L’abandon du tombeau : un dernier adieu au défunt

(VOVworld) - Chez les Raglai, deux mondes coexistent: le monde des vivants et le monde des morts, le premier étant celui de l’impermanence, et le second celui de l’éternité. Mais avant qu’un défunt ne quitte définitivement ce bas-monde pour s’en aller vers l’au-delà, il convient de lui adresser un dernier adieu.

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Photos : internet

Ce dernier adieu au défunt a lieu au cours d’une cérémonie solennelle, appelée « abandon du tombeau », qui se déroule un ou deux ans après les funérailles. Toutes les personnes qui étaient en relation avec le défunt y sont conviées. Mau Quoc Tien, folkloriste :

« Cette cérémonie d’abandon de tombeau est vraiment ancrée dans les traditions Raglai. C’est bien sûr à la famille du défunt qu’il revient d’orchestrer l’évènement qui met ainsi fin à une longue période de deuil, qui s’échelonne sur une ou deux années. C’est l’ultime hommage que l’on peut rendre à un défunt. » 

Qui dit rituels dit offrandes. Du porc, du poulet, du riz, de l’alcool… Ce sont les « incontournables ». Mais on doit aussi construire une maison funèbre et un bateau de bois, appelé Kagor, minutieusement orné de figurines sculptées en forme d’animaux domestiques. Le Kagor symbolise « la vie prospère » que les vivants souhaitent offrir au défunt dans l’au-delà.

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La tradition veut que l’on érige un autel et que l’on y dépose les offrandes, bien sûr, mais aussi une tablette sacrée et un bol, dans lequel l’âme du défunt repose pendant la cérémonie. Mau Xuan Danh :

« Jadis, on conservait cet objet sacré, considéré comme le dernier souvenir du défunt avant son départ dans l’autre monde. Mais plus rien n’est comme avant… Les traditions se perdent ! »     

Pour cet ultime adieu, il faut compter trois jours pleins. Le premier jour, le patriarche qui fait office de maître des rituels invite la communauté à apporter des offrandes tel jour à telle heure. En général, trois jarres d’alcool, trois cochons, un bœuf ou un buffle et quelques volailles font l’affaire. Après quoi, on peut commencer à invoquer les forces célestes pour permettre au défunt d’aller rejoindre ses aïeux dans l’éternité.

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Le lendemain, a lieu un banquet familial. Après le repas, on se rassemble autour des jarres d’alcool à siroter au chalumeau en s’étourdissant au son des gongs.

Le dernier jour, les hommes apportent tous les cadeaux offerts au défunt dans sa maison funèbre. En cercle, on murmure les derniers adieux. Mau Quoc Tien, encore une fois :

« Jadis, on offrait au défunt des objets du quotidien : des gongs, des vases, des plateaux, des marmites…. Mais aujourd’hui, on se contente de troncs de bambou. »

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Cette cérémonie ancestrale est intéressante aussi bien d’un point de vue spirituel que d’un point de vue esthétique, architectural et artistique. C’est sans doute pour cette raison que le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme a décidé en 2012 de l’inclure dans la liste des patrimoines immatériels nationaux.

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