Le lien direct entre déchets-environnement-santé et les solutions de traitement

(VOVWORLD) -  Le développement économique des grandes villes vietnamiennes, d’Hanoï a fortiori, s’accompagne d’une augmentation du volume de déchets, liée notamment aux modifications des modes de consommation. Les décharges de la capitale manquent toutes de place et les infrastructures de traitement connaissent actuellement de grandes difficultés pour faire face à cet afflux de matières.  Marie-Lan Nguyên Leroy, chercheur de Paris Région Expertise (PRX - Vietnam) nous apporte plus de précisions.

Le lien direct entre déchets-environnement-santé et les solutions de traitement - ảnh 1Marie-Lan Nguyên Leroy (troisième à partir de la gauche) lors d’une conférence organisée en mai dernier par l’ambassade de France au Vietnam en écho à la Journée mondiale de l’environnement. Photo: Duc Quy/VOV5

Le traitement des déchets est extrêmement polluant. Actuellement, pour le traitement des déchets, au Vietnam, soit on enfouit, soit on incinère. En fait, l’enfouissement crée de très nombreux gaz toxiques, du métal, du CO2, qui contribuent au réchauffement climatique. L’enfouissement crée aussi du monoxyde de carbone (CO) et également du benzène qui est extrêmement toxique pour le sang. Mais ça crée aussi un liquide qui s’appelle le lixiviat. Sur chaque montagne de déchets, on a ce jus qui se décharge et qui va pénétrer dans les nappes phréatiques et aller dans le cycle de l’eau, dans l’agriculture et dans la consommation, c’est-à-dire dans ce que vous et moi allons manger. Donc, c’est très dangereux.

Mais comme vous disiez, quand on n’enfouit pas, on incinère...

L’incinération provoque aussi de très nombreux gaz dangereux comme la dioxine et le furane. Le furane, pour rappel, est un gaz qui provoque des lésions hépatique: le cancer du foie, par exemple. Quant à la dioxine, elle va affaiblir des défenses immunitaires.

Donc, vous voyez, la manière dont on traite les déchets peut être très dangereuse et des solutions comme la transformation des déchets en électricité, c’est extrêmement polluant. Effectivement, il y a un lien direct entre déchets, environnement et santé. C’est pourquoi nous voulons vraiment alerter sur ce problème. Là, pour Hanoi, on est à peu près à 7.000 tonnes de déchets par jour et ça va augmenter encore.  

Est-ce qu’il exite des solutions efficaces et moins coûteuses ?

Bien sûr, il y a énormément de solutions et la question financière n’est pas vraiment à prendre en compte parce qu’il y a des solutions qui ne sont pas chères du tout. L’idée, c’est que parler de gestion de déchets, ce n’est pas uniquement parler de traitement. Ce n’est pas parce qu’on achète une usine ou une industrie que le problème est réglé. Le problème, c’est de se focaliser d’abord sur la réduction. Seulement après, on traite. Et sur la question de la réduction, il y a énormément de choses à faire. Mais ça suppose quand même une action commune, une action des autorités publiques, une action des entreprises privées qui doivent être écoresponsables et qui doivent imaginer le design packaging de leurs produits de manière à ce que qu’il y ait le moins d’emballage possible. Mais il faut également que nous, vous et moi citoyens, agissions au quotidien par nos choix de consommation: «Est-ce que je vais prendre quelque chose qui est emballé ou la même chose qui n’est pas emballée?», «Est-ce que je vais prendre un sac en plastique pour aller au marché ou est-ce que j’ai un sac en tissu et je vais mettre les fruits et légumes dedans?». Au Vietnam, on a le fléau qui, à mon avis, est un gros problème, des gobelets en plastique. Quand on va dans des grands cafés, on a le gobelet, le chapeau du gobelet en plastique, la paille en plastique, la touillette et également la pochette en plastique pour mettre la paille dedans!... On se demande qui paie le prix du traitement de ce genre de déchets et le coût environnemental. Ce n’est pas l’entreprise alors que pourtant, c’est l’entreprise qui choisit d’utiliser ça, parce que ça coûte moins chère pour elle.  Cela étant, c’est également à l’État de régler ce genre de comportement. Au niveau des citoyens, c’est à nous de choisir des choses qui peuvent aider l’environnement. Puis, il y a aussi d’autres formes de réflexion. Tout ça, c’est pour dire que nous militons pour une approche qui est quand même de dire: «Voilà, réduisons!». C’est très important, c’est pour la santé, l’environnement et pour nous tous. Comme vous voyez, ce genre d’action, ça coûte pas de grand chose! C’est juste une réflexion: «J’ai une gourde dans mon sac, je met un petit sac en tissu dans mon sac et je fais mes courses avec».

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