«La Cantatrice chauve» au Vietnam

(VOVWORLD) - “La Cantatrice chauve” est la première pièce de théâtre écrite en 1950 par Eugène Ionesco, qui restera l’un des plus grands dramaturges français du 20e siècle. Près de 70 ans après, la Cantatrice fait enfin son apparition sur la scène vietnamienne, grâce notamment au metteur en scène Trân Luc et à toute son équipe.
«La Cantatrice chauve» au Vietnam - ảnh 1 Photo tuoitre.vn
Après les succès de Quân, de Lông Chuong, et de La jalousie du barbouillé, d’après Molière, Trân Luc est donc de retour à l’Espace avec la pièce emblématique du théâtre de l’absurde: “La cantatrice chauve” d’Eugène Ionesco.  

«Il a fallu tout d’abord contacter les descendants d’Ionesco pour régler tous les problèmes d’adaptation et de droits d’auteur» , nous dit-il. « Je dois dire qu’à ce niveau-là, l’Institut a été très précieux. Actuellement, on a une autorisation qui court sur toute une année. Sinon, ce qui m’a intéressé, dans La cantatrice, c’est que ça part tout à fait à l’opposé du théâtre traditionnel vietnamien. C’est une pièce qui brise tous les codes, toutes les définitions… Et on est le premier à se lancer dans ce genre d’expérience théâtrale, au Vietnam».                  

Oui, et attention, ça devrait décoiffer! Vous allez me dire que pour une cantatrice chauve, c’est bien le moins que l’on pouvait attendre !... Plaisanterie à part, lors de sa création parisienne, en 1950 donc, ce chef-d’œuvre d’Eugène Ionesco a suscité bien des débats, et ravivé la querelle des anciens et des modernes, toujours prompte à ressurgir en France. Qu’en sera-t-il à Hanoi? C’est toute la question.

«D'un côté, c'est une pièce ennuyeuse, parce qu'il ne passe absolument rien. Le dialogue est absurde. C'est une pièce qui est écrite après la seconde guerre mondiale, à une époque de grande déprime, dominée par la peur du nucléaire, par une certaine dorme d’angoisse existentielle… Et un demi-siècle plus tard, ça reste un texte universel, qu’on peut l'interpréter comme on veut. Ça peut être très ennuyeux, mais en même temps, ça fait penser. Et quand quelque chose fait penser, ça devient intéressant. Et ça pose des questions, et on cherche des réponses. A mon avis, ça correspond très bien au monde actuel», estime George Burchett, décorateur et costumier.

«La Cantatrice chauve» au Vietnam - ảnh 2 Photo tuoitre.vn

Bon, nous voilà prévenus. À noter aussi que le metteur en scène, Trân Luc donc, n’a pas hésité à adapter la pièce pour la rendre plus accessible au public. Par exemple, les sons d'horloge de la pièce initiale ont été transformés en personnage, avec un instrument de musique qui ressemble à un gong vietnamien, avec à peu près la même sonorité.

«Il n'y a aucune modification au niveau des dialogues. C'est absolument formidable. Aujourd'hui, demain, ou dans 50 ans encore, je pense que ces textes peuvent s'adapter parfaitement. J’ai retravaillé un peu la chute pour que ça puisse faciliter la compréhension du public vietnamien, mais seulement les deux dernières pages. Et puis au niveau des costumes, je voulais que ça soit universel, alors j’ai choisi une espèce de camaïeux gris: la couleur passe-partout par excellence», nous explique Trân Luc.     

«La Cantatrice chauve» au Vietnam - ảnh 3 Photo tuoitre.vn

Au niveau du décor, là aussi, quelques nouveaux éléments sont à découvrir.

«Mon idée, c’est de créer un espace encore plus absurde que la pièce elle même. Parce que dans l'original, on a une espèce de décor assez réaliste : un appartement, une petit cottage, en Angleterre avec des gens très ennuyeux... Alors moi, j’ai voulu faire un décor assez intéressant où il se passe des choses. Mais en même temps, je voulais faire deux choses: arrêter le temps pour que ça devienne encore plus absurde et aussi détruire espace, le faire disparaitre. Et comme ça, je pense que les jeunes acteurs ont la possibilité de faire ce qu'ils veulent» , nous indique George Burchett.   

En s’appropriant La cantatrice, Trân Luc a voulu apporter un souffle nouveau, dépoussiérer la scène théâtrale de la capitale. Reste à espérer que le public lui en saura gré et que le succès de la pièce ne se démentira pas au Vietnam.     

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