Tiens, puisque tu habitais Hanoi...

(VOVworld)- Ils s’appellent tous les deux Olivier. Ils sont français et vivent à Singapour. Olivier Mermet, dessinateur et Olivier Massis, professeur de français et de théâtre, partagent encore un autre point commun : leur amour pour le Vietnam. Et le fruit de cet amour a été une BD pour les voyageurs, « La quête du dragon ». Olivier Massis vient de passer deux jours à Hanoi pour le travail. L’occasion pour VOVworld de lui poser quelques questions sur cette bande dessinée.

 



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Olivier Mermet et Olivier Massis (photo : lexpeditionboook.com)




VOVworld : Comment est-elle née cette bande dessinée ?

Olivier Massis : Olivier [Mermet] avait déjà fait tous les dessins, puisqu’il répondait à une demande d’un éditeur et donc il cherchait quelqu’un qui allait pouvoir rédiger une préface, qui présenterait Hanoi, qui présenterait le Vietnam. Et comme on se connaît depuis très longtemps, il m’a dit : « Tiens, puisque tu habitais Hanoi, écris moi une préface ! » Je lui ai dit que je n’ai jamais écrit de préface, donc il fallait qu’il me donne un peu d’information. Je suis reparti de chez lui avec une dizaine de livres avec des préfaces. Je lis tous les livres qu’il me donne et je me rends compte que je n’arrive jamais à écrire une préface comme il faut. Donc j’essaie sans y parvenir et je lui envoie un texte. Je lui dis : « Ecoute, Olivier, voilà. J’ai bien lu toutes tes préfaces, mais je n’y arrive pas. Je t’envoie ce texte. Fais en ce que tu en veux ! ». Il lit le texte. Il le fait lire aux personnes avec qui il collaborait et il me répond dans les deux heures qui suivent : « On va changer complètement le projet. On a trouvé ton texte absolument extra. Viens à la maison dès que tu peux. On va remettre tout ça à plat et on va construire un nouveau livre ». C’est ce que je fais. Et dans les deux, trois mois qui ont suivi, ç’a été une collaboration entre les dessins qu’il avait déjà réalisés, ceux qu’il allait à nouveau réaliser en fonction de ce que j’allais lui proposer comme texte. Pour ceux qui liront le livre, les dessins de la page de droite étaient déjà faits. On a simplement collaboré ensemble pour les dessins de la page de gauche qui renvoient donc à toutes les tribulations du voyageur.

VOVworld : Le titre de votre livre, c’est « La quête du dragon ». Pourquoi ?

Olivier Massis : C’est venu comme ça. On ne s’est pas forcément concerté pour trouver le titre. On était d’accord. Parce qu’il y a cette aura fantastique et mystique. Et puis, l’ancien nom de la ville de Hanoi, me semble-t-il, a le mot dragon qu’on retrouve aussi dans Halong. Donc le mot dragon donne une continuité. On trouvait ça intéressant ce clin d’œil de différentes façons. Donc la quête du dragon qui est aussi la quête de ce Vietnam que le voyageur va chercher et qu’il rencontre plus ou moins.

 

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Photo : lexpeditionbook.com


VOVworld : Dans ce livre, souvent on voit des scènes de la vie quotidienne beaucoup plus que les sites touristiques…

Olivier Massis : Moi, ce que j’ai aimé au Vietnam, c’était la vie quotidienne. J’ai aimé aussi l’aspect touristique, mais d’avoir vécu ici dix mois, d’avoir rencontré des gens dont j’ignorais complètement leur mode de vie, leur façon de penser, leur langue, ç’a été une grande rencontre et donc j’avais envie de parler de ça en me disant que les sites touristiques en soi que ce soit ici sur Hanoi ou la baie d’Halong, puisque le livre est un périple de Hanoi jusqu’à Halong, finalement, ils les ont déjà vus que ce soit en vrai, à la télé, en photo et la plupart du temps, on n’a pas forcément une idée de la manière dont le quotidien peut se passer. Ça n’a pas la prétention d’être un documentaire, mais c’est simplement des petites saynètes comme ça qui sont souvent issues d’expériences personnelles.

 

VOVworld : On voit aussi dans votre livre que vous accordez beaucoup de place à l’homme de la rue, par exemple, à ce vieux coiffeur, M. Trung.

Olivier Massis : Oui, c’est le résultat de mes déambulations dans les rues de Hanoi et de temps en temps à m’arrêter à voir des gens, à les regarder, parfois à échanger quelques mots quand j’arrivais à comprendre ce qu’ils me demandaient en vietnamien, quand ils disaient quelques mots de français ou on arrivait à s’entendre en anglais et c’est vrai que ce que j’ai trouvé extraordinaire, c’est justement cette vie dans la rue. Puis la maison qui donne sur la rue, pour moi, c’était quelque chose que je n’avais jamais connue avant. Les maisons françaises sont quand même assez repliées sur elles-mêmes. La porte, c’est vraiment le seuil. Il y a une vie dans la rue qui est complètement hermétique par rapport à la vie dans la maison alors que quand je passais dans la petite rue vers Doi Can où j’habitais, avec tous les salons ouverts sur la rue où on passais, je regardais de droite et gauche et j’étais chez des gens. Et la vie des gens dans la rue, je trouvais ça extraordinaire. Alors, avec mon regard de Français qui comprends pas forcément toujours pourquoi c’est comme ça. Mais voilà, c’était des impressions, des émotions, des sentiments que j’avais de les faire partager.

VOVworld : Un autre livre sur l’Asie ?

Olivier Massis : Avec Olivier [Mermet], on est en train de faire un second livre, la suite des chroniques asiatiques, continuité du voyageur, sur le Cambodge. On a un peu l’objectif de faire voyager cette personne du Vietnam jusqu’en Birmanie. On est en train de finaliser le livre, à savoir que la quasi-totalité des textes sont écrits, les dessins sont bien avancés. Le projet, on espère que l’édition du livre se fera au début de l’année 2013. Là, c’est un processus beaucoup plus long, parce que ni l’un, ni l’autre n’avons vécu au Cambodge. On y est allé plusieurs fois et l’un et l’autre, mais sans jamais avoir la possibilité d’y vivre. Donc, on essaie de ne pas tomber dans l’observateur trop extérieur comme pourrait être un touriste. On y est allé plusieurs fois. On a des amis qui sont sur place. La dernière fois, c’était au mois de février. On avait des demandes très spécifiques pour rencontrer des gens pour comprendre quelques éléments pour avoir de la matière parce que l’intérêt du livre n’est pas de raconter une sorte de chronique, même si le titre s’appelle « chronique asiatiques » par des faits, mais plutôt d’entrer dans la vie des gens par le biais de l’émotion, des sentiments, d’une vision beaucoup plus générale et de facon à ce que le lecteur puisse se glisser, se projeter dessus et reconstruire tous les trous qu’on a laissés exprès.

 

Commentaires

Poiré Anne

Bravo à Thanh Phuong pour la qualité de cette interview, et à Olivier Massis et son joyeux complice, pour ce beau... Plus

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