En parlant de calligraphie...

(VOVworld) - Lorsque l’on parle de calligraphie, on pense aussitôt à un vieux monsieur très digne, en tunique noire, pinceau à la main, traçant minutieusement des caractères sino-vietnamiens sur du papier Do. Mais aujourd’hui, nous allons faire connaissance avec une jeune Hanoienne passionnée de calligraphie, sauf que c’est de calligraphie moderne qu’il s’agit, en l’occurence.   


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Photo: Kenh14

Samedi matin dans un café de la rue Nguyen Quang Bich. Malgré le froid hivernal, la concentration est palpable. Enseignante et apprenants, tous font preuve d’une application que rien ni personne ne saurait troubler. A les voir tous écrire minutieusement chaque lettre de l’alphabet, on pourrait presque se croire dans une école primaire. Mais pourtant...    

"Je m’appelle Hoang Anh, j’ai 29 ans, je travaille pour une ONG qui s’occupe d’enfants en difficulté.J’ai vu par hasard sur Instagram une photo de l’écriture de Trang, et comme j’ai toujours aimé le « fait-main », je me suis immédiatement inscrit à cet atelier."

"Je m’appelle Thuy, j’ai 28 ans, je travaille dans les ressources humaines. C’est une de mes collègues qui m’a présenté cet atelier. J’ai trouvé que ça pourrait faire une bonne distraction, alors j’ai décidé d’y participer."

Voilà pour les apprenants, qui comme vous l’aurez constaté de sont plus vraiment en culottes courtes. Quant à l’enseignante, c’est une certaine Nguyen Minh Trang, une hanoienne de la jeune génération. Diplômée en gestion, Minh Trang a séjourné au Japon, en Inde, à Hongkong, avant de revenir au Vietnam pour y créer Duka workshop, son atelier de calligraphie. Minh Trang :

"Au Japon, mon travail n’avait rien à voir avec l’art. Je travaillais dans les finances. C’était une vie turbulente, stressée, tendue. Et puis un beau jour, mon entreprise nous a proposé d’aller à la montagne pour y pratiquer le Zen. C’est là que j’ai découvert la calligraphie. Les moines nous ont appris la calligraphie traditionnelle. On utilisait un pinceau de bambou et de l’encre de Chine pour écrire des caractères chinois ou des Kanjis sur du papier de riz. Quand j’écrivais, je me lâchais, j’étais très à l’aise. Depuis, je m’intéresse à la calligraphie et plus j’étudie, plus je découvre d’autres atouts de cet art. Ce n’est pas seulement un moyen de détente, c’est vraiment très utile." 

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Nguyen Minh Trang
Photo: Kien Nguyen

L’atelier est donc né lorsque Minh Trang est revenue au Vietnam pour s’offrir une petite pause après plusieurs années passées à l’étranger, désireuse alors de retrouver une certaine paix intérieure.    

"Prendre un stylo et écrire me procurent une sensation d’apaisement. Certaines personnes aiment méditer pour se débarrasser du stress, mais cela nécessite un énorme entraînement. C’est très difficile de faire silence et de ne plus réfléchi à rien. Moi, quand j’écris, je me concentre uniquement sur mon écriture. Avant, je ne faisais pas vraiment attention à mon écriture, mais maintenant je me rends bien compte que ça réflète une part de moi-même, de mon caractère. Une belle écriture fera certainement une bonne impression sur autrui."

C’est dans son studio situé loin du centre ville que Minh Trang a organisé son premier atelier de calligraphie : un petit univers miniature, baigné de lumière, avec des stylos, des poupées, des bouteilles de parfum, le tout propre et très soigné. C’est à des détails comme ceux-là que l’on comprend que l’on a à faire à une personne sérieuse et appliquée, douée donc, pour la calligraphie.    

"En ce qui me concerne, il m’a fallu près de trois mois pour arriver à bien écrire. Mais de ce point de vue-là, chacun est différent. Il y a toujours des points communs entre différentes sortes de caractères, dans les traits droits ou italiques. Il suffit de les trouver. En ce qui concerne la technique, il est indispensable de maîtriser son outil, bien sûr. Le stylo de la calligraphie, c’est le stylo-plume oblique. Ce stylo en bois, par exemple, est réglé sur un angle de 52 à 55 degrés, ce qui permet une écriture expressive avec des traits variables. Au départ, c’est moi qui fabriquait tous les stylos utilisés dans mes ateliers. Maintenant qu’il y a beaucoup d’apprenants, je fais fabriquer les stylos mais je surveille de près la fabrication."    

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Photo: Kenh14

Suite au succès de son premier atelier à Hanoi il y a près de cinq mois, Minh Trang a ouvert des ateliers de calligraphie à Hoi An, Danang, à Ho Chi Minh-ville, et même à Kuala-Lumpur, en Malaisie. Et entre des déplacements, elle trouve tout de même le temps de prendre la plume pour rédiger des cartes ou des invitations.  

"Les techniques d’écriture que je transmets aux apprenants constituent une base. Sur cette base, il leur faut créer, faire quelque chose de nouveau, faire leur produit, pas copier. C’est la créativité qui manque au Vietnam. Souvent on utilise une chose sans jamais se poser la question « Comment a-t-elle été faite? »... Dans l’avenir, je compte aussi ouvrir des ateliers de « creativity skills », pour fabriquer des poupées, tisser, faire des papiers. Mon souhait le plus cher, c’est que mes ateliers ne soient pas que de simples lieux de détente, mais plutôt des endroits qui donnent des idées, surtout aux jeunes."

Ultra-dynamique, regorgeant d’idées, Minh Trang entame 2016 avec le vent en poupe. Et vous ? Allez-vous prendre la plume pour rédiger vos voeux ? Il paraît que ça porte chance...   

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