Trân Thi Thu Hà, directrice de l’Institut de Recherches et de Développement sylvicole de l’Université d’Agrosylviculture de Thai Nguyên. Photo: VOV

La journée de Thu Hà débute à 6 heures dans la pépinière de plantes médicinales et se termine dans le laboratoire de son institut, juste avant minuit. Lorsqu’elle a été recrutée par l’Université d’Agrosylviculture de Thai Nguyên, elle  était spécialisée dans les variétés de bois précieux à haute valeur ajoutée destinées au reboisement ou aux différents projets de développement économique local.

Après avoir obtenu son doctorat en Australie en 2008, Thu Hà décide de créer l’Institut de Recherches et de Développement sylvicole qu’elle dirige jusqu’à présent. Son objectif est de créer des espèces de plantes médicinales destinées à la production phytosanitaire au niveau national.

«Dans les régions montagneuses où les cultures sont difficiles et les populations sont très pauvres, les conditions climatiques et biologiques sont tout à fait idéales pour développer les plantes médicinales. Alors, pourquoi ne pas préserver et cultiver des espèces rares et précieuses dans ces régions-là?», s’interroge-t-elle.

Thu Hà a réussi à reproduire une quarantaine d’espèces phyto médicinales, comme le lycopodiella cernua, le Bristly Anoectochilus, l’amome sauvage, la Paris polyphylla et surtout le fameux ginseng de Ngoc Linh, nommé l’or vert de l’ethnie Sedang. Novatrice, elle a introduit la biologie et la chimie moléculaire dans la production à grande échelle. Son institut a parrainé la société d’Agrosylviculture et d’Environnement, la seule entreprise de Thai Nguyên spécialisée dans la phytomédecine. En forte expansion, cette dernière a récemment ouvert deux filiales dans les provinces de Hà Nam et de Quang Nam.

«Aujourd’hui, nous fournissons des plantes et des produits phytopharmaceutiques à une trentaine de provinces. Nous avons aussi l’intention de les exporter. Les plantes médicinales sont vraiment un moteur de croissance local qui a permis aux minorités ethniques de sortir durablement de la pauvreté», indique-t-elle.

Généreuse, Thu Hà soutient les recherches des jeunes passionnés par la botanique et les aide à trouver un emploi dans son institut.

Trân Van Diên, recteur de l’Université de l’Agrosylviculture de Thai Nguyên, déclare :

«Nous sommes fiers d’avoir Thu Hà dans notre équipe. Beaucoup de ses recherches ont été appliquées dans différentes provinces. Plus qu’une scientifique, elle est aussi une excellente enseignante et une directrice très compétente. C’est une vraie militante pour le développement de la sylviculture et la phyto pharmacie, deux secteurs hautement prometteurs au Vietnam».

Auteure et co-auteure de douze brevets de protection du gouvernement, Thu Hà est récipiendaire du prix Kovalevskaia de 2019, attribué aux femmes scientifiques.