du commandant de la position. Lo Thi Sinh :

25 soldats se sont vu confier la tâche de creuser le tunnel. Plus ils avançaient, plus ils étouffaient, faute d’oxygène. Le suivant devait éventer le précédant. La terre extraite était mise dans un sac puis transportée dehors pour fortifier les tranchées. Au bout de 15 jours, les soldats ont achevé ce tunnel de 47 mètres. Le 6 mai 1954, à 20h30, ils ont reçu l’ordre de dynamiter le tunnel. L’explosion a ébranlé la colline, tuant une compagnie ennemie et choquant tous ceux qui étaient encore retranchés dans les casemates. Saisissant l’occasion, nos troupes se sont emparées de la colline. En tout, elles ont anéanti 850 soldats ennemis, excluant du combat 4 bataillons bien exercées des Français.

Le tunnel qui a explosé autrefois a été restauré en 2004 sur 18m de large et 13m de profond. Un relief a été installé pour marquer la limite des deux armées lors de la bataille d’il y a 60 ans. Le poste de commandement d’Eliane 2 est toujours là, noirci par le temps. Les 4 mille mètres de tranchées en plein air, les barrières barbelées, 10 sur 37 blockhaus de l’armée française et bien d’autres vestiges sur la colline racontent toujours cette campagne de Diên Biên Phu que le poète To Huu a immortalisée par ce vers « 56 jours et nuits passées en creusant la montagne, dormant dans les abris, mangeant des boules de riz sous la pluie incessante »./.

Commentaires

Autres