Karine Ponties et son rivage

(VOVworld) - Karine Ponties, danseuse et chorégraphe de renom, est revenue au Vietnam pour participer au 5ème festival de danse contemporaine Asie-Europe. Elle s’engage cette fois pour un duo avec, comme interprètes, le Vietnamien Nguyen Van Nam et le Slovaque Jaroslave Vinarsky. Karine Ponties nous explique ce qui a été à la genèse de ce duo.   

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Photo : Tanzmesse

Karine Ponties : On a créé un solo l’année dernière avec Nam. Jaro est venu jouer l’année dernière aussi. Il s’est passé entre eux quelque chose au niveau humain, une belle connexion. Et il y a une envie de faire quelque chose à trois, et de pousser le dialogue plus loin. Et je l’ai appelé « Sur le rivage » parce que c’est le point de rencontre, par exemple, sans sable il n’y a pas de rivage, sans mer il n’y a pas de rivage. C’est la rencontre des deux qui fait. Ce n’est pas donc une démonstration. C’est vraiment la rencontre dans cet endroit fragile qui est le rivage. Il y a une solitude, puis ils sont deux, et puis un moment donné il y a, ce n’est pas une violence humaine, c’est parfois la vague qui est très violente sur le caillou par exemple, et c’est avoir des moments comme ça, avec un peu de violence, d’autres moments de tendresse…

VOV5 : Il existe donc des difficultés pour mettre en scène cette pièce…

Karine Ponties : C’était plus de trouver le langage de Nam. Et surtout on avait travaillé sur un solo l’année dernière, mais là c’était un duo, un autre corps, une autre énergie, comment les deux énergies se mettent ensemble. Ils se sont beaucoup cognés, parce qu’ils n’ont pas les mêmes impulsions. Nam est beaucoup plus rigide, Jaro, beaucoup plus souple, donc comment trouver un accord entre les deux corps, ça prend beaucoup de temps et beaucoup d’énergie. Mais en plus, il faut créer un langage, et apprendre ce langage. Et ce que je trouve beau, c’est qu’on arrive à voir tous les deux maintenant, il y a un bel équilibre, une belle complémentarité. Il y aura des moments plus pointus et plus tendres aussi, mais je suis contente qu’on ne voie pas la différence de l’un et de l’autre. Ils ont des qualités différentes tous les deux et ils se complémentent.

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Nguyen Van Nam et Jaroslav Vinarsky. Photo : Trinh Xuan Hai

VOV5 : Nam est le seul artiste vietnamien avec qui vous avez travaillé. Comment le trouvez-vous ?

Karine Ponties : C’est quelqu’un que j’aime bien. Il est jeune. Mais je pense qu’il est ouvert. Il a fait le pas qu’il fallait faire. Ce n’est pas évident pour lui, parce qu’il sépare le classique, ce qu’il fait avec le VNOB, et ce qu’il fait ici. Pour moi, ça ne devrait pas être séparé. Ça devrait être une même chose, mais avec une écriture différente.

VOV5 : Comment faite-vous pour pousser les interprètes à exprimer toute leur originalité et toute leur personnalité ?

Karine Ponties : Beaucoup de temps, beaucoup de patience, des gens très chouettes qui sont prêts à faire ça aussi. Et du jeu. Beaucoup de jeux. Et beaucoup de temps. Et beaucoup d’ouverture d’esprit, d’essayer de comprendre les uns les autres.

VOV5 : Que pensez-vous de la danse contemporaine au Vietnam ?    

Karine Ponties : Je pense qu’il y a un gros travail à faire pour la danse contemporaine. Je crois qu’ils n’ont pas vu assez de choses. Ce n’est pas du tout leur montrer comment il faut faire, parce que je crois qu’il y a un vrai langage ici, mais c’est donner plein d’outils, d’être très généreux de donner plein de choses pour voir comment eux, ils digèrent, et ils prennent, et ils font quelques chose de ça, de leur propre culture, mais ça demande beaucoup de temps. Je crois qu’il faut passer d’abord par un gros atelier où on est très généreux et on échange vraiment plein de différents savoir-faire. On les met dans un pot commun pour que chacun digère et prenne ce qu’il veut et voir comment il transpose ça, comment il traduit ça.

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