Le retour du mime au Vietnam

(VOVworld) - C’est après la seconde guerre mondiale que le mime acquiert ses lettres de noblesse en Europe, et notamment en France, avec la figure emblématique du mime Marceau. Au Vietnam, le mime a eu le vent en poupe dans les années 70, mais, la guerre aidant, l’engouement a failli n’être que passager. « n’a failli » car aujourd’hui, le mime vietnamien renaît de ses cendres grâce à un certain Hoang Tung.

« Ils sont extraordinaires, ils ont beaucoup de technique. C'est vraiment très agréable de travailler avec eux parce qu’ils répondent vite et bien à ce que je propose. Je donne des cours de mime et de théâtre gestuel en Belgique, à Bruxelles, parfois avec des étudiants.  Avec certains, il me faut trois heures avant de leur faire comprendre quelque chose. Ici, c'est immédiat ! Ils comprennent très vite et ils ont envie. C'est extraordinaire ! » C'est le mime belge Jean-Louis Danvoye qui tient tous ces propos élogieux sur ses jeunes collègues du Théâtre de la Jeunesse à l’intention desquels il vient d’animer un atelier.


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Hoang Tung et Jean-Louis Danvoye.
Photo: Facebook Chương trình độc diễn Kịch câm: "Kịch câm trở lại"

Parmi tous les participants, Hoang Tung : petit, maigre mais une souplesse de singe et surtout une passion à toute épreuve. « Quand j'étais petit, j'étais très timide. C’est pour ça que mes parents m’ont fait faire du théâtre. Ils m’ont amené à un cours où on enseignait l’expression corporelle. J’ai tout de suite eu le coup de foudre ! C’était absolument incroyable, pour le petit garçon de 9 ans que j’étais, de voir des gens capables de figurer un fil ou une échelle avec juste quelques gestes simples. Mais tout ça, c’était avant que le mime disparaisse de la scène au Vietnam, avant que les mimes professionnels soient relégués au rang de souvenirs !... » nous raconte-il.  

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Eh oui, les mimes professionnels sont assez vite tombés dans l’oubli, mais pas pour Hoang Tung qui a continué à nourrir sa passion contre vent et marées, un peu comme on entretiendrait une vieille voiture remisée au fond d’un garage en attendant de pouvoir la ressortir. Bien lui en a pris car le mime a finalement fait sa réapparition au Vietnam, une réapparition d’abord timide mais une réapparition tout de même...      

"C’est en 2010 qu’on a pu revoir des mimes étrangers au Vietnam", dit Hoang Tung, "il y a d’abord eu Naoki, le japonais, puis Jean-Louis Danvoye, qui est belge. Et ils ne se sont pas contentés de se produire sur scène, ils ont aussi animé des ateliers à destination d’amateurs comme moi, et ça, ça a changé ma vie ! C’est grâce à eux que j’ai pu apprendre le peu que je sais !"   

  

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« Kịch câm trở lại » ou « Le retour du mime » en français, tel est l'intitulé du programme que Hoang Tung met en oeuvre depuis six mois: « Comme son nom l'indique, ce programme vise à remettre le mime à l’honneur au Vietnam. En fait, c’est un programme destiné à un public adulte. Chacune des mes huit pièces aborde un problème social actuel ou un problème psychologique. Dans « Les ailes », par exemple, j’utilise le mime pour raconter l’histoire d'un garçon qui entretient une relation presque fusionnelle avec son oiseau. »     


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Force est de constater qu’il est bien difficile de ressuciter un art qui a périclité depuis déjà plus de deux décennies et que le mime n’a pour l’instant rien du phoenix renaissant de ses cendres. Témoins les salles quasiment vides devant lesquelles Hoang Tung s’obstine à se produire, animé néanmoins par une véritable foi en son art. Heureusement pour lui que quelques journalistes - et je me flatte de compter parmi eux, ma modestie dût-elle en souffrir - commencent à s’intéresser à ce drôle de bonhomme !... 

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Hoang Tung présente « selfie », une de ses dernières créations dans laquelle il tourne en dérision cette manie qu’ont les jeunes de se photographier n’importe où, n’importe quand et surtout dans n’importe quelle position. Photo: Facebook Chương trình độc diễn Kịch câm: "Kịch câm trở lại"

Des théâtres vides ? Qu’à cela ne tienne ! « Si tu ne viens pas à Lagardère, c’est Lagardère qui ira à toi ». Si le public le dédaigne, Hoang Tung va à sa rencontre, et au besoin dans des endroits inattendus, comme par exemple la cour de l’université du commerce extérieur où je me trouve en ce moment et où il est en train de présenter « selfie », une de ses dernières créations dans laquelle il tourne en dérision cette manie qu’ont les jeunes de se photographier n’importe où, n’importe quand et surtout dans n’importe quelle position.     

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Très vite, c’est une atmosphère kermesse qui s’installe. Bluffés, les étudiants saluent la performance par des salves d’applaudissements. « C'est génial! Ce sont des pièces très courtes, parfois humoristiques, parfois dramatiques, mais avec toujours un message à trasmettre. Au théâtre, pour pouvoir comprendre, il faut rester attentif jusqu’au bout. Ici, les gestes sont à la fois très simples et très évocateurs. C’est beaucoup plus concis, mais très riche sur le plan émotionnel. » dit Huy Hoang, l'un des spectateurs.

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« Beaucoup plus concis », c’est vrai, et malheureusement bien difficile à faire passer sur les ondes, bien évidemment. Peu importe ! Tant qu’il y aura des gens comme Hoang Tung pour nous faire rêver, il y aura de l’espoir ! Et notre plus cher espoir, aujourd’hui, c’est que les efforts de ce si sympathique saltimbanque soient enfin couronnés de succès et que le mime fasse un retour en fanfare au Vietnam !

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