(VOVWORLD) - Rendez-vous est
pris pour les 16 et 17 avril à 20 heures à l’Auditorium de l’Institut
français du Vietnam pour L’histoire du
soldat, l’une des œuvres les plus connues d’Igor
Stravinsky, le plus français des compositeurs russes, sur un livret de l’écrivain
suisse Charles Ferdinand Ramuz.
Tout de suite un aperçu de ce que
sera ce spectacle un peu hors normes.
Une répétition de «L’Histoire
du soldat». Photo: Duc Quy/VOV5
|
La crise sanitaire a bouleversé le
monde du spectacle et pour arriver à monter cette Histoire du soldat, ça a été… toute une histoire!
Le problème ne tient pas tant au
nombre de participants (sept instrumentistes, trois récitants plus le chef
d’orchestre) qu’à leur répartition géographique: si les instrumentistes, le
chefs et deux des récitants se trouvent à Hanoï, le troisième récitant, qui est
aussi scénographe, se trouve… à Oslo!
Un sacré défi, donc, mais des défis,
il y en aura eu tout au long de la gestation de ce spectacle pas comme les
autres, comme le reconnaît volontiers Thierry Vergon, le directeur de l’Institut français du Vietnam...
Thierry Vergon, le directeur de l’Institut français du Vietnam. Photo: Duc Quy/VOV5 |
«Le premier défi,
ça été la pandémie de Covid-19», nous dit-il. «On a dû plusieurs fois décaler les dates. Et puis un des acteurs, qui est en
plus le metteur en scène, devait venir et interpréter un personnage sur scène....
Évidemment, ça n’a pas été possible puisqu’il
n’y a plus de liaisons aériennes... Donc on a dû trouver des formules un peu
innovantes. On a essayé avec des formules en direct par Internet mais ça ne
fonctionnait pas parce qu’il y a des petits délais qui se créent et le texte
doit être synchronisé avec la musique. On a finalement fait appel à un DJ, qui
va pouvoir travailler sur des textes préenregistrés».
L’acteur «qui devait venir et
interpréter un personnage sur scène» est Marcelino Martin Valiente, qui vit actuellement à Oslo, en Norvège…
Pour lui aussi, cette histoire soldatesque aura été une histoire pour le moins…
compliquée...
«Je ne suis
jamais allé au Vietnam, je n’ai jamais travaillé avec les artistes vietnamiens...
On a tout fait à distance avec les avantages du numérique et les possibilités
du virtuel. Mais ça reste quand même très compliqué cette affaire», admet-il.
Histoire pour
histoire, il semble bien que l’histoire avec un grand H nous fasse ici un joli
clin d’œil. Eh oui! Les musicologues vous le confirmeront: prévue pour 1918, la
première de L’histoire du soldat
avait dû être décalée en raison de… la pandémie de grippe dite «espagnole» (pauvres
Espagnols qui n’y étaient pour rien!) qui sévissait alors. Elle aura finalement
lieu… en 1923!... À Hanoï, au moins, il
n’aura pas fallu attendre cinq ans...
Quoi qu’il en
soit, le jeu en vaut certainement la chandelle: L’histoire du soldat occupe une place à part dans l’œuvre de
Stravinsky et il était grand temps qu’elle soit racontée au Vietnam, cette
histoire. Marcelino Martin Valiente est d’ailleurs le
premier à en convenir…
Marcelino Martin Valiente est le
metteur en scène de cette
pièce. Photo: Duc Quy/VOV5
|
«C’est un petit
bijou de musique et de dramaturgie», nous confie-t-il. «La musique est très riche parce que Stravinsky mélange
plusieurs styles de musique comme le ragtime, le jazz, la valse, le tango... La
particularité aussi, c’est qu’il y a un texte et trois personnages: le soldat,
le diable et le lecteur. Ce sont des éléments qui sont très imbriqués. La pièce
mérite de la clarté surtout dans son exécution et son interprétation. Le thème
de cette pièce est très faustien: un pauvre soldat qui revient chez lui dans
son village, il n’a pas d’autre moyen de locomotion que de marcher. Ça lui
prend des jours pour regagner son village et il rencontre sur sa route le
diable. Le diable veut lui prendre son violon. Le soldat ne veut pas, au début,
mais il échange finalement son violon contre un livre magique qui lui va
permettre de devenir l’homme le plus riche du monde. Mais en fait, il deviendra
aussi l’homme le plus malheureux du monde. C’est la problématique un peu
cornélienne de l’histoire, c’est-à-dire être riche, mais perdre l’amour…»
Pour cette représentation hanoienne, L’histoire
du soldat sera interprétée par des instrumentistes issus
de l’Orchestre symphonique national du Vietnam placés
sous la direction du chef
d’orchestre japonais Tetsuji Honna, par un DJ, qui retransmettra la partie de Marcelino Martin Valiente, et par deux acteurs de l’Atelier Théâtre de
Hanoï: une distribution de haut vol!...
Une sacrée aventure, en tout cas, qui
a été rendue possible par l’Institut
français du Vietnam, mais aussi par le groupe AIC et l’ambassade de Suisse. Nicole Wyrsch, qui y est conseillère, nous explique
pourquoi.
Nicole Wyrsch, la conseillère de l'ambassade de Suisse au Vietnam. Photo: Duc Quy/VOV5 |
«Il y a deux
explications principales», détaille-t-elle. «D’une
part, l’écrivain poète qui est à l’origine de cette pièce est un écrivain suisse
et d’autre part, la Suisse et le Vietnam célèbrent cette année les 50 ans de
leurs relations diplomatiques... Nous sommes très heureux de justement pouvoir
soutenir des œuvres multiculturelles ou tant des artistes suisses que des
artistes vietnamiens ou d’autres pays sont impliqués. C’est vraiment une
magnifique occasion pour nous de soutenir ce projet».
Dans cette histoire
du soldat qui est celle aussi du diable, le mal n’a pas de limites et devient
lointain, indéfini, impalpable re-questionnant sans cesse la fatalité de
nos existences...
Tout ça au tarif
de 250.000 dôngs. Oui, je sais, on tombe dans le prosaïque le plus absolu… Il
n’empêche: venez nombreux!