Ami un jour…

(VOVWORLD) - Les minorités ethniques ont ceci de particulier qu’elles élisent souvent domicile dans de petits hameaux isolés, situés dans des régions montagneuses.

Les Tày de la province de Tuyên Quang ne font pas exception à la règle. Ce relatif isolement les incite par contre à faire feu de tout bois lorsqu’il s’agit de nouer des liens d’amitié. Ils ont d’ailleurs une coutume qui consiste, pour deux personnes qui entretiennent une amitié durable, à instituer une sorte de jumelage, qu’ils appellent Kêt Tông. Ami un jour…   

Ami un jour… - ảnh 1Le jumelage Kêt Tông des Tay peut se faire entre deux hommes ou deux femmes, mais jamais entre un homme et une femme. Photo : Quốc Việt

En langue Tày, «Tông» signifie «compatibilité» ou «similarité»... Le jumelage peut se faire entre deux hommes ou deux femmes, mais jamais entre un homme et une femme. Il peut également se faire entre un Tày et une personne appartenant à un autre groupe ethnique, à partir du moment où la coutume est acceptée et respectée, comme c’est le cas avec les Nùng ou les Mông.

Diverses raisons peuvent pousser deux personnes à établir une relation «Tông». Elles peuvent par exemple être nées la même année, porter le même nom, partager les mêmes goûts... Une fois jumelées, elles s’entraident et partagent les joies et les peines de la vie quotidienne. Vis-à-vis des familles de leurs partenaires respectifs, elles se comportent comme si elles en étaient devenues membres à part entière, comme nous l’explique Hoàng Hùng Chanh, le chef du service des ethnies du district de Na Hang. 

«Une personne qui contracte un lien de jumelage est considéré comme un membre de la famille de sa ou son partenaire. Elle s’adressera aux grands-parents, aux parents, aux frères et aux sœurs de sa ou son partenaire comme si c’était les siens», précise-t-il. 

Lorsqu’un Tày se rend chez son «jumeau», il lui apporte en général un cadeau, qui symbolise alors une amitié solide et durable. Châu Minh Vi, qui est un Tày domicilié dans la province de Tuyên Quang, en sait quelque chose… 

«Les Tày s’offrent souvent du glutamate monosodique, du sucre, des bonbons... Ce sont des cadeaux simples mais très significatifs, qui sont autant de marques d’affection», nous confirme-t-il.  

S’ils ont des enfants, les Tày qui sont jumelés leur apprennent à bien se comporter vis-à-vis de la famille de leur partenaire. Et lorsque l’un des deux en vient à mourir, ses enfants ou petits-enfants, sont prêts à reprendre le flambeau. Lôc Ninh Tân, qui habite le bourg Na Hang, reçoit ainsi des visites fréquentes des enfants de son "jumeau", aujourd’hui décédé.  

«Mon ami ‘Tông’ est décédé mais la relation entre nos deux familles est toujours étroite. Les enfants de mon ami m’appellent papa et je les considère aussi comme mes propres enfants. Les deux familles se respectent et s’entraident toujours», nous confirme-t-il.  

De nos jours, les visites entre les amis «Tông» sont facilitées par les smartphones et Internet. Mais aucune technologie ne saurait remplacer la force d’un lien…


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