Le village de Dong Ho où l’âme vietnamienne se cache dans les estampes populaires

(VOVworld)- Situé dans le district de Thuan Thanh, dans la province de Bac Ninh, à seulement 35 km de Hanoi, le village de Dong Ho s’est taillé une réputation nationale grâce à ses estampes populaires, un artisanat familial qui se transmet de père en fils depuis cinq siècles.

 
Dong Ho est un petit village de 200 foyers. Mais peu d’entre eux se consacrent encore aux estampes, un métier traditionnel qui remonte au 16è siècle. A son apogée, c’est-à-dire de la fin du 18è siècle jusqu’en 1944, ce métier était pratiqué par la quasi totalité du village. Autrefois, arborer les estampes populaires de Dong Ho à l’occasion du Nouvel An lunaire était une tradition des habitants du delta du Fleuve Rouge. C’est pourquoi, au douzième mois de l’année lunaire, le village devenait très animé car les clients venaient acheter les estampes pour le Tet.

Le village de Dong Ho où l’âme vietnamienne se cache dans les estampes populaires - ảnh 1

« Les jours précédant le Tet, les clients venaient acheter des estampes de Dong Ho pour décorer leurs maisons, nous dit Nguyen Huu Sam, un artisan octogénaire chevronné du village. Sans cette peinture traditionnelle, le Tet est moins authentique. »


La grande originalité des estampes de Dong Ho réside dans leurs couleurs naturelles et dans le papier sur lesquelles elles sont imprimées. Il s’agit du papier , fait à partir de l’écorce d’un arbre tropical appelé « rhamnoneuron ». Ce papier est à la fois spongieux, doux, mince et résistant. Il absorbe bien les couleurs sans que celles-ci ne se mélangent pendant l’impression. L’artisan couvre le papier d’une couche de poudre de coquillage, ce qui donne un fond blanc étincelant. Il y a cinq couleurs essentielles et toutes proviennent de la nature, selon Nguyen Thi Oanh, une artisane qui a quelque 50 ans d’expérience: « Le rouge vient des cailloux en montagne, le noir des cendres de paille de riz et de feuilles de bambous brûlées. Le jaune vient de la fleur du sophora du Japon, le vert des aiguilles de pin ou des coquilles d’huîtres écrasées. »

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Traditionnellement, les estampes de Dong Ho servaient à décorer la maison, les autels et les pagodes. Elles ont souvent pour thèmes des scènes de la vie quotidienne en milieu rural, des jeux traditionnels ou encore des personnages historiques. :

« Les familles paysannes affichent des estampes montrant des cochons ou des poulets dans l’espoir d’avoir de bons élevages, dit l’artisan Nguyen Huu Sam. Ceux qui souhaitent l’opulence choisissent l’estampe intitulée Gloire et richesse. »


Les estampes sont toutes imprimées sur des planches en bois dont la technique de la gravure est très sophistiquée. En effet, ces planches en bois ont été gravées au ciseau dans des essences différentes selon le résultat recherché. Il en faut une par couleur. Pour les artisans, ces gravures  sont tout un trésor.

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« Les gravures de Dong Ho se font souvent en bois du plaqueminier, raconte Nguyen Thi Oanh. Ainsi, elles sont très résistantes. Ma famille possède encore des gravures les plus anciennes du village. En fait, avant 1945, tout le village faisait des estampes. Mais faute de clients, le métier s’est rarifié et beaucoup de villageois ont changé de métier. A la demande de mon père, ils ont remis leurs gravures à la coopérative de Dong Ho. Aujourd’hui, ma famille conserve encore une soixantaine de planches en bois anciennes et autant d’autres dites contemporaines. » 

Au fil du temps, les estampes populaires de Dong Ho restent un symbole de la culture traditionnelle de la région du Kinh Bac et une valeur esthétique du Vietnam. La province de Bac Ninh prépare actuellement son dossier en vue d’une reconnaissance de cet artisanat auprès de l’UNESCO en tant que patrimoine culturel immatériel de l’Humanité./.

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