(VOVworld) - Retenir un numéro de téléphone ou quelques dates d'anniversaire est en général un vrai casse-tête. Pour Duong Anh Vu, en revanche, rien de plus simple. Ce jeune Vietnamien de 27 ans détient le titre de "recordman de la mémorisation", titre certifié par l’Organisation du Livre des records de Thaïlande.

En mars dernier, l’Organisation du livre des records thaïlandais a reconnu Duong Anh Vu, qui est un Vietnamien originaire de la province de Ninh Thuân (Centre), comme recordman de la mémorisation lors d'un test à l’université Chulalongkorn, à Bangkok. Le jeune homme est parvenu à mémoriser parfaitement 22.000 données en rapport avec la culture, l’économie, la politique et la société des 206 nations du monde. Duong Anh Vu : "J'ai proposé à l’Organisation du livre des records thaïlandais de passer un test de mémoire sur 300.000 tableaux statistiques, ce qui équivaut à un demi de million de feuilles A4 si on imprime. Cependant, après quatre mois d'études, l’Organisation du livre des records thaïlandais a accepté seulement de me tester sur 0,04% de ces données car elle n'avait pas le temps de les étudier. Finalement, le test a porté sur plus de 20.000 donnés. Et au mois d'août de cette année, l'Organisation du livre des records mondiale Guinness viendra au Vietnam pour me tester. Cette fois-ci, l'épreuve est basée sur la mémoire spatiale et linguistique. Je peux mémoriser la carte du monde la plus grande en anglais ou en d'autres langues comme l'espagnol, l'italien, le japonais ou le chinois. Cette carte peut atteindre une grandeur de 12m2 avec plus de 10.000 repères."

Vu a aussi révélé qu'il pouvait mémoriser, analyser ou citer plus de 1.000 œuvres littéraires. Mais ce jeune homme de 27 ans n'a rien d'un prodige. Il peut être aussi maladroit que vous et moi. Et du reste, il n'a pas toujours été aussi brillant, loin s'en faut. Il lui aura fallu six années pour achever l’école primaire qui ne comporte que 5 niveaux. Son passage en collège n'a pas vraiment été mieux. Lors de l'épreuve de fin du collège, il n'a obtenu que 28 points au total, ce qui lui a valu d’être refusé par tous les lycées, même les moins bien côtés. Duong Anh Vu s'en souvient: "Chaque fois que je recevais mon bulletin de note, mon père me faisait la leçon. Mais ce jour-là, il n'a rien fait. Après un moment de silence, il m'a proposé d'aller suivre une formation professionnelle. J'ai vu dans ses yeux qu'il n'y avait plus d'espoir.  Mais moi, j'en ai pleuré. J'ai supplié mon père de me laisser poursuivre mes études. Nous avons longuement discuté, mais ça n'a abouti à rien. Et à partir de ce moment, je n'ai eu qu'une seule idée en tête: sauver l'honneur de mes parents car le mien, je l'avais perdu depuis longtemps."       

Afin d’améliorer son niveau d’instruction, Duong Anh Vu a pris des cours  supplémentaires dans un centre de formation pour les jeunes en difficulté. Pour que les gens ne le reconnaissent pas, chaque jour, Vu fait plus de 12 kilomètres à vélo pour aller en cours. Il s’est vite rendu compte qu'il n'avait pas les connaissances de  base nécessaires à un collégien. Qu'à cela ne tienne, il a accepté de refaire sa 4ème et sa 3ème avec des élèves qui avaient 3 ou 4 ans de moins que lui. Et au fur et à mesure, ses résultats ont commencé à s'améliorer, tant et si bien que finalement, il a réussi le concours d’entrée à l’Université nationale de Hô Chi Minh-Ville. Là-bas, il a participé à des travaux de recherche scientifique sur le développement de la mémoire humaine et même obtenu une bourse post-universitaire à l’université d'Auckland (Nouvelle-Zélande). Il a postulé ensuite pour obtenir d’autres bourses et pouvoir passer son doctorat dans une université étrangère. Quatre établissements l’ont accepté, dont l’Université de Cambridge (Grande-Bretagne). "Lors de la dernière année du lycée, mes professeurs m'ont proposé de passer un concours pour les élèves doués. Mais l'administration a refusé, en faisant valoir qu'aucun élève du centre de formation pour les jeunes en difficulté n'avait jamais été présenté lors d'un concours pour les élèves doués. Vous savez, j'avais fait tout ça parce que je voulais que les gens me reconnaissent. Mais tout le monde me tournait le dos. Je me souviens encore de ce moment-là. Mon professeur m'a dit qu'il ne fallait surtout pas se laisser impressionner, que je devais continuer à tracer ma voie. C'est ce que j'ai fait, et voilà où j'en suis, maintenant." se souvient Duong Anh Vu.      

Etant l'une des deux personnes étrangères à avoir obtenu une certification de record de la Thaïlande, le premier en termes de mémoire, Vu a écrit deux livres sur sa vie et il attend seulement la certification qui viendra cet été pour pouvoir les publier. "Il n'y a pas de secret pour la réussite. Tout est affaire d'effort et de patience" dit-il.