Tô Tuân -  
(VOVWORLD) - Nous
nous rendons aujourd’hui chez les Công, une ethnie de la province de Lai Châu.
Comme tous les autres peuples agriculteurs, les Công suivent le calendrier
lunaire. Leur grande fête annuelle se déroule le 1er jour du 6e
mois lunaire, après la récolte du maïs, qui reste leur principale culture
depuis des centaines d’années.
Les femmes Công - Photo Cheo Thu/VOV
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Pour
les Công, la fête du maïs ne signifie pas seulement le début de vacances bien
méritées après une saison de dur labeur, c’est aussi l’occasion de consolider
les liens communautaires et de remercier les divinités d’avoir béni leurs
champs. Fête rime donc avec offrandes et festin. Pour la fête du maïs, tout, ou
presque, est lié avec cette céréale. Les préparatifs nécessitent au moins
trois ou quatre jours et chacun est assigné à une tâche pour exprimer sa
gratitude envers les ancêtres et les divinités, comme l’explique Chu Thi Lai,
une Công du district de Muong Tè.
«Dans la famille, tout le monde participe aux préparatifs
de la fête du maïs », a souligné Chu Thi Lai. « Certains vont dans la forêt chercher du
bois, des jeunes pousses de bambou, des champignons ou des légumes tandis que
d’autres vont récolter du maïs au champ ou capturer des crabes dans le
ruisseau.»
Photo laocai.tintuc.vn
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En
fonction des moyens de chaque famille, les plateaux d’offrandes seront plus ou
moins copieux et variés. Les offrandes doivent obligatoirement comprendre du
porc, du poulet, des champignons, des jeunes feuilles de potiron, douze crabes
terrestres et de l’alcool de maïs. Et évidemment, du maïs. Sur chaque plateau
d’offrandes doit figurer du cơm ngô (riz gluant au maïs) que l’on place dans
des feuilles de phrynium avant de cuire le tout à la vapeur. Chaque plateau
comprend aussi quatre gâteaux de maïs, préparés à partir de grains de maïs
hachés mélangés avec du miel puis entourés et cuits de la même manière. Les
quatre gâteaux et les douze crabes représentent respectivement les quatre
saisons et les douze mois de l’année. Les Công croient que les crabes protègent
leurs cultures, affirme Seng Van Ngân, un autre Công de Muong Tè:
«Il faut absolument capturer des crabes pour les
présenter en offrandes sur l’autel des ancêtres. Nos prédécesseurs l’ont fait
et nous perpétuons cette tradition.»
Photo laocai.tintuc.vn |
Le jour de la
fête, au matin, les villageois se donnent rendez-vous au ruisseau à l’entrée du
village pour apporter du tabac de jardin au fantôme de la forêt. Dans la
croyance populaire, cette créature mythique très puissante peut s’en prendre
aux agriculteurs mais adore le tabac de jardin. Si on l’invite à fumer, il
sera heureux et laissera tranquille les habitants.
Depuis quelques
années, la fête du maïs des Công attire aussi les touristes. Pour cette raison,
les célébrations sont reconstituées lors de toutes les festivités importantes
de la province de Lai Châu. Pour les visiteurs, la découverte de cette fête
originale où l’on danse en dégustant des plats traditionnels et en se délectant
de l’alcool de maïs restera ancrée dans leur mémoire.
Tô Tuân