(VOVWORLD) - Les La
Ha sont une minorité ethnique qui habite au bord de la rivière Noire, dans les
provinces septentrionales de Son La et Lai Châu. Certaines années, au début de
la saison des pousses de bambou amer, c’est-à-dire entre fin mars et début
avril, ils organisent une fête pour s’assurer des récoltes abondantes, se
garantir une bonne santé et remercier les divinités et les chamans de les avoir
protégés. Et c’est justement à ces guérisseurs que cette fête des La Ha, qui de
prime abord ressemble à celle d’autres communautés ethniques, doit sa
particularité.
Pang a est une fête ancienne qui n’est organisée
que pendant les années où les récoltes sont bonnes et les affaires marchent
bien - Photo dantocmiennui.vn
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La
fête, appelée «Pang a», est organisée par un chaman réputé dans la région pour
ses capacités à servir d’intermédiaire entre les humains et les divinités, mais
aussi pour ses pouvoirs thaumaturges. La tradition veut d’ailleurs que le
chaman adopte tous ceux qu’il aura guéris. A la fête, il invite ses «enfants
adoptifs», les autorités locales, les villageois et même des habitants de
villages voisins.
«Pang a est une fête ancienne qui n’est organisée
que pendant les années où les récoltes sont bonnes et les affaires marchent
bien. Elle sert à s’attirer chance et santé, mais c’est aussi l’occasion pour
tout le monde de s’amuser», nous explique Lo Van Phang, un
chaman du district de Muong La, dans la province de Son La.
Le
maître de cérémonie fait abattre deux porcs, l’un pour les rituels, l’autre
pour mettre sur l’autel des ancêtres. Les anciens patients devenus enfants
adoptifs du chaman viennent avec des volailles, du riz gluant, de l’alcool, des
fruits… La cérémonie a lieu dans la travée centrale de la maison du chaman. Y
sont dressés une perche, un bananier, une canne à sucre sur lesquels les
villageois accrochent des effigies d’animaux en bambou tressé, des oiseaux, des
cigales, des chevaux, ainsi que des fleurs. Le chaman invoque les ancêtres et
les divinités de tous coins, les priant d’apporter une vie sereine et prospère
aux communs des mortels.
La
fête est organisée par un chaman réputé dans la région - Photo dantocmiennui.vn
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Après
lui, c’est au tour de ses enfants adoptifs de présenter leurs offrandes.
Après cette partie rituelle, un assistant partagera les offrandes, chacun
repartant alors avec un peu de riz gluant cuit à la vapeur et de poulet.
Mais
avant de partir, tout le monde aura chanté et dansé autour de la perche. Bien
des amours sont nés grâce à cette fête, à en croire Quàng Van Chung, un
habitant du district de Muong La.
«Il faut attendre la fin de la partie rituelle
pour chanter et danser. Comme la fête réunit tous les La Ha de la contrée,
c’est l’occasion de célébrer notre solidarité. Bien des couples ont été formés
grâce à cette fête», dit-il.
C’est
sans doute une des raisons pour lesquelles les La Ha tiennent autant à cette
fête. Plus qu’une manifestation religieuse, Pang a, c’est un moment de bonheur
partagé.