(VOVWORLD) - Récemment, un documentaire vietnamien intitulé «Thu Thuy» a remporté les prix «Best trailer» et «Woman in a film» du festival de court-métrages «Top Shorts». C’était en avril. L’occasion pour nous de retrouver Nguyên Thu Thuy, la protagoniste du film, qui est également l’auteur de plusieurs monument d’arts communautaires à Hanoi, dont la fameuse route de céramique qui borde le fleuve Rouge.
2010 aura été une année particulièrement marquante pour Nguyên Thu Thuy. C’est en effet en 2010 qu’elle a réalisé la route en céramique, ce qui allait d’ailleurs lui valoir le titre de «citoyenne exemplaire», mais aussi le drapeau géant de 312m2 qui trône au-dessus de la salle de réunion du district de Truong Sa, et la fontaine «Bong Sen Vang» - «Lotus d’or» - dans le parc Mai Xuan Thuong, à Hanoi. Récemment, elle a encore marqué la capitale de son empreinte, et plus précisément les abords du lac Truc Bach, avec un monument baptisé «Trai tim tinh yeu Hanoi», ce qui peut se traduire par «Un cœur d’amour à Hanoi». Un point commun à toutes ces œuvres: la céramique, car Thu Thuy est avant tout une céramiste, mais une céramiste des grands espaces.
«Thuy a une manière bien à elle de concevoir le travail», nous confie le sculpteur Bui Van Son, co-auteur avec Thu Thuy de la route de céramique. «Je l’avais déjà rencontré avant 2007, l’année où on a commencé la route de céramique, pour travailler sur un projet d’œuvre communautaire, déjà approuvé par la municipalité. Et c’était déjà de la céramique. Il faut dire que pour Thuy, la céramique est un matériau respectueux de l’environnement et propice au traitement de sujets culturels ou traditionnels.»
«Cette route de céramique a embelli la capitale. On y trouve beaucoup d’images d’Hanoi autrefois…»
«C’est très intéressant, pour moi. Ça ressemble à un livre d’images sur l’histoire du pays.»
«Elle apporte un message de la paix. J’aime particulièrement ces images de paysans aux champs.»
Le momument «Un cœur d’amour à Hanoi» |
C’est en 2003, à l’occasion des fouilles archéologiques qui avaient alors lieu à la cité royale de Thang Long, que Thu Thuy a découvert la céramique: une véritable révélation pour la jeune artiste, qui allait une inépuisable source d’inspiration dans des antiquités remontant aux dynasties des Lê, des Trân et des Ly.
«Je m’en rappellerai toujours», nous dit-elle. «Il y avait des vases, des bols, des parures… Et partout des motifs de décoration très caractéristiques, sur le plan culturel… C’est ce qui m’a décidée à me lancer dans des ouvrages communautaires en céramique. Au début, beaucoup de personnes ont tenté de m’en dissuader, en me disant que ce serait particulièrement pénible de travailler en plein air, avec le climat qui est le nôtre, ici… Cette route de céramique, il nous aura fallu quatre années pour en venir à bout et c’est un projet qui aura mobilisé beaucoup de monde: des artistes vietnamiens, étrangers, et même des enfants…»
Lorsqu’elle était encore sur les bancs de l’université, Thu Thuy collectionnait les vieilles photos de Hanoi: autant d’images que l’on retrouve sur sa route, laquelle se présente comme une vaste fresque, retraçant toutes les grandes étapes de l’histoire du pays.
«Cette route de quatre kilomètres, elle a été parcourue par beaucoup d’amis: des vietnamiens, mais aussi des étrangers… Je me souviens notamment d’un jeune Américain d’origine vietnamienne, aveugle, qui est venu, accompagné par sa copine, pour nous aider à poser de petits morceaux de céramique. Pour lui, c’était une manière de se sentir proche de son pays d’origine. Le drapeau, à Truong Sa, c’est une façon d’affirmer la souveraineté nationale, mais cette route, elle symbolise la coopération et l’ouverture au monde.», nous explique Thu Thuy.
Le 10 octobre 2010, à l’occasion du Millénaire de Thang Long-Ha Noi, la route de céramique a été inscrite dans le livre des records comme étant le monument en céramique le plus long du monde. Mais pour Thuy, la route n’est pas finie. Loin s’en faut…