(VOVWORLD) - «Home-schooling», «l’école à la maison», en français… Même si elle reste encore peu répandue, la pratique est en légère augmentation au Vietnam. En clair, cela signifie que les enfants ne fréquentent aucune école, mais que l’un de leurs parents y supplée. Mais que doivent-ils faire, alors, pour assurer à leurs enfants, un niveau de connaissance équivalent à celui qui est proposé dans les établissements scolaires?
«J’ai tapé ‘homeschool’ sur internet, et j’ai consulté différents sites.
«C’est grâce aux réseaux sociaux que je connais ‘homeschool’. Est-ce que c’est une bonne formule, en termes de développement et de niveau de connaissance? C’est tout le problème…
«Je n’en ai jamais entendu parler.»
Voilà ce que l’on peut entendre quand on interroge des mères de famille sur le «homeschool». A entendre ces trois-là, on comprend bien que si la pratique n’est pas totalement inconnue, elle suscite tout de même quelques interrogations. Cela étant, certaines familles vietnamiennes optent pour cette formule, notamment lorsqu’elles ont pour ambition d’envoyer leurs enfants à l’étranger et que ceux-ci doivent impérativement avoir un bon niveau d’anglais. Pham Thi Huong a trois enfants: 5, 3 et 2 ans. Son obsession? Qu’ils parlent anglais. Aussi a-t-elle choisi de les garder à la maison et de leur offrir des cours interactifs, «in english»…
«Mes enfants ne vont pas à l’école tant qu’ils n’ont pas encore 6 ans», nous dit-elle. «Par contre, ils suivent des cours sur internet qui sont donnés par un professeur américain. Il y a différents clips vidéo qui sont proposés, et qui sont adaptés à chaque âge. Ma fille aînée de 5 ans et demi, par exemple, elle suit un cours de conversation chaque soir, et du coup, elle maîtrise déjà assez bien l’anglais. Elle peut présenter soi-même, décrire ce qu’elle voit… Et ce qui est bien, c’est qu’elle apprend avec un natif, ce qui fait qu’elle a une bonne prononciation.»
Les enfants d'un centre de Homeschooling lors d'un cours de Découverte de la vie
PHOTO : Homeschool in Vietnam
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La fille de Huong est en train de faire le récit d’une journée ordinaire, en anglais bien sûr, devant cinq ou six de ses petits camarades, tous non scolarisés comme elle, mais qui se réunissent toutes la semaine pour pratiquer l’anglais sous la houlette de leurs parents. A en juger par l’aisance avec laquelle cette petite s’exprime, il est clair, en tout cas, que la formule s’avère efficace. Pham Thi Huong, sa mère, fait partie d’un groupe qui réunit d’autres parents ayant fait le même choix.
«C’est une formule qui est un plein développement, chez nous», nous explique-t-elle. «A l’étranger, les enfants non scolarisés passent pour être des enfants plutôt épanouis, qui ont du temps avec leurs parents, qui grandissent à leur rythme… C’est pour ça que j’ai choisi de les garder à la maison, au moins jusqu’à six ans, l’âge de l’entrée en primaire.»
Nous sommes maintenant en plein cours de mathématiques, mais en anglais. Thanh Tra a 10 ans. Son père, Duc Quang, a fait le choix de la scolariser à la maison quand elle avait 5 ans. Du coup, elle parle couramment anglais avec ses parents, lesquels ont vécu à Singapour, où le « homeschool » est très en vogue.
«A Singapour, où j’ai fait mes études universitaires, il y a une association qui regroupe des parents qui font le choix de l’instruction à domicile plutôt que d’emmener leurs enfants à l’école. Je trouve que c’est une formule intéressante dans la mesure où il n’y a pas de programme, pas de contrôle, pas de note et du coup, pas de notion d’échec. Ça permet aux enfants de mettre en avant leur imagination, leur créativité, et ça leur donne une certaine forme de liberté.», nous confie Duc Quang.
Précisons une chose, tout de même: Thanh Tra va à l’école! Eh oui!... Ce n’est que le soir qu’elle se met en mode «homeschool», avec ses parents qui ont accepté de jouer le jeu, c’est à dire de passer la soirée à la guider dans ses études.
«Je trouve que les professeurs qu’on voit dans les clips ont tous l’air très sympa», nous dit-elle. «Et puis, ils sont vraiment très intéressants, surtout quand ils se livrent à de petites expériences scientifiques. Quand c’est un peu difficile, je leur envoie un courriel et j’ai une réponse aussitôt après. Mais j’aime bien l’école, sinon, il ne fait pas croire ! J’ai plein de copines, là-bas, et puis ça me permet de parler vietnamien!»
«Homeschool», c’est une certaine forme de liberté, c’est vrai, mais qui n’exclut pas la rigueur, surtout pour les parents qui doivent prendre des engagements très sérieux et être à même de répondre aux questions de leurs enfants.
«On éteint le téléphone portable chaque fois qu’on rentre à la maison», nous précise Duc Quang. «Ça fait partie des engagements qu’on a pris, moi et mon épouse. On est ensemble le soir pour aider notre fille à apprendre, dans une ambiance détendue, d’accord, mais tout de même. Moi, j’ai pas mal étudié la pédagogie et je dois dire que je suis très partant pour toutes ces méthodes innovantes…»
Cette formule d’apprentissage à domicile a vu le jour dans les années 60-70, dans les pays développés. Au départ, c’était surtout les enfants surdoués qui étaient concernés, ou d’autres, présentant telle ou telle pathologie, peu compatible avec l’univers scolaire. Et puis petit à petit, on s’est aperçu que la méthode avait ses vertus propres et qu’elle pouvait constituer un choix à part entière.
Pour ce qui est du Vietnam, deux centres de «homeschooling» existent, actuellement: l’un à Danang, l’autre à Ho Chi Minh-ville. Ce sont des centres américains, axés par conséquent sur la pratique de l’anglais, ce qui correspond de toutes façons à la demande.
Sinon, pour plus d’informations, il suffit taper «homeschooling Vietnam» sur un moteur de recherche, bien sûr.