(VOVWORLD) - Instrument de musique propre aux Ede, le ching kram consiste
en un tube de bambou qui produit des sons énergiques et entraînants lorsqu’on
frappe dessus. Un matériau très disponible… Un jeu simple… Le ching kram occupe
une place particulière dans la vie culturelle de cette ethnie.
Une classe de ching kram - Photo internet
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Le ching kram se joue à plusieurs, chaque musicien étant
muni d’un tube. Il faut savoir par contre qu’un ensemble de ching kram est
composé d’un nombre impair de tubes de bambou: 5, 7, 9… et cela peut aller parfois
jusqu’à 19, chaque tube correspondant à une hauteur de son différente. Sa
fabrication nécessite une grande précision, nous explique Aê Ap, qui est un
maître artisan du district de Cu Mgar, dans la province de Dak Lak. Il faut en
effet chercher dans la forêt de vieux bambous aux tailles appropriées, les
couper en morceaux de 29 à 45 cm de longueur et de 7 à 9 cm de diamètre, nous précise-t-il.
«Ces morceaux de bambou doivent être bien séchés au soleil,
jusqu’à ce qu’ils donnent les sons voulus», nous dit-il. «Le diamètre doit être
le même mais la longueur diffère en fonction de la hauteur à laquelle doit
correspondre le tube. Après avoir coupé et taillé les tubes, il faudra deux
personnes pour vérifier que le son est bien celui qui est recherché.»
Chaque tube produit un son différent, ce qui exige du
fabricant des oreilles très fines et des mains habiles. Mais cela ne suffit
pas. Après la taille, il faudra cinq mois d’acclimatation pour que l’instrument
révèle sa sonorité définitive. A ce moment-là, le fabricant réajuste le son en
raccourcissant le tube ou en en taillant l’embouchure. «Autrefois, bien avant
la naissance des gongs en cuivre, les Ede avaient déjà su créer leur ching kram»,
dit avec fierté Ami Hroi, un autre maître artisan de Cu Mgar.
«Le ching kram est
une pure innovation Ede», nous explique-t-il.
«Je l’adore, il est petit mais donne des sons puissants. Le gong en cuivre,
lui, est plus cher et aussi bien plus difficile à jouer.»
Plus modeste, le ching kram produit néanmoins autant de
sonorités et de rythmes que le gong en cuivre. La simplicité du matériau et du
jeu en font surtout un instrument plus populaire, nous affirme Aê Zim, un
artisan du district de Cu Kuin, toujours dans la province de Dak Lak:
«On ne joue du gong en cuivre que lors des cérémonies de
culte ou de funérailles», nous indique-t-il. «En revanche, il n’existe aucune
restriction pour le ching kram, on en joue quand on veut et il peut interpréter
autant de mélodies que le gong. De plus, pour posséder un gong, il faut
l’acheter alors que beaucoup peuvent fabriquer eux-mêmes leur ching kram.»
Capable de toutes variations, le ching kram crée non
simplement une musique distrayante après des heures de travail mais aussi un
langage magique reliant les humains au monde spirituel. C’est pourquoi malgré
toute modernisation sociétale, cet instrument au jeu collectif continue de
rythmer la vie des Ede et de les unir.