(VOVWORLD) - Pour souhaiter bonne santé à leurs seniors et à eux-mêmes, les Ede, qui vivent nombreux sur les Hauts plateaux du Centre, organisent une cérémonie pour le moins originale.
 Reconstitution d'une cérémonie des Ede pour s'attirer une bonne santé. Photo: Hồng Trang |
Selon la coutume, les Ede de 50 ans et plus ont droit à une cérémonie pour s’attirer la bonne santé, organisée par les plus jeunes membres de leur famille. Chose particulière: il ne s’agit pas nécessairement de leurs enfants ou petits-enfants.
Cap sur Ea Tar, une commune de la province de Dak Lak. H Thinh Kbuôr et son mari, Y Lê Niê, organisent aujourd’hui une cérémonie pour souhaiter bonne santé à Y Hai Kbuôr, qui n’est autre que l’oncle de H Thinh Kbuôr. De nombreux voisins sont venus les aider. Les uns préparent les offrandes, les autres s’affairent dans la cuisine. Y Lê Niê, le maitre de céans, nous explique le contexte.
«À l'occasion de l’anniversaire de l’oncle de ma femme, nous organisons cette cérémonie pour lui souhaiter santé et sérénité. Nous avons préparé du porc, du poulet, de l’alcool, des gongs et certaines autres choses. Nous avons également informé les proches et les voisins, les invitant à venir partager la joie avec notre famille et présenter les meilleurs vœux à notre oncle», dit-il.
Les offrandes incluent un chandelier de cuivre, un petit amas de braises encore incandescentes, des tasses d’alcool en cuivre, du bétel, du riz cuit et un poulet grillé. Au milieu de la maison, 8 jarres d’alcool sont attachées, l’une sera présentée en offrandes aux ancêtres, cinq autres seront utilisées pour souhaiter bonne santé à Y Hai et les deux restantes seront destinées aux invités.
Les gongs résonnent, donnant le coup d’envoi de la cérémonie, et retentissent jusqu’à la fin des rites. Le bénéficiaire s’assied le dos tourné vers le mur est de la maison sur pilotis, à côté des offrandes. En face de lui se trouvent le chaman, sa famille et les invités. Les prières se déclinent en trois parties, d’abord pour convier les ancêtres, ensuite pour souhaiter bonne santé au bénéficiaire et enfin, pour remercier les personnes présentes pour leurs compliments. Vêtu de son plus beau costume traditionnel, Y Hai Kbuôr ne cache pas son bonheur. Il a aujourd’hui 82 ans, et c’est la 4e fois que ses proches lui dédient une telle cérémonie.
«C’est un jour faste, un jour de bonheur. Je remercie mes proches d’avoir organisé pour moi cette cérémonie traditionnelle et les voisins d’être venus me souhaiter santé et joie. Je suis extrêmement heureux et reconnaissant!», déclare-t-il.
 Photo: Hồng Trang |
Après chaque rite, Y Hai et le chaman prennent chacun un morceau de riz et un morceau de viande, et sirotent de l’alcool dans la jarre à l’aide d’un chalumeau en bambou. Le chaman lui fait porter un bracelet en cuivre en souhaitant bonheur à lui et aux autres personnes présentes. Par la suite, c’est au tour des membres de sa famille de lui faire porter d’autres bracelets en cuivre, ou de lui offrir d’autres cadeaux. Le chaman, Y Chôch Niê, nous explique les significations de cette coutume.
«Chaque membre de la grande famille du bénéficiaire lui présente ses vœux en lui offrant un bracelet en cuivre, un collier ou un autre cadeau. C’est une façon de souligner l’attachement entre les membres de la famille qui sont toujours prêts à s’entraider», indique-t-il.
En général, les Ede qui en ont les moyens organisent cette cérémonie de culte pour la santé quand une personne de leur famille atteint 50 ans, 60 ans, 70 ans… et ainsi de suite. Aux grandes occasions, ils peuvent sacrifier un animal quelconque, comme le fait savoir Y Wem Hwing, vice-président du comité populaire du district de Cu Mgar.
«Nous encourageons les Ede à perpétuer cette belle tradition et à la transmettre aux jeunes générations. C’est bien pour la sauvegarde de l’identité culturelle Ede, mais aussi pour le développement du tourisme», constate-t-il.
En effet, pour les Ede, en particulier pour les hommes Ede, la cérémonie de culte pour la santé marque un jalon important de leur vie et met en avant la solidarité des membres de leur famille et de leur communauté. Elle se déroule dans l’espace culturel cher à ce peuple, caractérisé par les gongs et les jarres d’alcool aux chalumeaux. Chanceux sont les touristes qui ont l’occasion d’y assister…